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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 23:30


Ludwig - Luchino Visconti

 
Le chagrin d'un regard où luit encore une braise de joie : elle ne cesse de le creuser, le fond de l'œil se consume de plus en plus profond ; le visage s'oblique.

Et je n'ai pas envie d'écrire sur Ludwig, mais… Je n'avais jamais vu ce film de Visconti, comme quelques autres encore, jusqu'à cette reprise du mois d'août. Je ne sais de l'histoire de Louis II de Bavière que quelques échos flous et lointains toujours associés à d'autres noms, et dans le même mouvement ce nom existe pourtant, un peu mystérieux ; je pensais que j'irai lire un jour à son propos…

J'irai lire un jour. Là, il s'agit d'autre chose, et cela (me) fait du bien, que d'un biopic de Louis II de Bavière : Visconti peint, par blocs (faute d'un meilleur terme) libres de transitions mais lacérés par les témoignages face caméra, un portrait de plus en plus vertigineux de Ludwig. Mais je n'ai pas envie d'écrire sur Ludwig, même pas sur la post-synchronisation, son déport vers l'italien pour de nombreux interprètes, la table d'un repas qui disparaît comme dans une trappe de théâtre, une impératrice dans un cirque qui fait marcher son cheval de côté, toutes ces choses qui tendent à…

Et j'ai vu le film deux fois cette semaine, à des horaires que j'évite d'ordinaire scrupuleusement pour risque d'affluence, et dans une bonne salle il me semble : il y avait si peu de gens, et encore moins de plus jeunes que moi. Les nuits en extérieurs dans ce film ! Ce n'était pas comme ça quand j'étais plus jeune moi-même : ce n'est pas si loin, je m'en souviens bien. Mais je reste dans la joie que le temps pris cette semaine en compagnie d'un tel travail m'a insufflé.

Ludwig se cravache à la spectaculaire beauté de l'amazone autrichienne. Ludwig étreint le grand fou dans la petite chambre. Ludwig braconne des éclats nus et lunaires de jeunesse virile. Ludwig enlise le regard qu'on lui porte, tel un Midas qui transformerait tout en ombre. Ludwig me hante.


 
Visonti - Ludwig


Un extrait que j'aime beaucoup du dossier de presse pour cette reprise :


"La magnifique réussite du film est indissociable de son interprète. Helmut Berger trouve ici bien plus qu'un personnage : Ludwig est tout simplement le rôle de sa vie. Il y a quelque chose de miraculeux dans la façon dont Visconti suscite l'identification. Berger est Ludwig, jusqu'au bout des ongles et le restera, comme une illustration indépassable, comme une projection si parfaite qu'elle se superpose au modèle, indélébile. On reste muet devant le bonheur d'inspiration - qu'il n'a plus retrouvé depuis - dont fait preuve le comédien pour exprimer la moindre nuance de l'égarement du roi sans jamais rien perdre de sa force intérieure, de son autorité. La métamorphose physique d'une vieillesse prématurée, les outrances, les moments d'absence, tout cela est rendu avec une grâce proprement shakespearienne qui ne tient pas pour peu au génie d'un acteur n'ayant pas hésité à se consumer lui-même dans l'affaire. Je n'en finirais pas d'énumérer les instants de pure magie qui ponctuent le film, la magnifique scène du couronnement ou le monologue de Durkheim, sommet d'un dialogue constamment remarquable. La visite des châteaux déserts, inutiles, par Elisabeth, est un autre moment d'anthologie, de même le voyage avec l'acteur Kainz. Mais le film de Visconti est tout aussi audacieux par ce qu'il choisit de ne pas montrer que pas ce qu'il dévoile. Tout est vu pas le prisme de Ludwig et par lui seul."
Olivier Assayas. Cahiers du Cinéma 1983.
 

 

 

Ludwig - Luchino Visconti

 


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commentaires

T
Beau documentaire sur la 5, sur la rivalité Visconti/Fellini :<br /> <br /> http://le-cinema-de-tietie007.blog4ever.com/fellini-versus-visconti
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D
Merci pour la référence. Je le chercherai ;-)
D
<br /> <br /> Bonsoir, j'avais eu aussi l'occasion de voir pour la première fois, Ludwig sur très grand écran, il y a une 20 taine d'années. C'était sublime à tout point de vue mais j'avais été génée par le<br /> fait que le film a été tourné en anglais, doublé en italien et sous-titré en français. Et il faut reconnaître que les 4 heures m'ont paru un peu longues mais c'est un film à voir. Bonne<br /> soirée. <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bonjour Dasola,<br /> <br /> <br /> Pour la durée, j'avoue que le petit entracte de dix minutes m'est maintenant indispensable pour bien profiter d'un film de cette durée. Du coup, la durée n'est plus un problème. En particulier<br /> dans ce film où la seconde partie est celle qui m'impressionne le plus. Et c'est fou comme tout passe "vite, en le revoyant.<br /> <br /> <br /> La post-synchronisation, pour une fois, ne m'a pas gêné. Je trouve qu'elle cadre bien avec l'artificialité (dans le bon sens) de la mise en scène, et avec le regard décalé de Ludwig.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> J'ai fais l'impasse sur le cinéma italien. Mais ce que tu écris là me donnerait bien l'envie de voir. Adolescent, j'avais un portrait n&b de Louis II de Bavière accroché dans un coin de ma<br /> chambre. Celui-là. Je ne savais pas qui il était, mais quelle<br /> présence ! Mon ciné à moi il a fait une rétro Kubrick. Je viens de revoir Barry Lyndon. Et puis deux jours après j'ai vu "Tu seras mon fils" qui traite également du thème du fils légitime<br /> illégitimé par l'un de ses parents. Le fameux "step into my shoes" de Kubrick qui donne également à une scène de chaussures (et à une référence dans un dialogue) dans le film de Legrand. Ravi que<br /> tu aies passé des heures utiles et agréables dans ta semaine. J'espère que ton départ approche ! (à titre perso, à 5 jours près, je fais un "non working september", sobrement...). à bientôt !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Héhé, oui, mon départ approche : le compte à rebours marque six jours !<br /> <br /> <br /> Nos mois de septembre vont donc un peu se ressembler.<br /> <br /> <br /> Vais peut-être essayer de voir "Tu seras mon fils", mais c'est compliqué : trop de films à (re)voir d'ici le départ...<br /> <br /> <br /> Pas banal, ça, d'avoir un portrait de Louis II de Bavière dans sa chambre. J'étais beaucoup plus conventionnel :-)<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> <br /> Je partage tout à fait ton enthousiasme. Comme tout les films de Visconti, celui-là m'a marqué. C'est vrai que la post-synchro est perturbante, mais la beauté des images et le romanesque<br /> qui se dégage balye tout.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> En fait, j'ai curieusement trouvé que la post-synchro allait très bien avec l'esprit du film, comme le fait que ce soit en italien, alors qu'il y a quelque chose d'aberrant là-dedans :-)<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> <br /> Salut l'ami.Film somptueux,magnifiant,hautain et proche.Comme je suis un admirateur de la plupart des films de Visconti sur lequel j'ai pas mal bossé  je n'en rajouterai pas mais je t'envie<br /> de l'avoir vu dans les meilleures conditions.Comme il vient d'être écrit:symbiose totale entre l'interprète et le personnage.Et aussi symbiose entre Visconti et Berger,sa créature,sans ambiguïté<br /> tellement leur relation était forte.Comme souvent dans ces cas l'acteur ne "survit" pas au maître.<br /> <br /> <br /> P.S.Pour la folk music je suis tombé dedans quand j'étais petit,j'en écoute depuis 45 ans,j'en joue un tout petit peu,elle fait partie de ma vie et je pourrais en parler des heures.Merci de faire<br /> quelques étapes avec moi.Tu es bien le seul,j'apprécie,mais on n'est pas obligé d'en être un inconditionnel.Pour moi ça ramène au rêve américain,au western,au livre et au film<br /> noir,à l'immense littérature américaine,au voyage.Ca comptait beaucoup en mon adolescence, lointaine.<br /> <br /> <br /> P.S.Je suis heureux que Raoul Ruiz ait été récompensé par un certain succès pour Lisbonne,in extremis vraiment.A bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Hey Eeguab :-)<br /> <br /> <br /> C'est vrai qu'il faut que je pense à revisiter tes archives italiennes, d'autant que Ludwig m'a fort donné envie de (re)voir le travail de Visconti.<br /> <br /> <br /> Je t'avoue que la "disparition" de Berger ensuite me laisse tout de même perplexe, vu le travail accompli ici.<br /> <br /> <br /> Pour la folk, je crois que j'ai plus de facilités d'approche, dans un premier temps, avec les morceaux un peu "enlevés". Il me semble que j'en avais beaucoup aimé un dans Thelma et<br /> Louise, sans doute un tube d'ailleurs (bien pour moi qui suis très dance-floor !). Mais je ne savais pas que tu jouais aussi, c'est cool ça. Cela me manque souvent de ne plus "jouer" du tout<br /> de musique...<br /> <br /> <br /> Enfin, d'accord avec toi pour Raoul, d'ailleurs Les Mystères repassent dans une bonne salle cette semaine à Paris, ce qui devrait enfin me permettre de le revoir.<br /> <br /> <br /> <br />

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