HAPPY BIRTHDAY TO YOU...
Avoir peur au cinéma. Très peur. Assez rare. Redoutablement intime... Générationnel aussi ?
Quand j'ai vu l'Exorciste ou Shining, au fond, je n'ai pas eu peur. C'est la génération d'avant. Je trouve. Ce qui m'intéresse ici : cette chose entre suspense et angoisse insoutenable. Pas l'effroi. Pas l'horreur. Ou la surprise. Même si l'effet de surprise est souvent la cerise sur le gâteau, presque obligée, et libératrice… Scream est sorti en France il y a tout juste dix ans, et la séquence inaugurale reste le moment le plus terrifiant que j'ai vécu dans le genre… depuis dix ans. Ensuite, dans ce que j'ai vu, je n'ai pas tout vu, me reviennent surtout : Event Horizon, Resident Evil et The Village. Voire 28 jours plus tard et Jeepers Creepers (en DVD). Ah oui, le truc dans le métro à Londres, découvert en DVD aussi… Creep. Le cas particulier de Ghosts of Mars dont j'espère que j'arriverai à parler une autre fois. Peut-être Cabin Fever. La peur perd beaucoup de la salle au petit écran. Moins vrai si l'on regarde le film seul dans le noir avec un casque…
Qu'est-ce que je veux dire ?... Je me demande si la peur est desservie au cinéma depuis dix ans ; ou si je suis sorti du truc. Je me demande si la génération d'après me ferait remarquer qu'il y a des trucs carrément plus flippants que Scream, mais si je les vois moi... ben... non... même pas peur, pas vraiment, comme Shining ou l'Exorciste.
Pas sûr, mais : peut-être. Peut-être Scream est le point de sortie pour moi (et peut-être le point d'entrée des ados de l'époque ; si point d'entrée il y a, ce serait à partir de l'adolescence, au cinéma, pas avant : l'enfance se suffit à elle-même pour ça, et la grande peur au cinéma aurait à voir avec une connexion inattendue avec les peurs d'enfance, donc il faudrait en être sorti ?). Je me souviens parfaitement du point d'entrée : le Silence des agneaux. Le seul film où j'ai été littéralement terrorisé de la première à la dernière image. Je revois Jodie Foster courir dans les bois et j'ai déjà l'impression que je vais crever. Je revis Bill l'observant dans le noir, impuissante avec son revolver branlant à la main, et ç'aura été le sommet de l'intenable pour moi. Mon climax de peur cinématographique. Sûr : hors idée de point d'entrée et de sortie, le Silence des Agneaux et Scream auront balisé la peur de ma génération.
Alors je pourrais devenir aussi totalement vieux con (mais en plus d'être un tantinet nostalgique, ça va faire beaucoup), et me dire que Scream aura été, à ce jour, le chant du cygne de Wes Craven plutôt que sa renaissance. Depuis, il encaisse les biftons, tant mieux pour lui, même si ça nous impose un délayage de franchises souvent ingrat… Certes, la fin de Scream, malgré l'alibi de l'ironie tellement idéalement salvatrice, laissait bien paraître l'espace un peu trop lâche entre les neurones de Kevin Williamson. Quelle importance…
Je reste accro à Drew Barrymore. Quand je remettrai le DVD, j'aurai encore envie qu'elle s'en sorte, que la voiture de ses parents se gare plus vite et qu'ils regardent dans la bonne direction ou qu'ils s'achètent des oreilles, je ne sais pas, n'importe quoi. Bref, c'est un peu beaucoup son anniversaire à elle aussi…
Euh… Bouh !
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