A un moment, tu ne sais plus : si tu manques de sérieux, ou le contraire, mais tu t'accroches, recommences, et ce qui compte : que cela corresponde à la fois, et tant que possible aujourd'hui, à ton réel et à ton vœu. Alors : bien que d'autres films les aient rejoints depuis, je vis toujours avec les films sortis en France en 2007. Aussi.
C'est que je n'aime pas beaucoup comment tant ne survivent plus que quelques jours en salles. Aussi. Et je ne suis pas bien rapide, sans doute, mais fidèle, peut-être, tant que cela ne me trahit pas et que je vis avec : sur la durée.
Et quand le moment s'avère propice.
Alors : je viens de revoir La France de Serge Bozon, un des films que j'avais eu le plus de joie à découvrir en 2007, bien que tardivement… Je n'étais pourtant pas spontanément enchanté d'y aller, d'autant que c'était de bon matin…
Mais, par exemple : j'aime bien Pascal Greggory, et même, depuis Dans la Solitude des champs de coton (au théâtre) et Ceux qui m'aiment prendront le train, je l'aime énormément.

Comme le film se passe pendant World War One, forcément, il ne saurait être que drôle, et pourtant : son humour tragique me cueille la seconde comme la première fois. Et puis, je ne peux que remarquer le travail sur la lumière et la couleur, que les Français oublient parfois à mon grand agacement, même si je ne saurais en faire une valeur-refuge.
Et puis donc, Pascal Greggory, et Sylvie Testud, sans oublier François Négret (et sa très belle "redite" créée par le montage à la fin d'une tirade simple mais assez imparable pour MOIJE) : trois comédiens de forte nature au talent épanoui… Le reste de la distribution ne démérite pas, belle et courageuse "direction d'acteurs", on dit comme ça…
Enfin, surtout : il y a ces soldats, tout à coup, qui chantent.
Croix de bois, croix de fer, je n'en savais rien en débarquant dans la salle. Et voilà donc qu'ils se mettent à chanter ces soldats ! Et des chansons pas possibles, très difficiles, pour ce que je comprends à l'art du chant… et… des chansons qui seraient celles d'une femme. Ce sont des soldats qui chantent en voix de tête les aventures d'une femme à la première personne… Et ce qui m'émeut particulièrement : là où les habitudes nous font fantasmer ou voir des recrues alternant entre chansons à boire et virils moments paillards, là, tout à coup, il y des hommes qui chantent une femme… et je ne sais pas comment dire… c'est tout le contraire de se rappeler uniquement aux orphelins désirs, aux femelles absentes… c'est…
Délivrer une incarnation de la femme, être avec, l'inviter à côté de soi, la rendre un peu présente, la rêver un instant, l'avoir tout près de soi, l'avoir en soi. Pour de bon.
