La première fois que j'ai vu le travail de Mark Ruffalo : In the Cut, le film de Jane Campion. Là, j'ai résolu que j'allais suivre, ou rattraper, autant que possible car la filmographie en elle-même m'intrigue peu.
We Don't Live here anymore, 13 going on 30, Collateral, Zodiac, Blindness, Shutter Island, You Can Count on Me, ou enfin le rigolo et très dispensable The Kids are allright (avec Annette Benning et Julianne Moore une nouvelle fois bluffantes)…
C'en est presque étonnant, à rebours, de revoir la partition explorée avec la réalisatrice néo-zélandaise : un déplacement, un décalage, et sans nécessairement verser dans le fantasme du contre-emploi, dégager un équilibre renouvelé de la présence d'un comédien. Une singularité qui peut rappeler le travail avec Harvey Keitel dans The Piano (dans un cheminement "opposé ", pour faire court).
Ici, la réalisatrice passe en mineur le mode "diffident" de l'acteur : je n'ai pas l'impression qu'il y ait beaucoup d'acteurs, et américains, qui expriment la gêne, l'empêchement, l'embarras d'une manière aussi saisissante, tranquillement douloureuse, sans coup d'éclat, comme il le fait. Une virilité "contrariée". Et le moment presque enfantin où cela bute. Ou l'on est pris en flag' de ne pas y arriver. Ou de mentir.
Je remarquais cette citation de lui, sur imdb : "I don't like this idea of Method. I come from that school, but what I was taught was that it's your imagination. You do your homework, and you use your imagination. People use the Method as a shield ; it shields them from being vulnerable. I hear all these young actors who are like, 'I'm Method, I'm gonna go live in the house, you know, I totally get it, I've done it, I've been there', but one thing I know is it kills spontaneity. They'll still give great performances, but they're not playing with the other actors - it's all about them." I couldnt agree more, et c'est bien tout le drame de certains acteurs qui impressionnent tant de monde, alors qu'ils ne jouent avec personne d'autre qu'eux-mêmes. Ruffalo fait partie incontestablement parti du clan opposé, peut-être pour ça aussi qu'il enchaîne (ou qu'on lui fait enchaîner) davantage les "supporting parts" que les premiers rôles. Je serais bien curieux de voir le film qu'il a réalisé.
PS : sans doute des client(e)s pour ce complément de programme :