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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 00:00


Vincent Lindon - Pater - Alain Cavalier

 
Etrange comme de nombreux textes - surtout dans les médias - sur ce dernier film d'Alain Cavalier placent en argument de vente la nouveauté. J'ai peut-être tort mais le côté "on n'a jamais vu ça" ne me semble pas juste. Est-ce qu'il est seulement vrai ?... En fait, je ne sais pas, ça ne me vient pas : un autre exemple... Peut-être que c'est nouveau dans les multiplexes, mais j'ai peine à le croire. L'idée est tellement là, me semble tellement ne pas dater d'hier… Au moins dans les années soixante-dix... Peut-être pas dans les grands médias ?

Je n'écris pas ça du tout pour dénigrer le film de Cavalier que je trouve très bien, qui me plaît beaucoup, et avec lequel j'ai passé un moment amusant, et vif. Mais c'est dommage d'en vanter la nouveauté comme atout, parce que son atout, sa vraie force, me semble sa belle fluidité, soit la réussite de ce type de pari en quelque sorte... Et sans doute de pousser le système (basculement incessant entre "fiction" et "documentaire") vers un de ses horizons en dénudant un rapport réalisateur/acteur.

Cela dit, j'avoue aussi que je ne partage pas l'idée d'un indécidable traversant des plans : je n'ai pas du tout l'impression de ne pas savoir parfois si je suis face au jeu président/premier ministre ou face aux deux complices et amis. Simplement, la porosité est extrême, remarquable, particulièrement remarquable jusqu'à cette permanence des tics de Vincent Lindon, symptôme patent de la rare zone de jeu où il se risque avec Cavalier, car il n'est pas question de douter qu'il joue, et cette zone-là, que je peinerais à définir, est bien celle que je préfère : celle suffisamment éloignée des Actors Studio et consorts pour que quelque chose vacille (comme le feu). Beau paradoxe du visage des comédiens avec Vincent Lindon : si nu, si vêtu.

Bref, bref, bref : très belle porosité des plans de différents régimes, et l'air de rien, tranquille et le sourire en coin, ça oui. Mais pour l'indécidable, l'inouï resterait par exemple du côté de Copie Conforme, autrement plus vertigineux (alors même que les deux régimes ne sont pas tant liés au film lui-même qu'aux deux personnages fictifs qui l'habitent ; à voir d'ailleurs comme les deux personnages deviennent alors possiblement tour à tour réalisateur et acteur de l'autre, une fois le catalyseur - la veille dame - passé).

Mais assez élucubré sur ce film où tout a déjà été écrit, on dit comme ça, et où je préfère laisser le mot de la fin à Buster : j'aurais bien aimé écrire la dernière phrase de son billet.

 

 

 

 

PS : deux entretiens que j'aime :

              * avec Alain Cavalier, par JLK :
   " -  La question du pouvoir revient en force avec Pater…
     -  Oui, et la réflexion sur le pouvoir  ne m'a jamais quitté à vrai dire. Comme mon père était un haut fonctionnaire, j'ai su tout petit, en écoutant ce qui se disait à table, ce que c'est que le pouvoir. Mon père était très fier du sien, auquel j'ai bientôt échappé, mais le phénomène du pouvoir ne m'a pas moins toujours intéressé, et dans toutes ses manifestations, qui peuvent être aussi celles d'un metteur en scène de cinéma ou d'un artiste quelconque qui peut enthousiasmer, tromper, manipuler... Or j'ai renoncé à ce pouvoir depuis quinze ans puisque je tourne seul. "

              * avec Vincent Lindon, dans Libé :
     " Ça devenait très naturel, ce jeu entre la vie et le film. Parfois je vérifiais pour lui les signaux du son, il ajustait son cadre. Et allez, on filmait… Rien n'était écrit, aucun dialogue à apprendre. Et une seule prise ! A chaque fois, une seule prise ! C'est un film où je n'ai jamais entendu les mots "moteur", "action", "on la refait"… C'est inouï... "

 

 

PPS du 16 août : j'aime beaucoup le ton du billet de Neil sur Pater.

 

 

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commentaires

N
<br /> <br /> Je trouve ça même très dommageable pour le film que tous les commentateurs aient mis en avant sa forme "nouvelle" (que je n'ai pas non plus trouvé si nouvelle). Je pense que ça a empêché pas mal<br /> de monde d'aller voir le film. Que j'ai trouvé au contraire très ludique et absolument accessible... pour qui s'intéresse un temps soit peu à la politique et au cinéma.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Coucou Neil,<br /> <br /> <br /> Oui, tu as raison, c'est carrément dommageable en fait. Et décidément, ça me rassure de ne pas être le seul à trouver que cette argumentation sur le "nouveau" n'est pas pertinente !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Pas vu Pater, il n'est pas resté assez longtemps à l'affiche de mon multiplex préféré (2 semaines ? au plus). Par contre, je suis incapable de t'aider pour un film référence, il ne me semble pas<br /> avoir vu passer quelque chose de ce genre. J'ai bien pensé à grosse fatigue mais je pense<br /> être hors-jeu. En fait c'est quoi qu'on cherche, un faux documentaire dans lequel des amis font un jeu de rôles ? (on peut citer Groland ou... ok je sors !). Normalement, ce soir, Melancholia. Bon dimanche !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Bonsoir comprendre,<br /> <br /> <br /> Ce n'est pas du tout le même genre de dispositif, mais je trouve ça intéressant de penser à Grosse fatigue spontanément. Je n'en ai malheureusement pas un souvenir assez précis. Et je ne<br /> suis tout de même pas sûr de le revoir !<br /> <br /> <br /> Sinon, ce que je cherche, c'est des gens qui se filment doublement : parfois tels qu'en eux-mêmes et parfois soumis à une fiction, au sein d'un même film.<br /> <br /> <br /> Melancholia, bien sûr, je ne vais as trop tarder : j'ai hâte ! :-)<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> <br /> Perso, sur la forme, j’ai pensé à INLAND EMPIRE dans cette volonté de bousculer quelques conventions et surtout de s’en amuser.  C’est cette légèreté<br /> et ce côté ludique, ce vieux sage de Cavalier qui s’amuse tel un enfant avec son outil cinéma que j’ai adoré.  Il y a du plaisir authentique<br /> là-dedans. Pour ma part, je n’ai pas perçu non plus de nouveauté mais de la profondeur s'associant à de la légèreté et de la distance. <br /> <br /> <br /> <br /> En tout cas, heureux que tu apprécies  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Salut Chris,<br /> <br /> <br /> Marrant que tu parles d'Inland Empire, parce que j'y pense aussi un peu, comme je pense à Médée Miracle sur un côté que je ne sais pas bien qualifier, mais pour faire très court<br /> : "documentaire sur une actrice" (ou un acteur donc). Je ne veux pas dire que Cavalier fait du documentaire sur Lindon, de même que les deux autres réals, mais il y a quelque chose qui dépasse le<br /> simple jeu avec la fiction (ouvertement chez Cavalier) dans le travail avec l'acteur ou l'actrice.<br /> <br /> <br /> Pour la question du ludique et du plaisir, je suis tout à fait d'accord. Et avec ta dernière phrase aussi bien sûr ;-)<br /> <br /> <br /> <br />

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