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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 03:16

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Avant de revenir sur le travail de Pedro Costa, avec film revu jeudi soir toujours en sa présence - et immense moment à nouveau -, je fais une pause avec mon livre du moment.

Mon livre du moment, vous savez ?

Euh… je l'ai commencé… fin novembre... si, si, je vous en avais parléLe Jeu des perles de verre, Hermann Hesse via Tarkovski. Quand je vous dis que je suis un rapide ! J'en suis au premier tiers. Twin Peaks aussi…

A ma décharge, je lis ailleurs, en rapport étroit avec mes diverses implications. Là, c'est autre chose : je vis avec. Je relis. Certains jours, je le prends simplement dans mes mains. Cela se dépose. Et je crains déjà comme j'oublierai vite : j'en profite. Même si je peine, aussi, à me débarrasser de toute culpabilité quant à lire quelque chose selon mon seul désir, surtout le plus profond. Je consacre déjà tellement de temps au cinéma. Sans doute, oui aussi, c'est pour ça que cela s'étire ainsi. Rien n'est pur. Autre débat.

J'avais d'abord envie de partager ça : "  "- Je crois comprendre, dit Valet. Mais ceux qui ont des préférences et des aversions aussi fortes ne se trouvent-ils pas être tout simplement des natures plus passionnées, alors que les autres ont des tempéraments plus calmes et plus doux ?



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- Voilà qui semble vrai et qui ne l'est pourtant pas, fit le Maître en riant. Pour être bon à tout et à la hauteur de toutes les tâches, il ne faut certes pas manquer de force d'âme, ni de dynamisme et de chaleur, mais en regorger. Ce que tu nommes passion, ce n'est pas une force de l'âme, ce sont les frictions entre l'âme et le monde extérieur. Là où règne une humeur passionnée, la force du désir et l'élan n'a rien de débordant : elle est dirigée vers un but individuel et erroné, d'où cette atmosphère de tension et d'orage. Quiconque dirige les forces les plus hautes de son désir vers le centre, vers l'être véritable, la perfection, paraîtra plus calme qu'un passionné, parce que la flamme de son ardeur ne sera pas toujours visible, parce que, par exemple dans une discussion, il ne criera ni ne gesticulera. Mais, je te dis : il faut qu'il soit plein d'ardeur et de flammes !



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- Ah ! si seulement on pouvait acquérir le savoir ! s'écria Valet. S'il y avait une doctrine, quelque chose à quoi l'on pût croire ! Tout se contredit, tout se dérobe, il n'y a de certitude nulle part. On peut tout interpréter dans un sens comme dans le sens opposé. On peut déceler dans l'ensemble de l'histoire universelle un développement et un progrès, mais aussi bien n'y voir que déchéance et absurdité. N'existe-t-il donc pas de vérité ? N'y a-t-il donc pas une doctrine qui soit authentique et valable ? "

Le Maître ne l'avait jamais entendu parler avec autant de violence. Il parcourut encore un bout de chemin, puis il dit : " La vérité existe, mon cher, mais la "doctrine" que tu réclames, l'enseignement absolu qui confère la sagesse parfaite et unique, cela n'existe pas. Il ne faut pas non plus avoir le moins du monde la nostalgie d'un enseignement parfait, mon ami ; c'est à te parfaire toi-même que tu dois tendre. La divinité est en toi, elle n'est pas dans les idées ni dans les livres. La vérité se vit, elle ne s'enseigne pas ex cathedra. Prépare-toi à des luttes, Joseph Valet, je vois bien qu'elles ont déjà commencé."  "



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Cette dernière intervention du Maître, je l'avais recopiée à la main, à l'époque où je lisais le journal de Tarkovski. C'était dedans. Un des trésors. Les mirages de la passion, je peux me tromper, mais je crois que j'avais déjà compris. Pour de bon : dedans. Je sens que la flamme est ailleurs. Toujours la question de l'amour, sous toutes ses formes : un être, une œuvre, un artiste, une rivière…

Plus récent pour moi en revanche, et cela coïncide avec le désir devenu entier - c'était donc le moment - de lire ce livre : le renoncement aux doctrines. Ou alors, leur seule acceptation dans un mouvement que l'on sait transitoire. Un morceau de chemin. Un instant seulement. Déjà pas mal de temps que j'ai écarté les doctrines, dans ma tête, mais je sens que c'est en train de m'arriver au corps, à la main, à la voix, TOIQUIVOIS, pour de bon. Je peux dire que cela a coïncidé avec l'ouverture de ce blog. MOIJE n'aurais pas pu commencer cette aventure, sinon. J'y reviendrai. 

Pour être plus précis, je crois que j'étais dans la confusion. Parce que l'urgence, ce n'était pas les doctrines : mais les Maîtres. Mon désir profond, c'était ça : apprendre avec un Maître. Oui, ça, j'y crois, la vérité aussi, toujours, ça je le garde : les Maîtres. Et donc : les vrais. Et donc : tout le contraire de la doctrine. Comme dans ce texte magnifique. Un Maître n'est pas un gourou.

Alors, je devais lire les doctrines, et vouloir m'en nourrir, et je lisais des maîtres, mais qui n'étaient pas le mien, comme un ersatz de ça. Une boulimie quand rien ne répond à la faim. On compense comme on peut. Je ne sais pas si j'ai tout à fait digéré ça, encore. J'ai le sentiment que c'est en train d'arriver. Accepter de ne pas en avoir eu. Enorme culpabilité par rapport à ça : ne pas pouvoir m'empêcher de penser que je n'en ai pas été digne. Alors que, beaucoup plus simplement, mon parcours ne permettait sans doute pas cela, et d'autres choses, plus compliquées…

Et là, aujourd'hui, certainement : c'est trop tard. Cela n'arrivera plus. Alors je crois que je commence à l'accepter. Au lieu de rêver mes regrets. Et j'essaie de ne pas en vouloir trop à ce monde qui parsème la vie de deadlines de plus en plus étroites et arbitraires. Autre débat encore. Car il y a sans doute deux manières de s'inscrire dans ce type de voyage. Celle de la très grande jeunesse, pure élan du vivant, vocation qui ne se vit encore que dans sa flamme encore vierge.

Et celle où l'on a commencé à suffisamment désapprendre.



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PS : il y a bien sûr un écho dans la révélation Pedro Costa. Qui est pourtant ailleurs. Qui n'est pas mon espace, pour faire court. Mais qui m'apparaît comme un Maître. Je ne dis pas pour MOIJE, ce n'est pas mon propos. Aussi, Tarkovski, Lynch, Cronenberg, ou Eastwood, je les regarde en Maîtres, et non en cinéastes fétiches ou cultes. Cinéastes fétiches : ça, c'est l'approche passionnelle, je trouve, et les distinctions sont foison, dans l'appréhension et ce que l'on y puise. Clin d'œil à Valclair qui persiste à m'y réduire :-) Mais je ne conteste pas nécessairement en avoir, par ailleurs, des cinéastes cultes…

PPS : comme ça, encore, en flash info, les films en photos font partie de ceux que je tiens à revoir dans les semaines à venir…



ou bien (/et ?)



Je recommence

J'ai peut-être suffisamment désappris

Je veux me moquer encore des deadlines

Je sais que personne n'est indigne, mais qu'il y a peurs, pressions, fatigues, etc…

Je vais aller le chercher

 
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commentaires

J
Salut. J'ai raté les films Portugais mais je me suis vengé sur deux Espagnols.el dia de la Bestia d'Alex de la Iglésia. Son humour noir me plait de plus en plus. Et également en avant-premierre (sortie en septembre) "Los Cronocrimenes" de Nacho Vigalondo. J'avoue que je n'ai pas tout saisi mais on est encore dans le genre fantastique qui semble caractériser le cinéma ibérique actuel. Ce qui n'est pas déplaisant, soit dit en passant.
Répondre
D
Bonjour Julien,Pas de de Oliveira, alors, snif...Mais bon, tu as pu voir des films qui t'ont intéressé, c'est le principal.Je ne connais pas encore de la Iglésia. L'autre non plus, bien sûr.
V
le maître et le disciple,une relation intime ds l'échange du savoir,un dialogue d'inconscient à inconscient,une alchimie lumineuse qui permet à l'un et à l'autre de faire la route....le maître donne ce qu'il a de meilleur à son disciple pour que lui aussi puisse un jour passer la connaissance,et ainsi de suite,avec tte la modestie requise....................VITA............
Répondre
D
Je crois que je souscris à chacun de tes mots, et surtout, "l'alchimie lumineuse", et surtout "la modestie requise"... Merci beaucoup pour ce commentaire, Vita :-)
V
Je crois que je vais copier ton article pour le lire au calme et y réfléchir...On ne peut répondre en cinq minutes.....Il a suscité des émotions en moi...Bonne journée   VITA
Répondre
D
Très touché que tu reçoives pleinement ce billet, avec tant d'attention. Bonne semaine à toi :-)
P
:0010: et puis euh.... :0010:
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D
Ah bon ben gros bisous alors :-)
:
Excellent dimanche à toi et bonne lecture ;-)
Répondre
D
Merci Bruno, et oui, je m'y replonge !

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