Une chose qui m'avait intéressé dans Redacted, dans la partie avec le vague étudiant en cinéma : comment tout le monde accepte d'être filmé, ou enregistré. Tout au moins : personne ne refuse.
Cette intégration-là de l'image me semble pertinente : la naissance d'une sorte de "seconde nature", suggérée par la généralisation de ce comportement. Je crois que cela dépasse un impératif inhérent à ces filmages "à la première personne".
D'un côté de l'objectif, les soldats ont intégré d'être enregistrés en permanence. Peuvent jaillir des refus de continuer (et non de commencer), mais il y a alors toujours quelqu'un pour autoriser la poursuite.
De l'autre, l'étudiant a intégré d'enregistrer en permanence, ou presque, au point qu'il m'est difficile de lier cet acte au fait de filmer. Aurait-il été intéressant que le scénario intègre à son tour que le montage de ses images ait aussi été effectué par ce personnage ?
J'ai revu le film, sans que rien de tout cela ne s'éclaircisse vraiment pour moi, peut-être parce que le reste de Redacted me demeure étranger... Mais je reste captivé devant le terrifiant jeu de rôles naissant lors de la partie de cartes, au fur et à mesure de la présence du "soldat enregistreur". L'ivresse à l'œuvre ici n'est pas seulement liée à l'alcool, et m'interroge, dans sa possible altération des comportements. La validation définitive du projet de viol n'interviendrait que lorsque le "soldat enregistreur" donne son "accord de participation" aux deux allumés. Il y a quelque chose de too much là-dedans. Mais : pas que.
Billet (recyclage) rétro-publié le 1er décembre 2010.