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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 12:43
 
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Me voilà parti pour une étrange saga… Je ne sais pas pour où commencer, mais aujourd'hui je l'introduis et je la veux en devenir, au fur et à mesure de mes petites avancées.

Je n'avais pas prévu ça. Du tout.

Mais : trop important à mes yeux.

Et étrange à la fois. Parce que : je ne vais pas dire qu'il faut courir voir ce film. Je ne sais même pas encore si je ferai un billet critique à son sujet. Quelle importance...

Ce que je sais : je viens de vivre un de mes plus beaux moments au cinéma. Dans ce double moment qu'a été ce mardi 19 février au matin : la projection de Juventude Em Marcha et la rencontre/le débat, on dit comme ça, entre des spectateurs et Pedro Costa.


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Je recommence.

Je recommande rarement, ce n'est pas vraiment mon propos, et presque jamais à tout le monde, en vrac, j'y reviendrai sans doute. Là, moins que jamais. Mais j'ai envie de quelque chose, malgré tout, malgré le fait qu'une écrasante majorité des rares spectateurs du nouveau film de Pedro Costa savent pertinemment avant qu'il ne sorte qu'ils iront le voir, et que la règle restera : on ne sortira pas de ça. Bien sûr, il y aura des exceptions, mais elles ne m'appartiennent pas, et je suis ailleurs…

Il paraît qu'à Cannes - et donc : pas Cannes 2007, mais 2006, au secours -, un nombre certain de spectateurs, de critiques, ont quitté la salle… J'y reviendrai aussi.


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Encore.

Je suis tellement ému. C'est tellement ce que j'avais besoin de voir, vous ne pouvez pas savoir, même moi, presque je ne pouvais pas. Et c'est là.

Pourtant, je n'avais pas assez dormi, comme souvent, et j'ai failli renoncer, jusqu'au dernier moment, ne pas réussir à m'éveiller suffisamment, abruti devant mon écran, jusqu'à partir trop tard, comme à la recherche d'une excuse, me sentant trop épuisé pour voir ce film. Mais : quelque chose insistait qu'il ne fallait pas que je rate le monsieur, je ne savais plus quoi, je ne savais plus tout à fait quelles étaient les racines... Et ça s'est remis en marche en moi tout doucement, ça n'arrête pas de se remettre en marche pour moi, en ce moment, et, tout à coup, j'ai retrouvé ma ferveur de grand gosse qui débarque à Paris, avide de cette ville de cinéma, que seules les forces majeures empêcheraient de voir tel film à tel instant, et je cours dans la rue, dans le métro, et parce que je cours je sais que ça va marcher, je sais qu'il y aura de la place, je sais que je vais arriver juste à temps.


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Séance à 11h10. J'ai horreur d'aller voir les films si tôt. Surtout de tels films. Où tu es responsable, en face : exclu une seule seconde d'être passif. Précieux rappel à soi en tant que spectateur et non consommateur. J'ai encore besoin de consommer, aussi, mais c'est autre chose…

Je suis le dernier à rentrer dans la salle. Le film commence. Je m'accroupis. Ne veux pas déranger. Il y a trop de monde pour trouver facilement une place. L'image est sombre. Je suis dedans. Au premier rai de lumière, je regagne le premier rang. Totalement libre. Une vague appréhension m'étreint parce qu'il y aura le réalisateur après. Juste là. Peut-être gênant cette proximité-là. Mais pas envie de chercher ailleurs. Et déjà pas envie d'en perdre une goutte. Déjà avec. Dès les premières images, les premiers sons, je sais que j'ai envie de rester en face. Presque seul. Comme un luxe. Presque toujours ce que je fais d'ailleurs. Je verrais bien pour après…

Après l'après, lentement, je décide que je vais étudier un peu. Comme je pourrai. Je me dis que je vais en parler régulièrement sur mon blog, pas seulement - ce n'est pas la question, il n'en est pas question -, ce n'est pas possible, je ne sais plus. Je m'y mets. Je suis groggy. Je commence, un peu, de premières recherches, les plus simples, les plus évidentes, sur le web, la fatigue reprend progressivement ses droits. Simplement, maintenant, elle est fervente.


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La plupart de mes lecteurs, ou ceux qui se manifestent, je crois, ne connaissent pas Pedro Costa. Je crois aussi que ça va rester, ce travail. Je crois encore qu'il y a des œuvres dont il est important de "connaître" le processus. Ce qui n'a pas seulement à voir avec les œuvres elles-mêmes mais comment on vit, comment c'est difficile d'aller vraiment vers le cinéma, dans tous les cas, quel que soit l'amour qu'on lui porte, ou pas vraiment. Donc je vais essayer de redonner un peu des infos sur le travail du monsieur, au fur et à mesure que je vais le (re)découvrir, que me reviendront la voix et le regard qui m'ont nourri et affamé après le film, au fur et à mesure qu'ils me font revenir… Le temps de l'exploitation du film. Un peu plus. Le temps que j'aille au bout du truc. Un peu moins. Je ne sais pas… Je ne crois pas qu'il faille se "forcer" à voir certains films. Et tout autant je veux croire qu'il peut-être précieux de savoir qu'il existe, ce singulier travail-là. Qui fait tant… Qu'il le rate ou le réussisse, je crois : qui fait tant…

Ce n'est pas le seul, bien sûr. Mais c'est là. Et quelque chose fait que je me sens en face. Alors que je suis à des années lumière de cet homme, de ses complices, de sa sensibilité, de ses origines sans doute. Et pourtant…

En France, Wikipédia dira : Pedro Costa est un réalisateur, scénariste et directeur de la photographie, né le 3 mars 1959 à Lisbonne. On précise Portugal. C'est déjà ça.  Cela commence comme ça. Cela n'a l'air de rien. Très vite, je découvre que le film fait 2h35, j'éclate de rire. J'ai vraiment eu cette sensation, précisement vers la fin du film, j'ai pensé : heureusement que ça doit durer dans les 1h30, je ne pourrais pas plus, je ne peux pas plus comme ça, pas en ce moment, pas aujourd'hui… J'avais deux heures et quart dans le dos et je n'en savais rien. Je sais qu'il y aura trop de monde pour ressentir qu'un quart d'heure dure une heure. Je ne ris plus. Pas parce que je juge. Et je me trompe peut-être. Mais parce que j'ai peur. Oui, ça, oui, ça me fait peur… Mais je reparlerai de l'ennui, au cinéma, une autre fois…


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Une autre histoire que je raconterai : je suis allé au Portugal. Parce que : Manoel de Oliveira. J'ai commencé à apprendre la langue, un peu, difficilement, à mon rythme de tortue en débordement perpétuel. Je sais que je vais me ressaisir parce que : Pedro Costa. Je sais que j'irai voir tous ses films. Et je veux ouvrir, encore…



PS : ce film est donc enfin sorti en France le 13 février dernier, et aujourd'hui, arrive L'Etat du monde, dont un segment, Tout refleurit est signé Pedro Costa, évoquant le tournage de Juventude Em Marcha. Qu'est-ce que je pourrais demander de plus ?...



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commentaires

O
<br /> <br /> « heureusement que ça doit durer dans les 1h30, je ne pourrais pas plus, je ne peux pas plus comme ça… »écoute D&D .... c'est exactement ce qui m'est arrivé : la séance terminée, je me suis dit ..... « heureusement que ça n'a pas duré plus d'une heure trente, parce que deux heures d'une telle fascination, je n'aurais jamais pu accuser le coup ..... » ; vraiment étonnant, ça .....
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D
Pas banal, pour le moins... J'espère que quelqu'un saura formuler, un jour, à quoi cela peut tenir, parce que même si nous ne devons pas être des milliers dans ce cas (et pour cause :-( ), cela dépasse certainement notre évidente entente sur ce film, à tous les deux...Et puis, bienvenue Ourlé ! :-)
J
Je passe en coup de vent. On discutera Barbier plus tard, il y a des choses à dire. Pedro Costa, c'est pas le réalisateur qui avait tourné un porno dans une église Portugaise ce qui a empêché Fernando Trueba de tourner un normal dans une 2glise Portugaise? Je dois sans doute confondre.Bientôt la quinzaine du cinéma Latino à Villeurbanne, je vais me régaler. Allez, bon vent.
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D
Allons bon... Ecoute, j'ai fait un peu des recherches et j'ai vu passer cette histoire, mais je pense que si ça avait été Costa, son nom aurait été mentionné. Je ne crois pas qu'il ait le temps de tourner un porno vu la nature de son travail, mais j'y reviens...Cela dit, un porno par Costa, je crois que ça exploserait le niveau du tout-venant de ces productions ! Je ne serais pas forcément contre :-)Dans l'attente de lire ton compte-rendu de la quinzaine, alors, à plus !
P
bonne semaine à toi mon d&d, milliards de bisous princiers....
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D
Je me vois contraint de ne t'offir que des milliards de bisous de roturier, mais le coeur y est ! :-)
B
Tu me donnes envie de découvrir ce réalisateur que je ne connais pas. Bonne journée.
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D
Merci Bruno, et, alors, j'espère que je vais continuer (à te donner cette envie) ! :-)
P
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Répondre
D
Waow, c'est la fête du bisous ! Plein, plein, plein de plein, plein, plein de bisous, ma poteet princesse :-)

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