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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 22:17


Mon nombril


A un moment, tu continues à te dire qu'il est urgent de demeurer déraisonnable…

Tu continues…

Ce qui rend ce moment singulier - alors que tu continues, que tu es dans la même lancée de ta vie, toujours la même, et toujours contre les mêmes murs -, c'est que maintenant, ces murs, tu commences à distinguer vraiment de quoi ils sont faits, comment ils ont été construits, et ce qui assure leur permanence presque ancestrale. Tu es moins ignorant, moins naïf, un peu moins bête en somme… mais tu restes une bête de somme. Hum, hum…

Tandis que te trotte dans la tête : "L'attitude humaine, dont la musique classique est l'expression, est toujours la même ; elle a toujours pour fondement la même espèce de connaissance de la vie et pour but le même genre de maîtrise sur le hasard. La musique classique est un geste qui signifie : je sais le tragique de la condition humaine, je me rallie à la cause du destin humain, de la vaillance, de la sérénité ! Que ce soit la grâce d'un menuet de Haendel ou de Couperin, que ce soit la sensualité sublimée en un geste de tendresse, comme chez beaucoup d'Italiens ou chez Mozart, ou encore l'acceptation tranquille de la mort, comme chez Bach, il y a toujours là une bravade, un héroïsme, un esprit chevaleresque, et l'accent d'un rire surhumain, d'une gaieté immortelle. C'est cela qui doit vibrer aussi dans nos jeux de Perles de Verre, dans toute notre vie, dans nos actes et dans nos souffrances."…

Pourtant, à un moment, comme ça, tu te dis : ok, je persiste dans ma première lancée, celle qui ignorait les murs, et je vais m'exploser. Et tu sais que ça ne veut pas dire : je vais m'éclater. Au contraire. Mais : tu le fais. Parce que tu en es là.



Soleil couchant et levant


Tu es entre les murs (et ils ne sont pas quatre, tu ne saurais d'ailleurs les compter). Tu as plongé tes mains au creux de toi pour y abriter ce qui te reste de vivant. La petite étincelle. Et tu souffles.

Et tu sais que cela ne va pas suffire. Mais tout de même : tu fais un feu. C'est le tien. Tu tentes simplement de le faire grandir jusqu'à toi, ta propre mesure, ton propre aujourd'hui.

Cela consume toutes tes forces. Tu disparais. Tu n'es plus que ce feu-là. Peut-être que tu fais ça pour éclairer davantage les murs, pour les connaître plus intimement. Ou tu deviens… un flatliner, avec évidemment la tentation d'en rougir de honte ! A un moment, tu essaies de voir ton possible au-delà. Tant bien même tu n'attends d'autres dieux que les humains.

Peut-être que tu fais une prière. Tu ne la dis pas. Tu la fais. Tu verras bien. Tu es dedans. Et dehors : tu ouvres alors ce qui est encore à portée de main derrière les murs, ici Twin Peaks, là, Le Jeu des perles de verre

Cela s'engouffre. L'explosion a lieu.

"Il existe bien des espèces et bien des formes de vocations, mais l'essence et le sens de l'aventure qu'on vit ainsi restent toujours identiques : ce qui éveille l'âme, la métamorphose ou la sublime, c'est toujours qu'à la place des rêves et des pressentiments intimes soudain un appel du dehors, un fragment de réalité s'impose et agit."



Dehors et dedans


Maintenant tu as explosé. De rire. Avec ton cul par terre. Au milieu des murs qui sourient. Dans leur indifférence ostentatoire. Mais maintenant ils TE sourient aussi, parmi les autres. Ils viennent d'apprendre que tu vas rester. Rien d'important. Ce n'était que toi. Tu voulais voir si tu pouvais te sauver la vie. Et ce n'est pas un au-delà que tu as vu. Mais tout le contraire. C'est déjà ça.

Tout va bien. Laura Palmer ne sera jamais morte, mais éternellement assassinée. Tu trouves ça rigolo de percevoir le film comme incomparable - au double sens - à la série, peut-être tu essaieras d'en parler (et même si brillent dans la série tant de moments plus intenses que dans tant d'autres moments télévisuels). Tu sais qu'un jour cela a été inouï. Mais ce n'est pas ton chemin. Cela, c'est de l'histoire. Ton chemin, c'est : aujourd'hui. 

"Prépare toi, non en essayant de forcer les bonnes idées à venir, mais simplement en te répétant souvent, à partir d'aujourd'hui, que dans les prochains mois, une tâche belle et solennelle t'attend, en vue de laquelle il faut que tu te fortifies sans cesse, que tu te concentres, que tu te mettes en train."

Il ne s'est rien passé. Et son contraire. Il n'y a rien à dire, et tu rêves de sage silence, mais ton premier apprentissage est : le rire. Tu ris. Et plus seulement de toi. Il n'y a plus beaucoup de temps. Il t'en reste, encore une fois, bien moins qu'avant. Alors quoi ?... Tu es un peu hagard. Le livre d'Hermann à la main, tu commences à le relire en marchant. Tes pas te ramènent vers tes endroits les plus chers. Tu vas pousser la porte d'une salle de cinéma.

Je recommence.


 
J'en étais là...


PS : les citations sont extraites du Jeu des perles de verre d'Hermann Hesse.


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commentaires

C
Que d'échanges ici D... c'est bon de voir qu'il est possible encore de le faire. Le thème est bien délicat dis moi... mais de ce texte je garde l'idée de l'espoir... et pas des poires ;)Bien contente de te voir (rime)
Répondre
D
<br /> Coucou Chuipala :-)<br /> Heureux aussi de voir toi (presque rime)<br /> Il est vrai que j'ai beaucoup de chances, et même si l'équilibre est toujours fragile : il semble qu'il reste des possibilités d'échanges sur ce blog ! Je croise les doigts...<br /> <br /> Et je partage avec toi cette volonté de garder l'idée de l'espoir, ou tout au moins de la ferveur...<br /> PS : m'a bien fait rire, tiens, de repenser tout à coup aux poires ;-)<br /> <br /> <br />
V
C'est quoi ton job? VITACertains semblent bien te connaitre
Répondre
D
<br /> Pour l'instant, c'est top secret !... :-)<br /> Donc, c'est plutôt un sujet de plaisanteries en fait. Si ce n'est qu'il est connu maintenant que je peux avoir des horaires ou des (longues) périodes de "malade" comme on dit, et que, globalement,<br /> je suis mon propre patron. Quelque chose comme ça. Pour résumer. ;-)<br /> <br /> <br />
C
J'ose publier de comm nulle part pour ne pas pertuber tout ce travail et cet échange... Donc je me fais discret. Je n'ai pas tout compris à ton texte, même si la démarche d'ouverture et de désapprentissage me semble plus claire. Je suis d'accord avec toi sur la notion de cinéma outil de culture. "Bienvenue chez les chtis". Quoi je fais dans le message subliminal, mais pas du tout ! J'avoue me retrouver de plus en plus devant des films nuls qui ne me font pas du tout voyager. "Entre les murs". C'est rare, mais les deux derniers (The fountain et Romanzo criminale) j'ai arrêté avant la fin. La question c'est de savoir : est-ce que ce sont les films qui ne nous parlent pas ou nous qui ne sommes pas prêts, à un instant t, à les écouter ? Tu sais, je dis souvent "lire un film". A mon avis, on lit tout autant un film qu'un livre. "Vercingétorix". Petit Jésus, fais en sorte que je retrouve très vite un grand film qui me fasse vibrer ! "Godzila". A bientôt D&D et je te dis une chose : j'ai changé de travail et je ne m'en porte pas plus mal ;) comprendre - PS : pas de photo ce coup-ci ;)
Répondre
D
<br /> So you're back too !!!<br /> <br /> Le coup des " ", j'adore !, voilà qui m'a fait autant rire que les photos :-)<br /> <br /> Mais c'est vrai que parfois nous ne sommes pas encore prêts pour certains films, ou simplement ce n'est pas le moment. Garder cela à l'esprit me semble toujours essentiel pour regarder avec autant<br /> de justess/justice que possible, et ouvrir... Une des raisons pour lesquelles je revois beaucoup et "travaille" avec le temps. Cf mes deux billets sur Le sigle de Batman...<br /> <br /> Pour le prochain qui te fera vibrer, tu me diras... J'avoue attendre avec une curiosité particulièrement joyeuse de voir Conte de Noël, The Happening et Diary of the<br /> Dead...<br /> <br /> Bien noté pour le travail ;-)<br /> <br /> A bientôt Comprendre.<br /> <br /> <br />
V
Je ne connais pas ce qui t'est arrivé,donc ,jécris ce que je ressens.Bien des murs autour de nous que nous explosons au risque de nous perdre,mais être déraisonable c'est rester en vie.La réalité entrevue alors brise les rêves  mais nous fait avancerdans notre vie.H.Hesse apporte tjs de la réflexion sur le sens de la vie.  VITA
Répondre
D
<br /> Chère VITA,<br /> <br /> Merci d'avoir écrit ce ressenti... Je suis avec.<br /> <br /> Mais sans doute dois-je affiner aussi mes évaluations du risque, bien que je péche d'ordinaire par excès de prudence :-)<br /> Et vive Hermann !<br /> <br /> <br />
V
Je suis venue....Il faut que je revienne......VITA
Répondre
D
<br /> All right, coucou VITA :-)<br /> <br /> <br />

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