Etonnant d’apprendre via un bonus du DVD que le scénariste était surtout branché New Order, tant l’écriture ne confère ici aucune épaisseur aux membres du groupe encadrant le chanteur de Joy Division : des figures qui n’existeraient presque que relativement à leur fonction, en outre particulièrement minime, dans le récit (et dans son genre, la nouvelle petite amie n’est pas mal desservie non plus !).
Autre faiblesse remarquable, le flou total sur un contexte pourtant essentiel : quand ils parlent (bonus toujours) de Thatcher et de ce que la musique de Joy Division a pu représenter à l’époque, je me suis rendu compte que j’avais totalement déconnecté en regardant le film.
Pas de contexte, pas d’entourage, le tout d’une sagesse assez déconcertante (difficile de ne pas rester songeur alors quant à l’épouse de Ian Curtis, co-productrice du film) : si le comédien n’est pas en cause, loin de là, toute forme d’empathie envers l’idole elle-même me semble bien inaccessible. Qu’est-ce qui manquerait d’autre à l’écriture pour échapper à cette désagréable impression de « souffretage » adolescent ? Ce n’est sans doute pas le léger léché de la photo qui aide. En revanche, bien que n’étant pas un pur enfant du rock, un vrai plaisir me vient à la découverte des morceaux, en tout cas ceux en concert : beau travail du comédien là aussi (sans me poser donc la question d’une « fidélité » ou non).
A regarder le « making of » de Control et à entendre Anton Corbijn parler de son investissement émotionnel et de la charge émotionnelle du film, je me demande alors (sans oublier que ce qui déclenche l’émotion reste tellement personnel que le débat n’est jamais bien intéressant sur ce point) si la faiblesse de Control ne vient pas bêtement du fait qu’il a été écrit par une sorte de fan et réalisé par un mec qui a vraiment connu le groupe (ayant même déménagé pour ça, et faire des photos avec eux). MOIJE ne connais rien à Joy Division et ne parviens à rien projeter d’autre que ce que la matière du film me propose ; lui/eux doi(ven)t projeter beaucoup de choses, je n’en doute pas vraiment, mais le film me laisse orphelin.
Mieux vaut alors oublier Joy Division (ici) et le plus intéressant serait finalement le côté prequel de The American, la destinée d’un fantôme, notamment pour la toute fin du film (même minée en aval par son tout dernier plan, et en amont par le flash-forward lors de la séance d’hypnose, tous deux bien épais).