Cet article est la suite de … (III)… ou Grande Illusion, avec toujours les mêmes spoilers...
Relançons le moteur : film/interview, collision/coeur du truc, vouloir la mort des filles.
Inquiétude : ce n'est pas seulement la montée de la musique et consort qui sont élaborés en vue de la collision, mais tout ce qui précède, depuis la première scène : il s'agit de créer des " filles attachantes "… pour les exploser !
Autrement dit : y a comme un défaut, Fernand. Mais voyons à quel point…
Là, on peut commencer à parler de la deuxième moitié du film : second groupe de filles et nouvelle confrontation avec le tueur. Sauf que : les filles ici ne se situent plus au même endroit que celles de la première moitié… C'est alors que les problèmes recommencent...
Alors, forcément, moi aussi !
Un aspect du problème réside dans la manière dont Tarantino me fout dans sa séance de psy alors que j'ai rien demandé (cf II), le tout en voulant s'assurer à un certain moment (la collision) mon identification au tueur (cf III)... mais si je veux continuer à détailler le processus - alors que ça me gonfle aussi, parce qu'on n'est pas chez Eastwood ou Tarkovski -, je suis bien obligé d'approfondir ce que j'ai l'impression qu'on me colle sous le nez.
Dans la première partie du film, on me colle sous le nez des filles qu'on veut super chaudes. Pas dans la seconde. Je trouve que : au contraire, dans la seconde. Même s'il y a un miroir entre les deux parties sur le " girl talk " avec l'air bien connu : les filles entre elles, faut voir comment elles parlent, elles sont beaucoup plus crues que les mecs en fait. OK. Pourquoi pas. C'est peut-être encore nouveau de le montrer…
Donc elles parlent cul les filles. Mais celles de la deuxième partie sont globalement plus sapées " codes masculins " que shorts moulants dans la première. Et la Pom Pom Girl reste le tout gentil fantasme. On trouve même une nana qui nous explique qu'elle ne va pas, mais pas du tout aller coucher comme ça avec le mec qu'elle veut vraiment. Rien à voir avec les filles de la première partie. Rien à voir avec le lap dance (" danse du ventre " dans les sous-titres, on se demande s'il faut rire - mais là, c'est pas la faute à Quentin, je sais bien).
Autrement dit : dans ce film, vu l'extrême polarisation des groupes, les filles de la première partie prennent en charge les femmes sur un mode hypersex. Les secondes, mêlant un maximum de codes historiquement masculins et la version étherée des codes historiquement féminins, se situent radicalement ailleurs... Et donc miracle : elles ne se font pas tuer. Elles accèdent même à la vengeance.
Bilan je ne vois pas comment contestable : ce sont bien les filles de la première partie que Tarantino [qui se prend pour le spectateur qui se prend pour Mike donc] veut exploser pour de bon. Period.
Perso, ça m'amuse moyen. Et ça n'est franchement pas nouveau, pour le coup.
Perso, j'en crève à quel point c'est pas nouveau.
Ces filles, les hypersex, le font jouir s'il les décapite à l'image. D'accord, c'est mieux que Mike finalement, lui, il veut toutes les exploser comme ça : même les autres il aurait bien voulu, mais là, elles seront sauvées parce qu'elles ont moins leur " chatte sur le nez " (Valclair *, si tu nous regardes :-) ). Donc, je pourrais tout aussi bien vomir. Mais ce n'est pas tout…
Soit dit en passant, je n'irai certainement pas revoir le film pour retrouver à quelle(s) autre(s) occasions, Quentin nous fout littéralement à la place de Mike, dans la volonté de le substituer à notre désir…
Je recommence...
Quentin a envie d'exploser ces filles là, en particulier. Pas moi. Un des premiers moteurs de son désir, c'est leur hyper-sexualité. Même seulement apparente. On a tout à fait le droit de proposer un truc là-dessus évidemment. Même si les mecs qui ont peur des femmes et surtout du désir féminin, on a comme quitté le besoin d'inédit… Si je ne me trompe pas de planète, nos organisations sociales et nos religions sont essentiellement et historiquement fondées là-dessus, la répression du désir féminin et de son expression, non ?
Résumons quelques siècles de magma judéo-chrétien, de systèmes de classes, avec lois des jungles et des plus forts (mais pas en n'importe quoi) : tu vas payer, salope impure !
Variante : ma protection peut te permettre d'accéder au statut de putain respectable.
Ici donc, on part de : " tu vas payer, salope ! ". Alors, en 2007, ce serait mieux de se rendre bien compte qu'on est en train de le faire pour savoir comment en sortir.
Otherwise : dead end.
A un moment, dans la catharsis, on en sort. Et on n'en sort pas par la vengeance. La vengeance, c'est un autre truc de catharsis en soi. D'autant que Tarantino reconnaît monter un piège pour m'acculer à son désir. Mais si tu crois choisir pour moi, soit tu tombes bien si je suis barré pareil, soit tu tombes très mal, parce que je ne marche pas et en plus je vois le système dégueulasse… D'ailleurs moi, comme on sait maintenant, par exemple : Sharon Stone dans Basic Instinct, elle ne me fait pas peur. Je bande même joyeusement, librement, tellement elle transcende les pièges qui voudraient l'acculer à être une victime ou un stigmate. Je bande respectueusement, si, si, c'est possible : je ne vais pas lui en vouloir à mort en l'absence de réciproque. Même, je comprends. :-)
Aussi, dans Deathproof, contrairement à ce qui a souvent été vite dit. Pas de véritable Girl Power.
Ici, les salopes ont payé. Une fois de plus.
(à suivre...)
& The End (Yeahhhhhhhhh !) au prochain épisode.
Partie écrite le 9 juillet, arrêtée le 21 septembre.
* Je précise que je suis en train de découvrir le blog de Valclair avec beaucoup de respect, et qu'il ne fait aucunement la peau aux femmes ! Le billet - Croquis : la femme aux deux amants - dont je reprends une citation (injuste de ma part, ne suis-je pas taquin ?) est lui-même un pur cadeau.