Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 août 2007 6 18 /08 /août /2007 17:39

Cet article est la suite de … (I)… ou mon système d'intolérance.



Crash-copie-1.jpg


J'ai adoré Reservoir Dogs. J'avais dans les vingt ans… Je trouve que j'ai grandi un peu depuis, cinématographiquement parlant, et pas seulement. Et pas seulement vieilli.

Donc j'ai vu beaucoup de films depuis : ils m'ont emmené plus loin, et simplement donné envie de vivre, et plus vrai, et plus ouvert, et plus beau, et plus juste... Et je trouve que ce qu'on nous bombarde avec les films de Tarantino, c'est trop court, parce que là, pour moi, ça dérape.

Deathproof (Boulevard de la mort…) : des moments vraiment excitants, et d'autres, ou les mêmes, brillants visuellement, bien sûr. Pas que, mais bien sûr. Evidemment Tarantino a un brio visuel beaucoup plus complexe que ceux qui viennent souvent, par exemple, du clip ou de la pub. C'est quand même tout de suite moins toc, moins esbroufe pure, on a envie d'y croire. Parce que ce qui passe tout de suite, bien sûr, c'est le plaisir qu'il a lui, Tarantino, de faire ces images-là, et le plaisir qu'il a de voir des films. D'une certaine manière. Celle d'un passionné. D'ailleurs…



Vertigo.jpg


… je vais donner ma définition du mot passionné qu'il semble souvent obligatoire d'employer dès que l'on parle d'art. Il faudrait être passionné. Chacun met derrière le mot ce qu'il veut. Je dis donc ce que je mets derrière quand j'emploie le mot passionné. Passionné : passion. Passion : souffrance. Mouvement violent. Emotion puissante qui domine la raison et qui oriente toute la conduite. Je schématise mon système d'intolérance : d'un côté " l'intello ", de l'autre le passionné. Et entre les deux : la vie ou l'art.

Tout le monde parle de cinéma. Et certainement tant mieux. Mais je trouve que : il est important de savoir d'où chacun parle. Il est vain de recommander un film en soi, tous azimuts, comme si on était tous montés pareil (si on n'est pas dans une approche " critique ", mais seulement sur le fait des goûts et des couleurs). Alors, quand l'interlocuteur peut devenir multiple, ou fluctuant, comme sur un blog, je trouve que : c'est primordial de dire d'où je parle. Après, chacun peut, réellement, répondre. Ce long article cherche aussi ça. C'est peut-être plus simple - allons savoir pourquoi ? - de tenter d'exposer ses choix, ses questionnements, en précisant ce que l'on n'aime pas et pourquoi. Mais j'en étais au passionné et au sur-cérébré. L'art ou la vie, donc : ni d'un côté, ni de l'autre.*

Alors voilà…


Elephant.jpg


Il faudrait peut-être écouter davantage Tarantino quand il définit sa passion. Je trouve que : le moteur central de son cinéma est l'émotion. Les systèmes de construction et autres ne viennent qu'ensuite, même s'ils nous parviennent d'abord, ils ne sont pas premiers. Je ne dis pas que c'est un problème.

Les scènes clés des films de Tarantino sont générées par cette quête d'émotion… ou celle qu'il pense appartenir aux spectateurs, et je crains qu'en l'occurrence il ne fasse que projeter la sienne. Retour au même, donc. J'y reviens.

Cela ne veut pas dire qu'il se réduise à ça, bien sûr. Mais c'est là, de manière première, et surtout : passionnée. Et c'est excitant. Mais souvent il y a un sale goût derrière. Et ce sale goût ne vient pas du fait que d'un seul coup moi, spectateur, je suis confronté à un truc qui me dérange, de pas clair chez moi, et qu'il était temps que je me le (re)prenne dans la gueule…



Twenty-nine-Palms.jpg


Non, là, le sale goût, c'est que je suis confronté à un truc qui devient dégueulasse. En soi. Plus tordu qu'un simple terrorisme de l'émotion. Mais j'aime rire, pleurer, j'adore avoir la trouille, etc, tout ça est très divertissant. Comme tout le monde. Par contre, je sais qu'il y a des tortionnaires qui prennent plaisir à faire leur besogne. Et je sais aussi que ce plaisir là, à la fois existe potentiellement chez tout le monde, à la fois n'est pas à faire grandir, à nourrir, à flatter. Je ne fais pas complètement l'économie d'un premier rapport au Bien et au Mal (ça y est, je commence à m'embarrasser pour de bon d'écrire ce genre de truc…).**

Pourtant.

Il y aurait la catharsis. Cela fait partie de mes croyances. Si je reconnais que je véhicule le même infini champ de possibles que mes congénères : les moins reluisants, j'en fais quoi ? C'est la question de la civilisation. En ce sens, l'art en est pour moi un pilier absolument central, essentiel, premier. Mais c'est un premier particulier. C'est un premier vers l'avenir. C'est un premier en devenir. Pas inné une fois pour toutes. Fragile. Mais catharsis donc, très bien. A un moment, j'ai besoin d'évacuer mes pulsions pas glorieuses et plutôt que d'aller dépecer mon chien et le faire dévorer par mon voisin en m'assurant que ma voisine photographie la joyeuse séance, je vais me plonger dans une œuvre, dans un système plus ou moins raffiné d'identification(s), où je vais donner à bouffer, sans le flatter, à ce petit monstre-là qui est moi, aussi : moi, aussi ; pas seulement, donc. Surtout, pas avant tout. Par ailleurs, je ne vais pas avoir honte, je ne vais pas me sentir coupable : c'est là, je fais avec, mais il y a plus à vivre. Mais la catharsis est sans complaisance. Elle est précisément un moyen, non une fin. 



Casino.jpg


Je recommence...

Quand je vois un film de Tarantino, globalement, sauf peut-être Jackie Brown mais je ne m'en souviens  pas assez, et Reservoir Dogs, mais j'étais encore trop un marmot, arrive toujours un moment où ça monte, ça monte qu'il est train de se faire grave plaisir là où c'est pas clair et qu'il est en train de penser qu'il me fait grave plaisir aussi. MAIS CE N'EST PAS DU TOUT CE QUI SE PASSE. Dans mon cas. Je le regarde se faire plaisir. Je le regarde dépecer son chien et appeler voisines et voisins, et là je dis stop. On n'est plus dans le champ du tout. Parce que sa catharsis à lui, très bien, ça le regarde. Peut-être, ce n'est pas suffisant d'être spectateur, peut-être, il y a des choses " créatives " à faire pour exorciser, mais ça, moi, je n'ai pas à en être le spectateur.

En tout cas pas le voyeur. Ni le témoin forcé. J'ai besoin de quelque chose dans le regard même du cinéaste - quoi qu'il filme, et pas seulement dans une structure alambiquée, fausse distance - qui me donne une vraie place, ouverte et libre.



Persona.jpg


Ce n'est pas la même chose de décider d'aller voir un psy, d'y aller, et de regarder quelqu'un avec son psy.

A la limite, si le mec m'invite, vraiment, à regarder le travail qu'il fait avec son psy, ça devient documentaire pour moi, rien à redire. Et on s'est mis d'accord avant. Chacun connaît sa place.

Mais si le mec m'attache pour me mettre dans cette situation sans que je l'ai demandé aussi, ou qu'il commence à dire au psy ce qu'il croit que j'ai envie d'entendre, là tout le monde est très très mal barré…



demonlover.jpg


(à suivre…)

Partie écrite le 9 juillet, arrêtée le 18 août.



*  Là je fais un raccourci dangereux. Je pensais préciser dans cette note de bas de page en même temps que répondre à un commentaire sur le précédent article. Hors, comme d'habitude, j'ai besoin d'être long. Je posterai donc tout ça à part, très vite.

** Je précise quand même que cette question morale n'est pas celle de la censure, mais celle du regard. Des gens cultivés se référeraient à Rivettes, je crois, là-dessus. Je n'ai pas sous la main, mais j'irai rechercher. Donc, c'est compliqué. Certains pensent que toute question morale (y compris du regard, donc) n'a rien à faire dans le champ esthétique. A ce jour, je ne suis pas d'accord. Mais évidemment, c'est un débat.   

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

F
Tu es long mais tu es lu. Et les commentaires sont aussi réfléchis que tes textes. Bon signe, camarade... Moi j'aime bien voir les gens se faire plaisir. C'est la raison pour laquelle par exemple, si je trouve Lelouch insupportable, souvent je ne rechigne pas à regarder ses films parce que ses montages désordonnés, ses scénarios complpiqués à souhait ne gâchent pas le plaisir extrême que prennent ses acteurs et que lui-même prend à les filmer.Tarantino, oui, ça se sent qu'il aime ce qu'il fait et que ses films sont des références permanentes à ses goûts. J'aime bien qu'il me montre ce qu'il aime. Ca me détend... Mais c'est une question intime...
Répondre
D
Décidément, tes commentaires me stimulent toujours...J'en profite quand même pour préciser que je peux aimer voir les gens se faire plaisir aussi. Mais peut-être davantage dans la vie, pensant donc ne pas être envieux. Au cinéma, je vais avoir davantage besoin de place pour un partage. Mais le plaisir pris par le réalisateur ou les acteurs reste une heureuse possibilité, voire une nécessité. Je ne sais pas. Tout dépend de quel plaisir on parle (le sadisme peut poser question, et pas simplement dans un sens : bouuuuu, c'est mal), et surtout du glissement du plaisir vers la complaisance.Enfin, qu'un réalisateur montre ce qu'il aime, pour le coup, c'est inévitable, ne serait-ce que par défaut. La question de Coumarine reste essentielle : comment le montrer de manière juste ? Et il n'y a sans doute pas de recettes ou de lois à suivre. Mais il y a peut-être des écueils à éviter...
C
Moi non plus je ne suis pas sure d'avoir tout compris...oups...Mais ce que j'ai compris de ton article, et qui concerne la passion, la violence, le fait d'imposer en tant qu'artiste ses "fantasmes" cruels ou tordus aux spectateurs, tout ça je le retrouve dans l'écriture...(qui comme tu le sais si tu m'as lue,  est mon "job"Quand on écrit, a-t-on le droit d'imposer des mots durs, crus, violents, qui font mal et poursuivent les lecteurs dans leurs cauchemars, dans les aspects les plus cyniques de leur personnalitésComment faire passer la passion de manière juste?L'écriture peut de la même manière être "passionnée" ou "intello", mélodramatico-sentimentale, ou prétentieusement rationnelleDe l'art de distiller l'émotion dans l'authenticité...pas si facile...Oui, c'est un art et je retrouve cela dans le cinéma que j'aime (toujours pas Cages en France? (cela m'intéresserait d'avoir ton avis au sujet de ce film...amicalement
Répondre
D
"Comment faire passer la passion de manière juste ?"Oui, tu résumes parfaitement un des points essentiels de ce qui coince, pour moi, chez Tarantino. Evidemment, j'y reviendrai.Sinon, ben non... Toujours pas de signe de Cages en France. Je croise les doigts. Au pire, ou plus exactement au meilleur (égoïstement), je vais bien finir par aller passer quelques jours à Bruxelles et ce sera alors l'occasion de me rattraper ! (En salle ou au pire, mais là seulement au pire, en DVD !).Amitiés
P
Ah, je crois qu'on ne peut pas du tout comparer Love story et Sur la route de Madison. Ce serait comme comparer Le jour le plus long et Il faut sauver le soldat Ryan. Je dirais que Love story est sentimentalo-tragique, alors que Madison est intimiste? Mais quelle valeur ont ces adjectifs? C'est aussi subjectif... J'ai l'impression qu'avec Tarantino, on a surtout sa dose de violence. Mais je ne peux pas parler de Tarantino (j'ai bien l'impression que je n'ai vu aucun de ses films, à part Pulp Fiction justement, et en plus, dans le cadre d'une relecture d'un dossier pédagogique filmique sur la violence (à travers 4 films: Un film français avec Sandrine Kimberlain (j'ai oublié le titre), Pulp Fiction, La Reine Margot et ... La haine. Où ressent-on la passion. Certaines émotions, très physiques, viennent du fond des tripes. La passion se situerait à l'étage au-dessus et bouleverserait toutes les couches supérieures. J'aime bien l'idée d'émotion profonde, de tension permanente. C'est et la vie et l'art. C'est quelque chose de forcément vivant. De combien d'émotions disposons-nous? Celles qui tournent autour de la mort, celles qui tournent autour de la vie. Mais tout peut basculer, l'amour et le sexe peuvent conduire à la mort, or, c'est la vie. Je ne peux qu'illustrer ça au travers d'un film culte, pour moi: "Talons aiguilles". Parce que d'une histoire absolument incroyable, (passablement glauque, aussi, puisque l'héroïne tue deux hommes, aime un travesti, qui, en réalité est un homme tout à fait hétéro, qui dans la foulée, l'aime et lui fait un enfant. J'aime bien parce qu'Almodovar joue justement en continu sur le registre de l'identité et de la mort. Mais des échanges d'identité et de la mort naît... Le plus souvent, la vie ! C'était pareil dans Volver. La mère enterre son mari ou son compagnon dans un certain endroit... Y emmène sa fille, qui est elle-même victime d'un inceste et fruit d'un inceste (et c'est un des deux tabous humains: l'inceste et le crime, or, il n'y a que ça, dans ce film...) et sur tout ça, se greffe la vie: elles viennent se recueillir à l'endroit et l'une des deux dit: je suis contente qu'il soit enterré là. Psychologiquement, psychanalytiquement dirais-je même, l'art, l'expression artistique est un de nos plus grands "moyens de défense" - la sublimation. Mais ça va plus loin, il ne fait pas que sublimer, il transcende. Tout ça n'est pas facile à expliquer, parce que ce sont d'autres références qui me viennent à l'esprit. Je n'aime pas trop, trop le cinéma américain. Enfin, pas quand les "recettes" et les trucs narratifs sont trop bien ficelés. Il n'y a plus que de la technique, alors. Pour ça, Hitch restait un maître: on était dans l'insoutenable, et parfois avec presque rien, juste trois personnages (je pense au film "le crime était presque parfait") Il y montre tellement bien les rouages de la manipulation, les rouages infernaux de la manipulation, c'est saisissant (après avoir lu des livres sur la violence perverse, on est tout simplement édifié). Disons simplement que ce qui permet de respirer, c'est le happy end à la fin. Mais c'est clair que le rapport du bien et du mal est inséparable de notre psychisme. Je me souviens de ce qu'une amie (juive) m'avait dit un jour. Elle était allée à Auschwitz, et là, elle avait éprouvé une émotion terrible. Indescriptible. Comme si elle avait épousé (je ne sais pas si je rends bien ce ressenti), toute la souffrance et le mal qui avait été infligé à des frères. Je crois que là, on atteint un sommet de violence... Il faut lire "les lettres et le journal" de Etty Hillesum, une juive néerlandaise internée dans un camp et qui s'est occupée de tas de choses pratiques, avant de disparaître avec toute sa famille. Il y a une énorme violence dans ce livre, mais cette violence est transcendée. Ce n'est pas de la violence pour faire recette. Tout ce que je peux dire c'est que longtemps, je n'ai pas supporté le spectacle de la violence. A une époque où je vivais des choses très violentes, où j'avais donc ingurgité une somme énorme de violence, j'avais besoin de lire des livres durs (le pire des thrillers de Patricia Cornwell par exemple, ce qui pour moi, était un record) et j'ai vu des films beaucoup plus terribles que ce que j'avais l'habitude de regarder... Des LA Confidential par exemple. J'ai lu beaucoup plus de polars et vu bcp plus de films violents en quelques mois et disons deux ou trois ans que pendant tout le reste de ma vie... Et heureusement. Dieu sait ce que j'aurais fait, si je n'avais pas eu ces films et ces bouquins... (bon, je m'arrête là, parce que pour le moment, je suis particulièrement prolixe ;-)
Répondre
D
Merci pour ce commentaire riche, intime et vivant...Je reviendrai bientôt sur ces questions de passion d'une part et de transcendance d'autre part, puisque c'est aussi au coeur de cette interrogation sur Tarantino et sur mon rapport au cinéma en général...Je suis parfaitement d'accord avec ce que tu soulignes comme force particulière à Almodovar.  Son propos me semble toujours incroyablement lucide et violent. A mes yeux Volver ne resitue pas les fondements (tels qu'ils sont devenus et non peut-être tels qu'ils avaient été pensés) de nos sociétés dites "développées" sur l'interdit de l'inceste, mais sur la transgression permanente de cet interdit. C'est ce que je ressens. Et particulièrement dans son film. Mais il nous en sort par son oeuvre, par la vitalité de son regard, par l'amour de ce regard pour ses actrices.Enfin, les lectures dont tu parles à la la fin de ton commentaire me semblent de parfaits exemples de catharsis.
S
Ton blog me donne envie de voir tous les films dont tu parles en plus les photos sont vraiment supers belles.
Répondre
D
Mince alors, j'en rougirais presque...Très heureux que ce travail puisse parfois porter ses fruits. Car c'est bien le but : maintenir ou renforcer l'envie de voir des films. J'ai d'ailleurs hâte de sortir de ce tunnel tarantinoïde, mais il me permet de me présenter, et puis les photos m'aident. Heureux également que tu y sois sensible aussi. 
N
Oups Pascale, je crois que tu as confondu l'interlocuteur... je ne répondais pas à toi mais à D&D (moi c'est neil ;) )Quand je compare Love story et Sur la route de Madison c'est juste pour prendre en exemple deux histoires d'amour au cinéma qui sont, en effet, incomparables on est d'accord.Quant à la fin de ma réponse c'était en référence à la phrase de D&D à la fin de son article : "...si le mec m'attache pour me mettre dans cette situation sans que je l'ai demandé...""_"
Répondre
D
Merci de ton intervention. J'étais un peu en retard sur ce coup-là :-)

Présentation

  • : Le blog de D&D
  • : analyses, critiques de films, notes sur des œuvres ou des artistes, et autoportrait en cinéma : petits dialogues et vie avec le septième art...
  • Contact

Dans les salles...

(et dans d'autres mots)

 

 

 

Un Château en Italie

- Valeria Bruni-Tedeschi

 

Un Château en Italie - Valeria Bruni-Tedeschi

 

Prince Avalanche

- David Gordon Green

       

 

Prince Avalanche - David Gordon Green

 

Tip Top

- Serge Bozon

 

Tip-Top---Serge-Bozon.jpg

 

La Bataille de Solférino

- Justine Triet

 

La Bataille de Solférino - Justine Triet

 

 

&

on en reparle

 

 

Spring Breakers

- Harmony Korine

 

Spring Breakers - Harmony Korine (02)

 

Frances Ha 

- Noah Baumbach

 

Greta Gerwig - Frances Ha

 

Cloud Atlas

- Wachowski

 

David Gyasi - Cloud Atlas

 

 

 

Recherche

Archives

Contact

D&D