Pas d'emblée, pas parce qu'elle serait "mon genre" ou "mon type" - on dit comme ça, bizarrement -, mais au fur et à mesure des plans qu'elle taquine, craquer pour Natacha Koutchoumov, et croire alors que le charme possible d'Un Autre homme tiendrait avant tout à l'amour tangible de Lionel Baier pour les comédiens qu'il filme, tels aussi Elodie Weber et Robin Harsch, jusqu'à une sorte de climax avec l'arrivée in extremis de Bulle Ogier, irrésistible.
D'ailleurs : étrange impression que le film se libère d'un poids à l'arrivée de Bulle Ogier. Comme s'il arrêtait un peu de se regarder (trop). Comme si là, Un Autre homme baissait armes ou boucliers pour se laisser avant tout travailler (par) un de ses (vrais) désirs…
Le film n'est pas cynique, alors qu'il aurait pu, aisément, vu les mécaniques qu'il narre : j'ai envie de l'aimer. Et pourtant : douter qu'une forme de générosité du regard prévale ; craindre ici davantage les traits lancés sans véritable urgence, sans enjeu. Avec cette impression trouble qu'il y a bien un peu des corps, mais pas tant de chair que ça, ni surtout… de souffle.
Le premier plan s'organise sur un pare-brise recouvert de neige. Le personnage joué par Robin Harsch commence à enlever le froid blanc de ses mains, Lionel Baier arrive et lui donne un truc pour gratter. Curieusement, à partir de là, séquence finale à part, les scènes me semblent davantage besogner au grattoir qu'à la main, et gratter la vitre, l'objectif de la caméra bien sûr, bien plus que ce qui est placé devant.
Est-ce que je vais trop vite ?… Est-ce réductible à une affaire de goût ? Ces cadrages qui me semblent souvent plutôt scolaires ? Idem pour ce noir et blanc ? Ces dialogues rigolos mais corsetés dans leur efficacité ?... Peut-être que ce sont les désirs de MOIJE qui somnolent encore : encore un film dont je ne sais trop quoi vivre, au fond, mais qui m'intrigue parfois (un renard jeté dans la neige), me séduit souvent par ses gestes ludiques (mais moins par son côté joueur), et surtout, donc : un beau lien avec les acteurs. Alors, tenter Comme des voleurs (à l'est), ou un prochain… Cela peut être la moindre des choses de faire grâce à un film de ne pas lui en trouver, précisément, de la grâce. Même si Un Autre homme inhale peut-être plus qu'il n'inspire, se retrouvant trop vite à bout de souffle. Et fatalement.
PS : une approche que j'aime, plus complice.