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29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 21:55
Episode précédent : Chantons sous la pluie… ou Depuis ici, tout va bien




Pas seulement ça...

 

C'est l'après-midi… En plein jour : alors je ne m'y attends pas ?… Est-ce que je regarde vraiment la télévision avec attention, à cet instant-là ?... De cela, je ne suis pas sûr, mais que c'est en plein jour, l'après-midi, sans crier gare : oui.

Quelque chose se grave tout de suite. Instantané et profond.

La Séquence du spectateur, les programmes de ce genre, j'en suis friand. Je ressens alors un vertige à voir, dans la télévision, des images qui passent au même moment, ou presque, au cinéma.

Je guette ces extraits dans toute émission accessible. Presque plus fort encore que regarder un film dans la petite boîte… Rêver de retourner dans la salle ? Ou parfois entrevoir ce que papa et maman, ou maman et papa, ne pourraient m'emmener voir…. 

Là, je ne sais plus. Est-ce que c'est vraiment ça ? Le souvenir est pris dans un effet de surprise, quelque chose de très fugitif. Comment cela a-t-il presque aussitôt cessé ? Chaîne changée ? Rompue ? Trop tard : j'ai voulu le croire…



... mais il ne faut peut-être pas tout dire...


Je recommence.

J'ai 7 ans, ou bientôt. Quelque chose est en train de se passer. La confirmation ne se fait pas attendre : je me réveille la nuit suivante en criant. En appelant maman ou papa, et papa ou maman…

Est-ce que c'est ça aussi, cette grande terreur ? Une confirmation ? De ce qui avait été pressenti dans le hall du tout premier cinéma quelques années auparavant ?

Mais j'ai déjà fait des cauchemars, évidemment. Et la mort est aussi devenue quelque chose de concret. Cette même année ? Un ou deux ans plus tôt ?... Pas seulement ça. En tout cas, c'est un visage, ce sont des griffes, très certainement une voix. Et des gestes comme tremblés.

Pendant quelques années : beaucoup de mes cauchemars récurrents se nourrissent de Klaus Kinski en Nosferatu.



… ni tout montrer…


C'est ma première peur capitale par une œuvre. Même si c'est un fragment. Même si c'est enchaîné. Même si je ne distingue pas encore les différentes formes de peurs. Plus tard, la peur in(dé)finie se retrouve avec un livre, puis une musique, mais : ça commence par une image mouvante. Est-ce que ça joue, aussi ?... Sans doute pas de manière première, mais cela concourt. Cela concourt à inscrire le cinéma dans mon intimité.

Il y aurait le malaise devant l'affiche des Yeux de Laura Mars, l'inquiétant mystère qui entoure des noms comme Audrey Rose, ce ne sont que des exemples… Tout ça n'a plus vraiment d'importance, les années quatre-vingt vont commencer, commencent, c'est déjà fini, c'est presque 2010 : j'ai peut-être encore l'air d'un jeune homme…

Je plaisante un peu. Je ne m'accroche pas, pas dans ce sens-là. Déjà dit : ne rien ensevelir trop vite - en tout cas : pas (de) moi-même. Surtout : j'essaie de déterrer, dessous, dessous, dessous mon ignorance crasse, mes relents de bêtise, mes lâchetés persistantes. D'autres auront pu le faire plus jeune, plus directement ou plus vite. Ce n'est que MOIJE : cela reste un chemin. C'est trop tard ?... Nosferatu... Seulement quand tu le crois. Trop tard seulement quand tu le crois : ça, je le vois.

Alors quoi ? J'ai sept ans, bientôt, et plus près encore trente de plus. Avoir peur au cinéma : j'aime, aussi. Aussi parce que c'est un désir profondément ambivalent. Envie de ça autant que je le redoute, par définition, jusqu'à presque le regretter, parfois, tant je tends à me désarmer. Et, peut-être, une ambivalence similaire m'attache aux mélos... Nosferatu... On n'a pas idée de se foutre dans des états pareils ! Je n'ai pas encore vu un mec qui chiale autant ET se tape des paniques comme les miennes en salle. Mais j'aime. Aussi. Ce n'est pourtant pas que ma vie me semble si paisible ou tellement joyeuse, non : comme tout le monde. 

Mais c'est un attachement singulier… J'ai bientôt sept ans… Je ne sais pas encore quand ça va se concrétiser, pour de bon, bien plus tard : ce désir d'avoir peur… Quelqu'un de cher va me prendre la main et m'y accompagner : il me faut attendre encore un peu. Seul.




... quoique ?

 
PS : je crois que je n'ai jamais pu, ensuite, regarder Klaus Kinski sans une certaine appréhension :-)

PPS : liens pour les illustrations 1, 2, 3 et 4.



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commentaires

S
J'aime bien ces images connues, mais floutées, comme de vagues réminiscences...
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D
<br /> Ahhhhh : merci, Ska. Content que quelqu'un ait été sensible à ce petit travail.<br /> <br /> <br />
V
Avoir des émotions au cinéma est pour moi essentiel...Bien sûr ,il y a les larmes enfouies ,les rires discrets et la peur terrible.Pour moi,les films de guerre ou par ex Gladiator(tu dois rire).Nosferatu ne me fait pas peur,pour moi l'esthétique du film l'emporte,mais KK a un regard terrifiant....Bises  VITA
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D
<br /> <br /> C'est vrai que je découvre avec toi le potentiel terrifiant de Gladiator ;-) Mais ce qui nous effraie le plus nous est propre, aussi...<br /> Cela dit, tu évoques ici tes peurs actuelles, ou persistantes, au cinéma. Dans ce sens, le souvenir que j'ai de<br /> Nosferatu, réellement vu vingt ans après l'épisode décrit ici, est assez proche du tien, je crois. Et, n'était effectivement KK, j'ai même plutôt le souvenir d'une certaine tendresse, et<br /> d'un chagrin...<br /> Bisous !<br /> <br /> <br /> <br />
S
coucou mon d&d, j'espère que tu vas bien!!!  je repasse te voir dès que je peux, Ps: je connais pas les yeux de laura mars mais quelquechose me dit que ça vaut le coup de le voir, hihihi:0010:
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D
<br /> <br /> Coucou ma poteet princesse ;-)<br /> C'est gentil de passer mais essaie de garder du temps pour toi surtout, d'accord ?... J'imagine bien ton planning en ce moment alors ne t'inquiète pas pour tes "absences".<br /> De toutes façons, tu me retrouves chez toi, et ici... Nosferatu veille sur moi... Euh... ça va aller ! :-)<br /> <br /> <br /> <br />
C
Z'étions en RTT ce vendredi après-midi, hummm ?<br /> D&D : détente et délassement<br /> Faut pas se laisser faire par les yeux de cette méchante Laura ! Tu te souviens de la scène du rasoir dans le chien andalou ? Voilà un "noeil" qu'il fait peur. D'ailleurs, à propos d'yeux, ça me rappelle un film avec Georges Brasseur, "Les yeux sans visage", qui avait connu un remake avec Brigitte Lahaye sous le nom de "les prédateurs de la nuit" (une production René Chateau vidéo , et pas Marc Dorcel, espèce de gros dégouttant !). Bon sinon, toujours à propos de yeux, il doit bien y avoir un ou deux Lucio Fulci à se rappeler... L'éventreur de New York tiens, il me semble bien qu'il y a une rencontre malencontreuse entre un oeil et un objet pointu. Voilà un sujet d'article intéressant, la relation entre les yeux et les objets aigüs dans le cinéma d'horreur. Et puis on peut décliner... Les rencontres improbables entre les objets pointus et l'appareil digestif humain.La griffe : essai sur la mort qui résulte de la rencontre brève et intense avec le mort-vivant.Les films de voyage : de "Crocodile Dundee" ("Les dieux sont tombés sur la tête") à "Cannibal holocaust", histoire du mélange des cultures au cinéma.Bon week-end ! comprendre<br />
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D
<br /> <br /> Tu me tues, je te jure que tu me tues :-)))))<br /> <br /> Un RTT comme ça, évidemment, c'est très tentant : mais une pause-café en ta compagnie, ça l'a fait aussi, comme on dit ;-)<br /> <br /> Alors... avouons tout : je crois que je n'ai pas vu Laura Mars, mais Le Chien andalou, si. Et c'est davantage l'idée de cette scène que la scène elle-même qui fait peur, non<br /> ?<br /> OK : j'arrête de faire le cinéphile. Parce que : je n'ai pas vu Les Yeux sans visage... mais... Les Prédateurs de la nuit, je crois bien !... Ado, à la fête du ciné, souvenir<br /> assez précis pour une fois... Oui, oui, ça doit être ça, car me revient bien une certaine piqûre... Helmut Berger, aussi... Stéphane Audran, même ! Non ?... Quand même, je reviens de loin... même<br /> si la route est longue !<br /> Marc Dorcel ! Tiens, je l'avais oublié celui-là, mais j'en ai vu une paire (de ses films : tu me fais vraiment dire n'importe quoi, mais bon, il est tard, tu seras indulgent) alors que Lucio<br /> Fulci, rien, je crois... Non, vraiment, je ne suis pas sérieux... Shame on me.<br /> <br /> Sinon, j'aime beaucoup aussi tes dernières déclinaisons, avec un faible pour "La griffe" : il faut que tu le fasses, cet essai-là. Enfin j'hésite : tes cultures méga-mixées dépotent aussi <br /> ;-)<br /> <br /> Bon week-end à toi. Et merci pour tout ça !<br /> <br /> <br /> <br />
C
faudra que tu m'apprennes Tu copies (clique droit) ton smiley puis tu colles ici.  Exemple au hasard :
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D
<br /> lol<br /> <br /> T'es vraiment incorrigible quand même ;-) Bon, j'essaierai...<br /> <br /> <br />

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