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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 13:57


Isabelle Huppert - Médée miracle

 

 

 

Depuis le mercredi 30 mars dernier, le Reflet Médicis propose de découvrir Médée Miracle de Tonino de Bernardi. J'attendais de voir ce film depuis un certain temps (et j'avais pu croiser Rosatigre), et le voilà sorti en France presque secrètement. Comme je ne me sens pas spontanément proche du travail du réalisateur, ou je le crois, je profite d'une "rencontre" avec lui pour y aller, conservant cette impression que la présence de l'autre, ce que j'en perçois, m'aide parfois à approcher ce qu'il cherche.

Pour le film, je repasserai (et volontiers) : la séance était bondée, ce que j'avais oublié d'envisager n'ayant plus du tout l'habitude que ça (m')arrive ; j'étais alors bien trop mal placé pour dépasser un simple aperçu de la proposition (1). Bref, le monsieur arrive, il y a aussi sa fille, qui joue dans le film : leurs présences me séduisent immédiatement (ou je me séduis immédiatement avec elles). J'ai l'impression que ça a à voir avec la bonté, que c'est ça qui émane fortement d'eux d'emblée.

Sans doute, je ne peux qu'avoir envie de suivre une démarche qui privilégie le possible à la démonstration, l'ambivalence à la schématisation (ou la relativité à l'absolu, pour reprendre les mots que le réalisateur emploie). Mais ce qui pourrait aussi devenir réducteur via la formulation, si le volontarisme l'emportait sur la recherche dans le processus créatif, me semble bien étranger aux deux films que j'ai pu commencer à regarder : la nature profondément organique de leur cohérence me semble évidente, bien qu'intime, presque secrète. Pas étonnant alors pour MOIJE que ce réalisateur ait depuis longtemps souhaité travailler avec Isabelle Huppert, et réciproquement.

Le distributeur italien du film évoque à un moment la manière dont, selon lui, Isabelle Huppert accomplit un véritable autoportrait du réalisateur (et, selon lui encore, peut-être son plus grand autoportrait à ce jour). Et de ce que j'ai cru voir et entendre du film et de l'homme, je trouve ça très troublant et très juste. Cela me rappelle que j'aimerais un jour tenter de parler de cette différence entre les interprètes dont le travail se fonde et se nourrit presque exclusivement sur le/du personnage qu'ils jouent et ceux dont le travail intègre profondément l'œuvre. (Je le dis pour le faire).

Mais ce n'est pas pour Huppert que j'ai "craqué" ce jour-là (ça, c'est fait depuis longtemps), et il serait dommage que les allergiques à l'actrice se détournent de cet "italien en fuite". Tonino de Bernardi préfèrerait dire : "Je n'appartiens pas au cinéma italien" (2), mais se reconnaît aujourd'hui italien parce que les films qui tentent de naître dans son pays d'origine sont en danger, plus que jamais (et comme tant d'autres choses), avec Berlusconi et ses sbires. D'autant que quoi que je finisse par penser du film, et qu'il me plaise ou non, je ne peux déjà plus refouler cette intime conviction d'avoir vu un artiste, grand ou/et misérable mais rare. C'est le second film que j'aperçois de lui, et le premier en salle. Il a été tourné il y a quatre ans déjà. Il sort seulement maintenant. Dans une salle. J'ai l'impression que ces situations catastrophiques se multiplient, même en France, même à Paris. Mais j'essaie de préférer penser : tant qu'il y a des miracles.


 

 

Médée miracle - Tonino de Bernardi 



(1) Je ne connais rien à Médée, comme je ne connais rien aux grands mythes : j'ai vu, avec beaucoup de joie, la Médée déjà interprétée par Huppert au théâtre dans une mise en scène de Jacques Lassalle ; aperçu le film de Pasolini aussi il y a longtemps ; je me souviens simplement de la version la plus courte et la plus célèbre, en tout cas en France, du mythe. Cela ne m'aura pas vraiment empêché d'en apprécier beaucoup le "miracle" ici.

(2) Tonino de Bernardi fait partie des réalisateurs qui ne définissent pas leur terre de manière "nationale", mais, bien sûr, selon une cartographie intime de spectateur où il peut citer Rivette, ou, par exemple… Oliveira. Alors, décidément, aussi : comment saurais-je ne pas vouloir l'aimer ? ;-)

 

 

PS du 21 avril : depuis une semaine, les séances se sont réduites au Reflet, mais le film se joue également ponctuellement à l'Entrepôt.

 

PPS du 26 mai : notes sur le film.

 


 


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commentaires

U
<br /> <br /> Je tâcherai de trouver ce film ! Par contre, je suis content de voir que l'Entrepot perdure !! Je me souviens y être allé voir le décalogue complet de Kieslowski  ..il y a pas mal de temps<br /> ...je devais avoir 17 ou 18 ans et  au début on était  3 ou 4 et finalement je suis resté tout seul pour les 6 derniers il me semble !<br /> <br /> <br /> Trop de boulot en ce moment  ... enfin surtout trop de temps supp pour compenser une inaptitude chronique à la mise en place d'un échéancier de prod censée !<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Salut Ultimo !<br /> <br /> <br /> Oui, l'Entrepôt est fidèle au poste et offre toujours une programmation variée voire des reprises ponctuelles inattendues.<br /> <br /> <br /> Bon courage pour le boulot, tu nous raconteras ;-)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> Bonjour D&D, merci d'évoquer ce film dont j'ignorais l'existence. J'ai vu qu'il ne se donnait plus qu'à 11h40 certains jours. J'irais peut-être. Rien que pour Isabelle Huppert que j'apprécie<br /> beaucoup depuis très longtemps (du temps de Violette Nozière). C'est une actrice hors-norme. Bonne après-midi.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Bonsoir Dasola,<br /> <br /> <br /> Content de pouvoir être un peu utile : ton commentaire me permettra peut-être même de l'être davantage ! En fait, depuis une semaine, le film se joue également à l'Entrepôt sur d'autres horaires.<br /> (J'étais inquiet de penser qu'il ne passait déjà plus qu'à 11h40, même si cela arrive).<br /> <br /> <br /> Et comme nous partageons un vif intérêt pour le travail d'Isabelle Huppert, je t'avoue que maintenant que j'ai revu le film, je trouve qu'elle y délivre une de ses plus passionnantes recherches<br /> au cinéma sur ces dix-quinze dernières années, peut-être même la plus vaste depuis La Cérémonie. Enfin, il ne s'agit pas non plus de créer les conditions d'une déception en hurlant trop<br /> au loup :-)<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Merci ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Toi-même ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> <br /> Tiens, en lisant ton coup de foudre pour I. Huppert, je pensais à mes sentiments partagés à son égard.<br /> J'adore, j'admire, je suis bluffé par son travail d'actrice. Rien d'original là dedans (dans le fait d'apprécier l'actrice, j'entends).<br /> Par contre le personnage m'agace quand elle se la joue. Je m'explique : je me souvient d'une cérémonie des Césars où elle se tenait aux côtés de Haneke. On pouvait sentir leur regard<br /> méprisant sur cette assemblée et sur l'évènement. Je comprend l'attitude mais pourquoi venir dans ces cas là ? J'ai eu souvent ce sentiment en la voyant, en l'écoutant.<br /> Oui je sais je chipote.... ^^<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> :-)<br /> <br /> <br /> Admirer le travail de quelqu'un et ne pas éprouver de sympathie à son égard... je crois que ça arrive souvent avec Huppert.<br /> <br /> <br /> J'ai l'impression que c'est quelqu'un d'assez "secret" ou "réservé", je ne sais pas qualifier ça plus précisément, et d'une réelle exigence. Ce sont des choses qui passent souvent mal, en<br /> particulier sur les terrains médiatiques qui reposent maintenant essentiellement sur l'inverse : le dévoilement et la com-plaisance, au moins de manière apparente. Il y a finalement assez peu<br /> d'acteurs, à cette ampleur de célébrité-là, qui n'intègrent pas majoritairement ce double diktat (par brio, par nécessité ou par veulerie). Pour autant, je la trouve toujours d'une vraie<br /> politesse, même si très sobre, donc je ne me suis encore jamais heurté à une de ses interventions, et je les trouve plutôt "précieuses" par les temps qui courrent. Elle donne pas mal dans<br /> l'humour "plus que" pince-sans-rire aussi, et je suis sûrement très bon client de ça.    <br /> <br /> <br /> Tout cela dit, je ne doute pas qu'elle fasse également des erreurs ou des maladresses, mais je n'ai pas vu la cérémonie des Césars dont tu parles, alors je ne sais pas si je ferais la même<br /> lecture que toi de son attitude. <br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Pour ma part, je ne parlerai ni de tarte au citron ni de Bob Marley  mais de demander si tu avais fait une note<br /> quelque part sur Dharma Guns.  Bien sûr, tu peux<br /> effacer mon post par la suite mais je ne sais où je peux demander des questions hors sujet sur ton blog. <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> <br /> Salut Chris ;-)<br /> <br /> <br /> Non, je n'ai pas fait de notes sur Dharma Guns. Mais c'est très rare que j'écrive sur un film auquel je "n'adhère pas", d'une manière ou d'une autre.<br /> <br /> <br /> Si le film lui-même t'intéresse, il y a pas mal de choses sur le réal ici, dont un<br /> billet sur Dharma Guns, que j'aime beaucoup.<br /> <br /> <br /> Enfin, pour les questions "hors sujets", ce n'est pas dérangeant, je trouve, et je ne vois pas bien quel espace créer. En l'occurence, on peut même considérer ici qu'il y a un lien : Médée<br /> Miracle et Dharma Guns sont tous deux présentés médiatiquement comme des films non formatés, pour ne pas dire des ovnis !<br /> <br /> <br /> <br />

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