
Bientôt huit ans que j'ai vu Nuages de mai. Que j'ai été avec. Tout de suite. Aussi : parce que pour la première fois, quelqu'un m'évoquait fortement Tarkovski.
Faire plus précisément connaissance... Je vais voir tous les films de Nuri Bilge Ceylan depuis. Pas si simple pour MOIJE parce qu'au fond, peut-être : ce n'est pas ma sensibilité. On dit comme ça, aussi. Et peut-être même esthétiquement, hormis les liens avec Tarkovski. Ce n'est pas grave. Il me faut plus de temps. Revoir. De temps en temps…
Son dernier film serait celui auquel j'adhère le moins. Mais je n'éprouve aucune "déception". On dit comme ça, aussi. Ceylan creuse bien des possibles, et sa recherche, que chacun trouvera plus ou moins gracieuse selon l'œuvre, reste une des plus exigeantes, et des plus audacieuses, à mes yeux. Et pas seulement reste : devient. Aussi.
Et puis… cette direction d'acteurs qui m'impressionne, le beau travail des comédiens eux-mêmes… une voiture qui s'enfonce dans la nuit… un homme qui disparaît dans l'impossible raccord de son regard vers une fenêtre ouverte qu'il ne pourra voir de sitôt… un art de l'ellipse singulièrement stimulant… et la détresse d'une jeunesse… et l'endurance d'une femme, contre (le retour de ?) la violence des hommes…
Et… aussi… ce travail sur le son… jusqu'à ces plages où un silence total (sans "ambiance") abrite quelques propos murmurés… à croire un instant qu'ils sont en russe, que je les ai entendus il y a longtemps, que je suis heureux de les retrouver… Mais il ne faut pas s'arrêter là. Je veux d'abord, aussi vite que possible, recommencer. Alors, surtout, revoir Nuages de mai, dont il est si justement question ici.