Revoir le film d'animation de Wes Anderson m'aura laissé un peu sur ma faim. Il passe toujours très vite, tant il y a un plaisir constant à donner des yeux et des oreilles un peu partout : le travail sur les décors et celui sur les voix restent particulièrement jouissifs. Bill Murray et Jason Schwartzman sont impeccables, George Clooney vraiment à tomber par terre : j'étais très surpris d'apprendre qu'il est inhabituel de mettre les comédiens dans les situations comme ici, tant il est évident que cela renforce considérablement le jeu. La mise en scène est inventive et chatouille tout du long... mais vers quoi...
Oui, tout va très vite dans Fantastic Mr Fox, et j'avais comme une ivresse joyeuse à la première vision. Mais ma capacité d'émerveillement, sans cesse réactivée par le soin et l'énergie apportée au film - ce qui n'est évidemment pas rien -, finit toujours par se casser les dents. Je ne vois rien qui m'arrête un peu, qui me trouble - même la séquence du loup me semble presque expédiée -, comme si rien n'avait le temps de faire chair.
Tout en me semblant autrement plus abouti, le film me rappelle un peu mon expérience récente devant Looper, qui ne fait longtemps qu'accumuler signes et idées, comme un programme perpétuellement enrichi, mais où rien n'a le temps de vivre (c'est moins pire quand il commence à regarder la charmante Emily Blunt).
Il y a quelque chose comme ça pour moi dans le film d'Anderson : j'attends joyeusement que ça commence... C'est une ligne très claire, en mon sens plus simplifiée que simple (voir les partitions auxquelles sont cantonnées l'épouse et la petite copine), qui m'appelle finalement plus à un émerveillement "bon enfant", tant bien même de très bon goût - et ô combien bien pensant -, qu'à un véritable rapport à l'enfance.
C'était chouette pour Noël. Je lui reste attaché. Gentiment et sagement.
PS : une piste plus excitante chez Buster, même si je ne parviens pas à la suivre.