Tout d'abord, je me permets de reposer ici la question de Claude, dans l'espoir que quelqu'un puisse lui répondre plus heureusement que moi. Mais : merci, Comprendre. Et : merci d'avance, donc.
"Connaissez-vous un film sur l'identité nationale ? Du genre d'un parcours de personnes qui recherchent dans leurs racines ce qui fait ce qu'ils sont sans pour autant nier que cela change avec le temps et que l'aujourd'hui de leur identité se révèlent par leurs racines mais aussi par le nouveau contexte dans lequel ils vivent. Un peu du genre mouton à cinq pattes mais dans le 7° art... pourquoi pas…"
Rappel : Claude n'emploie ce concept d'identité nationale que parce qu'il est de tristes circonstances.
Le film de Pedro Costa fait vivre des interrogations proches, mais pas exactement cette question-là dont j'imagine pourtant les réponses nombreuses… J'en profite ainsi pour signaler que Juventude Em Marcha est repris une fois par semaine depuis un mois maintenant. Merci, tout de même, le MK2 Beaubourg.
Depuis un mois… Et : sans transition… It's D&D, bitch... I see you… And I just wanna dance with you…

Je ne sais pas vous, ou pas tous, mais perso : ça va franchement de travers, à tous les niveaux ou presque. Et : ça dure… Bien sûr : ça va passer. Ne m'en sors pas encore, mais tiens debout et tente d'opter ;-) à ma manière, déraisonnable… Je m'offre quelques respirations, financièrement insensées - alors déjà ce que je m'inflige me distrait de ce que je subis : ça me sauve, un peu. Beaucoup.
D'autant plus que - We keep on rockin' -, en trois titres : Bamboo Blues, The Fly et Purgatorio…
Sans oublier que : je suis encore dans mon au revoir avec No Country for Old Men, tiens, il repasse au Max Linder, de-ci, de-là, ce serait bien, ça…
Je recommence… We keep on rockin'…
"Chaque individu de Castalie, chaque Castalien devrait connaître seulement deux buts et deux idéaux : réaliser la plus grande perfection possible dans sa spécialité et lui conserver sa vie et son élasticité, conserver les siennes aussi, en gardant sans cesse présent à l'esprit ce qui lie cette discipline aux autres, et crée entre elles toutes une amitié profonde."

Dans cette partie de carte avec l'adversité et mon pire ennemi - alias MOIJE, ben oui, comme tout le monde -, belote : quelle belle après-midi passée en compagnie de Pina Bausch et sa troupe, quel plaisir des retrouvailles… Trop longtemps que je n'avais pu voir une œuvre du Tanztheater Wuppertal.
Quelle joie aussi de pouvoir y inviter mes parents, pas venus à Paris depuis huit ans, et qu'ils puissent être heureux de découvrir ce spectacle, d'apercevoir cet art qui leur est encore plus étranger qu'à moi, et que : quelque chose passe… Feels like the crowd is sayin'…
J'en avais les larmes aux yeux tant cela faisait longtemps, déjà, que je n'avais pu voir tant d'exigence, et délivrée sans ostentation, sur un plateau. Non que cela n'existait pas, sans doute, mais le hasard (des disponibilités) et la nécessité (financière) m'avaient cantonné ailleurs.
"Ce deuxième idéal, l'idée de l'unité interne de tous les efforts spirituels des hommes, l'idée de l'universalité, a trouvé son expression parfaite dans notre Jeu illustre. Il se peut qu'à certaines époques il soit nécessaire au physicien, au musicographe ou à tout autre homme de science de s'en tenir rigoureusement, ascétiquement à sa spécialité, et qu'un renoncement à l'idée de la culture universelle favorise sur le moment le tour de force particulier qu'il accomplit."
Alors je ferme les yeux, et persiste le ballet impossible et possible des hommes et des femmes. Le sourire me revient quelques instants. Oui, cette légèreté qui embrasse toute la palette du vivant, étrangère à toute désinvolture, oui, cette légèreté-là… Oui.

Rebelote, dans les quinze jours qui suivent, avec la création mondiale de The Fly, l'opéra, au Théâtre du Châtelet. Howard Shore à la partition, David Cronenberg à la mise en scène : raisons de ma présence, et en orchestre… Aussi saurai-je bientôt si mon banquier est mélomane.
Bien trop puceau en musique contemporaine, et plus encore en Opéra, pour être simplement capable d'appréhender la totalité de la proposition, j'ai donc surtout vogué entre le sur-titrage, la mise en scène ou tout ce que mes yeux pouvaient étreindre, et l'interprétation. Le premier acte fut une jouissance presque inattendue. Au final : grand bonheur. Bet you didn't see this one comin'…
"En tout cas, nous, Joueurs de Perles de Verre, nous ne devons jamais approuver ni pratiquer cette limitation et ce narcissisme, car notre tâche est précisément d'être les gardiens de l'idée de l'Universitas Litterarum, de son expression suprême, notre noble Jeu, et de les préserver sans cesse de cette propension des différentes disciplines à se contenter d'elles-mêmes. Mais comment pouvons-nous préserver ce qui ne souhaiterait pas l'être ? Et comment pouvons-nous obliger l'archéologue, le pédagogue, l'astronome, etc., à renoncer à se cantonner dans sa science particulière et à ouvrir sans cesse ses fenêtres sur toutes les autres disciplines ?"
Si le cœur vous en dit, séance de rattrapage le 2 août sur France Musique à 20h : mes petites oreilles pourront alors se tendre davantage vers la partition (apparemment souvent tièdement accueillie).
Particulièrement impressionné par le jeu et la présence de Daniel Okulitch. Et vive le Canada !

Dix de der', dans les mêmes délais, aux abords du Purgatoire de Roméo Castellucci, dont c'est le premier spectacle que je découvre… Je ne saurais totalement dire si cela me plaît, tant cela semble à des années lumières de ma sensibilité (mais peut-être seulement en surface, ou par moments). En tout cas, je suis avec, ça, je le sens, et bien que : vraiment, dérangé, comme cela m'arrive plus que rarement.
"D'autres siècles se sont réfugiés dans l'union de l'esprit et de la religion, de la recherche et de l'ascétisme […]. Ici, c'est par la méditation, par la pratique des multiples degrés du Yoga que nous cherchons à exorciser la bête tapie en nous et le diable qui niche dans chaque science. Or, vous le savez aussi bien que moi, le Jeu des perles de verre a aussi son diable qui le hante ; ce jeu peut conduire à une virtuosité creuse, au narcissisme des vanités d'artistes, à l'arrivisme, à l'acquisition d'un pouvoir sur autrui et par là même à l'abus de ce pouvoir."
Je suis tellement heureux que ce spectacle existe.
Je suis tellement heureux que cela soit possible. Ah, you gonna have to remove me… Cause I ain't goin' nowhere… Certains s'indignent du coût de ce spectacle. Quel horizon nécessaire pourtant, à mes yeux, que l'argent puisse être perdu par nous. Œil pour œil, pour une fois. Quelque chose comme ça. Plus sérieusement : quand il sert tant d'audace. Stupéfiants comédiens. Extraordinaires de présence et d'intensité vraies. Jamais dans la démonstration ou la performance.
Bien sûr, cela demande beaucoup, cela demande sans limite : quelle réconciliation profonde quand un artiste fait confiance à ce point, et, à mes yeux, sans complaisance, à qui se tourne vers son oeuvre. Ce respect des spectateurs… Quel travail… Quelle formidable proposition…

"C'est pour cela que nous avons aussi besoin d'une autre éducation que de celle de l'esprit, et que nous sommes soumis à la morale de l'Ordre, non pour échanger la vie active de notre esprit contre une existence végétative et rêveuse de notre âme, mais pour être capables au contraire des plus grands exploits intellectuels. Nous ne devons ni fuir de la vita activa dans la vita contemplativa, ni inversement, mais faire alternativement route vers l'une ou vers l'autre, être chez nous dans chacune d'elles et participer à toutes deux."… Toujours, oui, le Jeu des perles de verre, toujours à mes côtés, aussi. C'était amusant, aujourd'hui, que les quelques pages relues fassent tant écho au bon versant de la trentaine de jours passée.
Voilààààà, c'est fini… Il ne s'agissait que d'être un peu reconnaissant envers ces spectacles vivants, providentielles perfusions depuis un mois… Et bien plus que ça.
J'espère maintenant revoir le film de Cronenberg, puisque la création de l'opéra a inspiré sa reprise… Histoire de continuer à saboter la haine… Dedans et dehors…
Gimme gimme more…
Et pouvoir tenir tête, hors de l'eau, gimme more, je vais rassembler mes petites forces encore, et pouvoir continuer à encaisser, gimme gimme more. Et : oui, avec Britney, aussi, je danse… et bla bla bla qui mal y pense :-)
(mon film Grindhouse préféré)