Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 13:22
 
Episode précédent : Le jour où ça a recommencé… ou Tentative d'un autoportrait #2


undefined

Je crois que c'est noël. Plusieurs fois. Ou alors : à chaque fois, cela devient Noël.

Parce que : c'est miraculeux.

Nous sommes chez un oncle, une tante, et leur fils un peu plus âgé que moi. Mon grand cousin préféré alors. L'oncle joue le magicien : il sait faire du cinéma dans une maison. Comme on sait faire du feu. Je ne sais pas encore que cette sensation disparaîtra, ni comment s'appelle cette machine, mais je reconnais un écran.

Il y a dû y avoir d'autres films.

Je ne me souviens que de King Kong.


undefined

Quand je reviendrai, chaque fois, j'appellerai Kong. Je ne crois pas y avoir sacrifié quoi que ce soit. Au contraire. Ce plaisir des retrouvailles. Et la fin, inéluctable : alors une foi naissante, chaque fois renforcée.

Peut-être que la toute première fois, le finale m'a semblé dans l'ordre des choses et comme un apaisement : j'étais terriblement impressionné. Puis petit à petit, retrouver le film dans cette double joie : celle de revivre les plaisirs déjà connus, et surtout celle des découvertes insoupçonnées jusqu'alors.

Peut-être que la toute première fois… Mais la dernière ! Et sans savoir encore que ce serait la dernière comme ça : là, je savais. Je savais que la fin serait une catastrophe irréparable. Dès que le film commence, je sais, et je sais que cela va arriver. Et je sais que tout sera perdu.

Tout sera perdu.

Dès que mon oncle commence à faire… je sais : mais j'ai la foi… Je ne vis pas cet instant dans l'attente de la catastrophe : je vis le film dans la possibilité d'un nouveau dénouement. Je suis avec.


undefined

Cette foi dans le cinéma, si littérale, m'est toujours précieuse à recouvrer. Carlito's Way de Brian de Palma repose, entre autre, là-dessus.

J'ai l'impression que j'étais si petit, au début. Totalement fasciné. Presque en dehors même de toute émotion ou de toute compréhension particulière. Fas-ciné. De la peur, c'est sûr, au tout début. Et les dinosaures. Cela envoûte souvent l'enfance, les dinosaures. Les monstres. La beauté. Et c'est déjà trop dire.

Ce n'est que bien après, pourtant, que je pleurerai, vraiment, en voyant ce film : quand Kong est enchaîné, quand Kong chute.

Ce n'est que bien après aussi que j'y retrouverai une belle et une bête, et même plus directement, une forte proposition sexuelle.


undefined

Je n'ai aucune nostalgie. Sur MOIJE. Je ne vois pas, aujourd'hui, les films qui ont marqué mon enfance ou mon adolescence, avec le besoin de raviver les sensations d'alors, avec la crainte de les bafouer quand le film, décidément, ne tient pas la route. Cela arrive…

Quand je reverrai King Kong au cinéma, comme il y a quelques années, je le verrai tel que je suis aujourd'hui. Je n'ai pas besoin de lui pour me rappeler mon enfance.

Je recommence.

Mon enfance n'est pas à rappeler. Elle est là. Sa place est préservée. Je peux raconter son histoire, ses rôles, ou ses jeux, ce que tu veux. Mais son vivre, je ne l'ai pas encore enseveli. Et c'est sans doute au cinéma que je le dois : pas à ses histoires, ni à ses rôles, mais à son vivre, oui, ce que je ressens de son essence. Alors je peux être adulte, vraiment je crois, en même temps, sans crainte profonde. Je peux bien mettre tous les masques qu'il convient : je n'ai encore renoncé à rien. Mon enfance n'est pas morte. Et surtout…

Kong n'est pas mort non plus.


undefined


PS : il y a une part de nostalgie, ailleurs, dans le fait de revoir ces films, ou d'écrire ici. Hors cinéma. Hors ce que j'y puise…Les films me rappellent les autres. Surtout les grands, quand j'étais enfant. Comme ils étaient avec l'enfant. Entre grands, ce n'est plus tout à fait pareil, il me semble. A tort ou/et à raison… J'aimerai toujours cet oncle.



undefined


Partager cet article
Repost0

commentaires

C
C’est fou ce que ce genre de films peuvent provoquer en terme de nostalgie. Je me souviendrais toujours de « the lost world », et<br /> de ses dinosaures déambulant au son de la musique de Schubert. Poteet<br /> parlait quelques commentaires plus haut du pouvoir du noir et blanc.<br /> Ici s’ajoutait la force du film muet, et son cachet inimitable, presque<br /> hypnotique, qui laisse en moi une trace indélébile emprunte de lenteur<br /> et de poésie. Poésie, d’abord grâce aux mélodies de Schubert qui<br /> remplaçaient les rugissements des dinosaures. Et Poésie, parce que les<br /> effets spéciaux de Willis O’Brien (également hauteur de ceux de King<br /> Kong), réalisés grâce à du caoutchouc et des morceaux d’éponges,<br /> étaient d’une inventivité remarquable qui les faisait échapper à la<br /> désuétude. Je garde en moi aujourd’hui les gesticulations de Wallace<br /> Berry et son air magnifiquement bourru, l’errance rêveuse des<br /> dinosaures, et cette sensation que ce film, pourtant largement<br /> imparfait, survole tout un siècle de cinéma. <br /> Si cela vous intéresse je l’ai retrouvé sur www.orpheane.com, où vous pouvez le visionner  gratuitement<br /> en streaming. Personnellement, j’ai eu un mal fou à me décider à le<br /> revoir, de peur de ne plus retrouver la magie qui avait finit par<br /> s’enfouir dans mes souvenirs. Mais, rien n’y fait le charme opère<br /> toujours… Il opère d’ailleurs également avec ce blog, que je viens de<br /> découvrir et dont j’adore la plume ;)
Répondre
D
<br /> <br /> Merci beaucoup Charlotte, pour ce commentaire riche et bienveillant :-)<br /> <br /> Et en plus vous m'offrez une véritable mine d'or ! Je vous l'avoue : je ne connaissais pas le site www.orpheane.com. Alors, à lire votre belle évocation de The Lost World, les souvenirs<br /> reviennent et revoir ce film est un plaisir que je compte bel et bien m'offrir. De même m'accorderai-je une longue promenade sur ce site pour en découvrir les autres trésors possibles. Merci<br /> encore, donc, pour cette invitation. <br /> <br /> <br /> <br />
C
Est ce que les filles regardent les choses autrement que les hommes ?Je me pose la question.
Répondre
D
Je crois que je comprends... Quelque part, les différents points que tu soulèves me ramènent assez précisément à ce que j'appelle "la maison des hommes". Pour moi, tout ça est très social : qu'est-ce qu'on inculque à un petit garçon pour qu'il devienne un homme fonctionnel, répondant au modèle social défini par une époque ? Idem pour le devenir femme, donc. Autrement dit, la question de la différence du regard entre filles et garçons, au niveau des exemples que tu donnes, me semble relever de ces rôles qu'il s'agit de jouer (avec plus ou moins de clairvoyance: les modèles sont si anciens et si remarquablement huilés qu'ils semblent "naturels" à pas mal de monde). Autant dire, que je ne suis pas rentré dans la maison. Et sincèrement ouf . Aucun mérite à ça : c'est le "privilège" de celles et ceux dont le jeune parcours inclut une mise à distance obligatoire des "modèles". Mais j'essaie maintenant d'apprendre à mettre le masque qui convient quand c'est nécessaire. Puisque ça l'est souvent, socialement, et que la marginalité radicale n'est pas le chemin qui me correspond (d'où, par exemple mon intérêt plus particulier pour des figures comme Eastwood, Clooney, etc...).Bref, bref, bref : concernant mon cher Kong, je crois que je pourrais avoir les mêmes réserves que toi donc, mais si ce film m'était contemporain (et non des années 30, où par exemple la question des animaux en se posait pas dans les termes actuels, il me semble) et si je le découvrais maintenant et non à 5 ans. Cela dit, je me répète : ça coincera peut-être quand même quand je le reverrai ! 
C
Ah moi j'ai toujours ce foutu malaise lorsque je revisionne ce film culte. La réalité des animaux morts (pour de vrai), la recherche de gloire de l'homme toujours ridicule aujourd'hui, et le reste et le reste... Reste pourtant toute la finesse de l'amour de l'animal, la chutte, le déclin quoi pour donner encore et toujours rien de bien à l'humanité. Ah moi j'ai toujours ce foutu malaise lorsque je revisionne ce Kong culte.  
Répondre
D
Coucou Chuipala ! :-)C'est intéressant les "réserves" que tu as... Je les aurai peut-être quand je reverrai le film. La question des animaux morts par exemple, j'ignorais ça, et en même temps, je ne peux pas avoir le même regard (sur des choses qui me dérangeraient certainement aujourd'hui) sur des époques où les consciences étaient différentes. Enfin c'est complexe comme question. Et c'est vrai que que ce ne sont pas des interrogations qui existaient pour moi à l'âge où je l'ai découvert.
P
Une tentative d'autobiographie par le cinéma. Par les films qui nous ont marqués. C'est une bonne idée. Puor un blog o:) C'est même une très riche idée...
Répondre
D
Merci, chère Pivoine. C'est le fait de faire le blog qui m'a progressivement lancé sur ça. D'une manière générale, son existence est au moins stimulante pour moi dans mon propre rapport au cinéma. Et cela fait partie des aspects très positifs que je trouve à en tenir un. Joie doublée évidemment quand cela peut plaire ou/et intéresser. Je suis donc bien heureux de ton commentaire !
S
passage en coup de vent, ma poupée malade, bisous d&d....
Répondre
D
Bisous aussi, dans le vent, et qu'il emporte toutes mes ondes positives vers la poupée.

Présentation

  • : Le blog de D&D
  • : analyses, critiques de films, notes sur des œuvres ou des artistes, et autoportrait en cinéma : petits dialogues et vie avec le septième art...
  • Contact

Dans les salles...

(et dans d'autres mots)

 

 

 

Un Château en Italie

- Valeria Bruni-Tedeschi

 

Un Château en Italie - Valeria Bruni-Tedeschi

 

Prince Avalanche

- David Gordon Green

       

 

Prince Avalanche - David Gordon Green

 

Tip Top

- Serge Bozon

 

Tip-Top---Serge-Bozon.jpg

 

La Bataille de Solférino

- Justine Triet

 

La Bataille de Solférino - Justine Triet

 

 

&

on en reparle

 

 

Spring Breakers

- Harmony Korine

 

Spring Breakers - Harmony Korine (02)

 

Frances Ha 

- Noah Baumbach

 

Greta Gerwig - Frances Ha

 

Cloud Atlas

- Wachowski

 

David Gyasi - Cloud Atlas

 

 

 

Recherche

Archives

Contact

D&D