
Quand La Graine et le mulet était d'actualité dans les salles, j'avais comme attendu autant que possible pour le voir : je ne connaissais encore rien d'Abdellatif Kechiche mais la bande-annonce m'avait un peu effrayé, même si je tiens la méfiance envers les bandes-annonces pour une saine règle de vie !
J'avais été plus que surpris - comme on ne l'est presque que dans ces moments où l'on n'attend rien du tout d'un film - et, sur l'ensemble, tout simplement conquis.
Et puis le temps est passé bizarrement ensuite, d'autant que les procureurs m'interpellaient davantage que les avocats de la défense. MOIJE voulais revoir où j'en étais, et bizarrement, je différais ces retrouvailles, comme si le désir était retourné dans les limbes...
Enfin je l'ai revu, il y a peu, en DVD cette fois, et tout est revenu : le bel épuisement des scènes, la sombre fougue des dialogues, l'énergie duale des corps, cette grâce de tout ce qui advient dans les plans, de tout ce qui y naît, s'élance, et parfois y meurt, quand tant de films ne sont que des programmes, bavards (en mauvais mots ou en histoires à ronfler debout) ou tape à l'œil, exécutés sans merci ou dans un vain brio… Et Hafsia Herzi, et Alice Houri, et… tous les interprètes...
L'élan né de l'enregistrement des scènes se voit porté par un montage dont la fluidité et la maîtrise du temps - qui me semblent toujours deux qualités essentielles et rares - achèvent de m'impressionner. Je me souviens de ce billet plus détaillé qui m'avait surpris par sa proximité dans la perception. Et je laisse aller mes réserves.
PS : le mouvement final du film, son montage parallèle exténuant, perd en mon sens l'essentiel de sa force en DVD.