
Tout à coup, je ne m’y attendais pas du tout, le film m’a fait un bien fou. C’ était très précieux de voir une telle confiance dans le spectateur (je me le dis rétrospectivement, ce n’était pas la cause première de ma joie sur l’instant), que celui-ci va maintenir sa confiance aussi, que quelque chose pourra advenir. J’ai l’impression que cela fait longtemps que je n’ai pas vu un film où quelque chose advient.
Quelques fois, c’est après l’œuvre. Quand ça arrive, je pense à ces petits objets en verre avec de la neige dedans. Sauf que, là, ce qui est joli, ce n’est pas lorsqu’on secoue et qu’alors la neige vole dans l’eau ; ce qui est beau, c’est que quelque chose a été secoué, quelques fois très doucement, avec une infime délicatesse, et alors la neige s’est redéposée comme plus justement. Comme si une position inconfortable de l’âme avait été résolu.
Et là, devant Dancing, quand le film entreprend de se dénouer, je crois qu’on peut dire comme ça, alors tout s’est redéposé en moi, un peu mieux, le paysage respirait davantage. Et cela m’a fait comme un élan d’amour envers ces deux hommes (ou trois), dont je me sentais en même temps tellement éloigné, et plus du tout, ou presque. J'avais pourtant bien senti passer en moi, jusque là, la tentation de l’impatience, la tentation de l’étiquette, ou même celle de l’ennui, la tentation seulement, mais elle nourrissait une inquiétude lorsque le film s’arrêterait : la tentation de savoir à l’avance que ce ne serait qu’un film de plus. Et je le reverrai plus tard, peut-être, pour préciser davantage, peut-être... Mais d’ici là, je sais déjà que c’était tout sauf ça.