J'ai eu du plaisir à regarder se dérouler Cloud Atlas, mais je ne reconnais pas de souffle à ce film. Qu'il ne soit pas cynique, pas manipulateur, mais sincère et réalisé avec envie, c'est possible, et peut-être que mon plaisir vient de là, du fait de croire à ça. En sourdine. Je ne vois rien de révolutionnaire ou de passionnant dans cette proposition. Le tour de passe-passe temporel est amusant mais vain, totalement sous-exploité narrativement (la séquence contemporaine est particulièrement faible de ce point de vue ; le point de rencontre de toutes les séquences supposé être un climax ne saurait être plus facile - aucun travail d'agencement, de mise en rapport, ni intellectuellement, ni intuitivement, juste la répétition du même). La récurrence des comédiens qui aurait pu être assez vertigineuse s'avère une autre paresse confondante. Ecrire que narrativement Cloud Atlas est un tour de force, argument commun à de très nombreux défenseurs, me semble une aberration.
Tout cela ne dépasse peut-être guère de beaucoup la possibilité d'un film choral qui ne soit pas simplement raté à force d'être regardé d'en haut. Au mieux, je pourrais suivre le spectre DB qui relie la construction de ce récit à celui de séries télé. Au pire, on pourrait aussi bien le lire comme un programme n'intégrant que son propre zapping de surface, comme les émissions télé ont appris à le faire depuis vingt ans.
Est-ce que Cloud Atlas est une proposition monstre, incroyablement ambitieuse ? Je ne trouve pas. Mais pas du tout. Son envie de départ l'est peut-être, le roman dont il est tiré certainement. Southland Tales, faisant feu de tout le bois de son petit budget en comparaison, reste à mes yeux un geste autrement plus inattendu, inconfortable, ludique et fouillé, tant bien même il serait complètement raté.
PS : il y a un plan que j'ai beaucoup aimé : celui d'Hale Berry dans sa voiture au moment de l'impact. Le reste est formellement d'un convenu presque sidérant, même si le film est moins sur-découpé qu'il ne pourrait au regard des standards actuels.
PPS : troisième (et dernière) fois consécutive que je poste sur un film qui ne m'intéresse pas plus que ça. Tant que je ne pioche pas mieux pour moi, tant pis, mieux vaut publier des images...