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22 juillet 2007 7 22 /07 /juillet /2007 15:12

 

Lost Highway - David Lynch

En train d'écrire un article trop long, alors d'ici sa publication,
mise en ligne d'une
nouvelle galerie, dans une foulée de l'article sur Scream,
sur ce qui me reste avant tout de 1997, hors notion de genres...


Lost Highway - David Lynch

Et pour les autres inconditionnels du Lynch qui en ignoreraient l'existence : 
http://www.davidlynch.de ... soit un site allemand (en anglais) sur le maître
offrant notamment de biens belles photos, telles celles reproduites ici.



Lost Highway - David Lynch

 

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16 juillet 2007 1 16 /07 /juillet /2007 20:03

 

Scream - Wes Craven

 

HAPPY BIRTHDAY TO YOU...



Avoir peur au cinéma. Très peur. Assez rare. Redoutablement intime... Générationnel aussi ?


Quand j'ai vu l'Exorciste ou Shining, au fond, je n'ai pas eu peur. C'est la génération d'avant. Je trouve. Ce qui m'intéresse ici : cette chose entre suspense et angoisse insoutenable. Pas l'effroi. Pas l'horreur. Ou la surprise. Même si l'effet de surprise est souvent la cerise sur le gâteau, presque obligée, et libératrice… Scream est sorti en France il y a tout juste dix ans, et la séquence inaugurale reste le moment le plus terrifiant que j'ai vécu dans le genre… depuis dix ans. Ensuite, dans ce que j'ai vu, je n'ai pas tout vu, me reviennent surtout : Event Horizon, Resident Evil et The Village. Voire 28 jours plus tard et Jeepers Creepers (en DVD). Ah oui, le truc dans le métro à Londres, découvert en DVD aussi… Creep. Le cas particulier de Ghosts of Mars dont j'espère que j'arriverai à parler une autre fois. Peut-être Cabin Fever. La peur perd beaucoup de la salle au petit écran. Moins vrai si l'on regarde le film seul dans le noir avec un casque…


Qu'est-ce que je veux dire ?... Je me demande si la peur est desservie au cinéma depuis dix ans ; ou si je suis sorti du truc. Je me demande si la génération d'après me ferait remarquer qu'il y a des trucs carrément plus flippants que Scream, mais si je les vois moi... ben... non... même pas peur, pas vraiment, comme Shining ou l'Exorciste.


Pas sûr, mais : peut-être. Peut-être Scream est le point de sortie pour moi (et peut-être le point d'entrée des ados de l'époque ; si point d'entrée il y a, ce serait à partir de l'adolescence, au cinéma, pas avant : l'enfance se suffit à elle-même pour ça, et la grande peur au cinéma aurait à voir avec une connexion inattendue avec les peurs d'enfance, donc il faudrait en être sorti ?). Je me souviens parfaitement du point d'entrée : le Silence des agneaux. Le seul film où j'ai été littéralement terrorisé de la première à la dernière image. Je revois Jodie Foster courir dans les bois et j'ai déjà l'impression que je vais crever. Je revis Bill l'observant dans le noir, impuissante avec son revolver branlant à la main, et ç'aura été le sommet de l'intenable pour moi. Mon climax de peur cinématographique. Sûr : hors idée de point d'entrée et de sortie, le Silence des Agneaux et Scream auront balisé la peur de ma génération.


Alors je pourrais devenir aussi totalement vieux con (mais en plus d'être un tantinet nostalgique, ça va faire beaucoup), et me dire que Scream aura été, à ce jour, le chant du cygne de Wes Craven plutôt que sa renaissance. Depuis, il encaisse les biftons, tant mieux pour lui, même si ça nous impose un délayage de franchises souvent ingrat… Certes, la fin de Scream, malgré l'alibi de l'ironie tellement idéalement salvatrice, laissait bien paraître l'espace un peu trop lâche entre les neurones de Kevin Williamson. Quelle importance…


Je reste accro à Drew Barrymore. Quand je remettrai le DVD, j'aurai encore envie qu'elle s'en sorte, que la voiture de ses parents se gare plus vite et qu'ils regardent dans la bonne direction ou qu'ils s'achètent des oreilles, je ne sais pas, n'importe quoi. Bref, c'est un peu beaucoup son anniversaire à elle aussi…


Euh… Bouh !




PS : une suite à cet article ici 


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8 juillet 2007 7 08 /07 /juillet /2007 21:05

 

Belle toujours - Manoel de Oliveira

 

 

 

Comme beaucoup de gens, j'ai été plus jeune un jour.


Par exemple, un jour, j'étais étudiant, de ceux qui allaient voir un film par jour en salle, ou presque, sans pour autant faire des études cinématographiques. Sans quoi, c'eût été deux ou trois, n'en doutons pas…


Aujourd'hui, je me demande comment tel miracle a pu se produire, ne serait ce qu'économiquement, alors qu'aucune forme d'abonnement illimité n'existait. Je passe sur les cinémathèques, vidéothèques, ou autres, n'ayant pas fait d'études ciném… C'est donc un curieux mélange de satisfaction - quand j'arrive à tenir la barre des deux films par semaine - et de honte, bien entendu : insuffisance, entre manquement et carence.


Un peu de temps a donc passé. Et même, je me souviens comme j'ai été plus jeune un autre jour. Par exemple, tout début juillet : j'ai lancé un blog, balancé un premier article, avant même de dire bonjour, avant de me demander s'il valait mieux le faire, ou pas du tout, me présenter, ou pas directement, dire que tenterait ce blog, ou pas encore… Un peu de temps a repassé, par-dessus l'autre, et tu commences à te dire que c'est un peu abrupt comme entrée en matière, ou que cet article-là d'emblée ferme peut-être le champ autant qu'il ne cherche à l'ouvrir, ou que ça peut sembler froid, quand tu étais sorti un peu fiévreux de ce film et que tu avais cherché les mots pour décrire la température, et non la faire tomber. Surtout, tu t'es dit merde, les pauvres amis qui ont fait l'effort d'aller lire ça, peut-être, voire le pauvre inconnu : on ne peut pas empêcher que quelque chose comme de l'attente soit générée. Pas l'attente du nouvel article. Non. L'attente de quelque chose que l'on a vue dans le premier article, que l'on espère retrouver dans le second, si second il y a, enfin le jour où il se pointera, puisqu'il semble promis : a blog is a blog is a blog.


Heureuse coïncidence : étant moins jeune que l'autre jour, il m'arrive aujourd'hui parfois d'être fatigué. Par exemple tel qu'on ne l'est presque jamais lorsqu'on est étudiant. Evidemment, généralisation abusive, mais tout le monde aura compris (ce que je pourrai rapidement vérifier en quelques coups de fil, warf, warf, warf !).


Je recommence.


Je suis fatigué. Comme cela arrive. Comme cela arrive par exemple après une journée de travail qui semble plus rude que les autres. Je me reconnais donc et me présente ici comme privilégié : je veux dire, certaines de mes journées sont moins rudes que d'autres, et je peux alors tout à fait projeter d'aller revoir le De Oliveira, le Tsai Ming Liang ou de tenter le Apichatpong Weerasethakul

 

Mais ce soir : trop fatigué, ou je l'ai cru. Alors rien. Ou un peu une triste gueule de bois, avec des flashs de sprints dans le métro pour attraper ce film que je ne raterais pour rien au monde, même s'il y a trois changements, tant pis pour le cours de…


Ce n'est pas grave. La bonne nouvelle : il n'y pas de deuxième article.


La meilleure nouvelle : demain, je sais que j'irai revoir Belle toujours ou I don't Want to Sleep Alone. Demain, je serai plus jeune que ce soir. 


 


Belle toujours (Tournage) - Manoel de Oliveira

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2 juillet 2007 1 02 /07 /juillet /2007 21:58

 

Zodiac - David Fincher

 

 

 

Bienvenue dans la maison des hommes. Il y aurait des adultes, des hommes qui seraient dans la vie, qui AGIRAIENT ; il faudrait être viril et rechercher autant la vérité que les justices (de fond, disons une morale, et de forme, soit les tribunaux). Ça leur serait fatiguant, lassant, décourageant ou enrageant… Alors ils iraient au cinéma, par exemple. Par exemple, c’est l’histoire d’un inspecteur très sérieux qui court après un vrai tueur en série, et ce sont des FAITS REELS, comme ils disent, alors c’est franchement grave, c’est super important ce policier très sérieux qui court et n’en pleut plus, il va craquer, c’est sûr. Et quand vraiment il n’en peut plus, alors on lui dit d’aller au cinéma.


On lui dit : « See a movie ».


On a l’air de lui dire de se détendre. Mais c’est peut-être la clé. On a l’air de lui dire de se détendre : fais quelque chose de pas sérieux, ça va faire baisser la pression dans ta tête, et comme ça tu ne vas pas exploser. Tu vas rester un adulte responsable qui va au cinéma pour se détendre et tout ira bien… Non. Ça ne va pas aller du tout. Parce que la vérité va éclater. Pas ce qu’on avait voulu apprendre, dans la maison des hommes. Il ne fallait pas dire : « See a movie ». Si, il fallait. Comme un test ultime, le certificat d’adulte social. « See a movie », et si tu as bien appris, si tu es bien au chaud dans la maison avec nous, alors tu ne verras rien, et ça va bien te détendre. Sauf que.


Je recommence.

 


 

Zodiac - David Fincher

 

 

 

Bienvenue dans la maison des hommes. Il y aurait des grands enfants, des hommes qui seraient dans la société, qui s’agiteraient ; il faudrait maîtriser les codes de la virilité et savoir jouer grandeur nature à se faire peur (chez les policiers) et à faire peur (chez les journalistes), jusqu’à l’indispensable Game over : la résolution/révélation. Ce serait presque toujours obsessionnel, voire compulsif, une fuite en avant autant qu’un immobilisme total. Parce qu’il faut continuer à croire : que ce sont des adultes, que la maison des hommes est sûre, qu’il y a un sens logique et édifiant au cours des choses et du vivant, une juste rationalité où cow-boys, voleurs, indiens et gendarmes ne renvoient qu’à leur panoplie. Des archétypes de rôles à jouer en guise de vie. Mais si quelqu’un voit un film, ça peut basculer…


Si un inspecteur va au cinéma pour voir un film policier, censé le divertir, il ne va pas pouvoir rester. Parce que même ce cinéma-là, pas intimidant, qui s’avance presque masqué, renvoie tout de suite ça : le vaste jeu. C’est le Zodiac ou le Scorpion ? Et c’est quoi cette breloque de justicier ? Dirty Harry ? C’est quoi cette caricature de la virilité ? Non. Pas une caricature. Juste le miroir retourné. Avec toutes les coutures apparentes. Sans se donner la peine d’avoir l’air policé. Est-ce que tu voulais que ce soit Allen le coupable pour que ça s’arrête ? Evidemment. Evidemment pas pour que ça s’arrête. Pour que ça continue. Pour que les rôles soient validés. Bien sûr, que c’est peut-être lui le coupable. Ce n’est pas le problème. Le problème, c’est qu’il reste du cinéma irréductible au divertissement, et qu’on peut encore y voir quelque chose. Et le tueur a une longueur d’avance. Parce qu’il a reconnu dans Les chasses du Comte Zaroff quelque chose qui était sa vérité. Ou tout comme*. Avec les meilleures intentions du monde, la morale esthétique finira toujours entre les mains de celui qui regarde. Alors ce serait aussi l’histoire des fantoches du Mal qui ont une longueur d’avance sur ceux du Bien, en sachant reconnaître une vérité dans l’art quand d’autres n’y voient plus que divertissement (permanence du mensonge).


L’intuition : cette séance de Dirty Harry, idéale jusque dans l’ambivalence (esthétique, morale et commerciale) du film choisi, est le moment charnière du film. C’est là que le relais commence à passer du policier au dessinateur. C’est là que ça se passe pour de bon : le film quitte les rails du thriller à résolution/révélation. La séquence de croisement (magnétique mais ignoré) du policier et du dessinateur aux abords de la scène du meurtre du chauffeur de taxi n’en est que la confirmation. On rentre dans le grand mouvement. Le dessinateur va reprendre l’affaire. C’est-à-dire que d’abord, il va perdre pied, puis il sera sauvé parce qu’il est double et abandonné.


Je recommence.

 

 

Zodiac - David Fincher

 

 

 

Bienvenue dans la maison des hommes. Il y a quelqu’un qui n’arrive pas tout à fait à y entrer. Le dessinateur, donc. Cartoonist. Pas très sérieux, tout ça. Et il perd pied en essayant de rentrer dans la maison. Il y a deux pères à quitter. D’abord, le journaliste, presque une figure de vrai grand enfant, puisqu’il sait, lui, que ce n’est pas sérieux, mais pas du tout**. Et sa manière ultime de renvoyer le dessinateur est un peu plus féconde que celle du second père, le policier. Ils ont pourtant l’un comme l’autre du mal à entendre ce que Junior essaie de leur dire (écrire un livre, la fin de Dirty Harry) : c’est comme s’il refusait de grandir (il ne comprend même pas le mot  business), ils vont finir par le laisser. Se débrouiller. Se dédoubler et les remplacer tous les deux. Là, il tourne au bord du piège : il devient super investigateur, il devient un adulte social pour de bon, ça veut dire qu’il se met à s’agiter, qu’il devient obsessionnel, jusqu’à l’overdose (overgame), qu’il faut que la machine tourne pour que du sens soit affiché. Là, il devient un vrai représentant de la maison des hommes : profondément irresponsable et égoïste. Et il est alors nécessaire que femme et enfants (dont il fait ses collègues) partent, pour leur survie ; pas à cause des risques liés au tueur, mais parce qu’il y a un grand enfant irresponsable dans la maison qui ne s’endormira pas avant d’avoir trouvé la fin du conte.


La première chose qui le sauve, c’est qu’il n’est pas si viril que ça. Il n’a pas un flingue à la main, il est spontanément plus proche du journaliste un peu ambivalent et décalé, qui boit (entre autre) de plus en plus, parce que ça ne rime à rien. Ce qui le sauve vraiment, c’est d’être du côté de la création, en douce, sans oser trop encore, avec ses dessins. Alors il est resté jusqu’à la fin du film, c’est important de la raconter au policier, même pour de mauvaises raisons***, pour dire que le tueur s’est fait prendre, et tout ira bien dans la maison. Mais non. Il faudra des années, aller au bout des illusions de quête de sens pour accoucher simplement d’une œuvre. Un livre. Dont l’histoire n’est peut-être que le menu détaillé d’une obsession. C’est déjà ça. C’est déjà plus vrai que l’obsession elle-même. C’est peut-être, au bout, devenir soi, entrer vraiment dans la vie.




David Fincher - Zodiac

 

 

 

Il y a un policier qui ne s’en sort pas, et son collègue qui a sauté du train en marche pour tenter de rejoindre une vie dans une disparition si discrètement vertigineuse. Il y a un journaliste qui se laisse dérailler, il n’a peut-être pas vu ce qu’il y avait en dehors de la maison ou il en a eu peur, il a intégré cette peur là et il la calme à grandes rasades. Ces trois décrochages surviennent à l’image autour de la confrontation avec le suspect préféré, sans doute le bon. Il y a un jeune dessinateur qui n’a pas l’air d’avoir commencé à vivre et sera peut-être sauvé par son œuvre. Aussi par la patience sans complaisance d’une femme. Comme souvent chez Cronenberg, quelque chose suggère que la femme sait, déjà, comprend. Elle est dedans. Et l’homme passe par sa création pour s’incruster dans le vivant.


Il ne s'agit pas seulement de scénario, pourtant certainement brillant. La caméra traverse ces hommes presque bidimensionnels plus qu'elle ne les scrute. Pied de nez d'un casting parfaitement alléchant. On ne distingue pas si vite les brillants "premiers rôles", des seconds, voire des derniers, voire des enfilades de bureaux ou de voitures… Tout est fluide, tout coule, tout s'élance et fuse dans une bande son implacable. Et tout est déjà mort. Les explosions de violence pure de la première moitié du film, suffisent à rappeler que les jeux sont faits. Ou presque. Il y aurait quelque chose de vraiment important, qui rappelle la vie, qui rappelle à la vie, malgré tout : le cinéma donc. Ce serait un film ou la vérité et la vraie maturité seraient du côté du cinéma, et pas des commissariats ou des salles de presse (sans parler de la télé où la mascarade atteint son comble avec le toujours irrésistible Brian Cox). On oserait dire que c’est l’œuvre de la maturité pour Fincher qui revient forcément de loin avec le brio visuel initial qui est le sien (et qui menace toujours de le faire déraper). Humble beginnings. Avant d’arriver à l’œuvre, il y a ceux qui peuvent venir du clip, ou pourquoi pas du dessin, pas loin de la BD. Madame Bovary, c’est lui, c’est le dessinateur, qui donne au film ses couleurs incroyables, qu’on dirait jamais vues : ces jaunes, ces verts, ces bleus qui s’arrachent à d’exceptionnelles gammes de bruns et gris voire gris métallisé et tout à coup c’est genre de la SF ou tout comme. Ces couleurs sont incroyablement belles parce qu’elles sont franches et tristes à la fois, douloureuses, les couleurs d’une BD d’enfant tout juste expulsé de la maison des hommes. Et qui essaie de commencer à vivre. Sans plus trop attendre. Et en attendant tout à la fois, des œuvres. Maintenant. Et ici : see a movie.



  Zodiac - David Fincher

 

 

 

*
La réalité du Zodiac est peut-être davantage vers l'écriture. Les chasses du Comte Zaroff (The Most Dangerous Game) renverrait d’abord au livre, aux dires du suspect favori. Mais c’est le regard porté sur lui qui compte le plus ici. Et celui qui le porte vraiment, qui veut voir, dont l’ultime but est de « look at him in the eyes », le dessinateur, lui est autant un homme d’images que de textes, BD oblige. A l’arrivée donc, il est le narrateur, le plus proche du réalisateur. Le cinéma, c’est aussi de l’image et des mots. Des mots qui vont jusqu’à s’inscrire à l’image (scène dans la salle de rédaction où Graysmith voit le contenu de la lettre du Zodiac se surimprimer en 3D à son environnement). L’hypothèse de Cyril Neyrat dans les
Cahiers du Cinéma (de bout en bout passionnante - N°624, Juin 2007), n’en interdit pas une autre qu’il effleure à la fin. Je penche plus pour une vision du Zodiac recréée par le dessinateur et le réalisateur, que pour une reconnaissance de deux créatures de même matières – le dessinateur et le Zodiac. Mais le miroir est là, bien sûr (notamment dans le traitement « dessiné » et permanent des deux personnages, Neyrat encore). De fait la reconnaissance et le traitement cinématographique du Zodiac lui sont extérieurs : ainsi sa signature sur bobine de film est avant tout une fausse piste narrative et donc surtout la vérité du regard du dessinateur ; l’utilisation ponctuelle du ralenti dans les meurtres serait aussi cette projection cinématographique sur le tueur, plus qu’une simple coquetterie visuelle. C’est par l’écriture que le Zodiac, dont les lettres déjouent les graphologues, s’en sort. C’est par l’écriture que Graysmith va au bout de sa quête et pense mûrir (« I’m not a cartoonist anymore »). La force du Zodiac est aussi son aptitude à avoir fait une chose : « breaking the pattern ». Briser le motif. D’où possiblement un film dont le récit réconcilierait ses hier, aujourd’hui et demain (en flirtant encore avec le texte de Neyrat) : l’écriture, l’image, le numérique.


**
Savoureux badge « I’m not Avery », arboré par Graysmith au moment où la fusion est la plus forte au bac à sable.


***
« Dirty Harry gets him » : c’est bien la première chose intégrée par le dessinateur. Seule l’urgence de la dire à l’inspecteur trahit ce qui se joue réellement. Le film aurait avant tout servi à réactiver les croyances, le faisant entrer de plein pied dans la maison. C’est aussi plus profond : la croyance dans le cinéma. Comme passer de l’espoir à la foi (hors toute connotation religieuse bien entendu). Le parcours de Graysmith devient dès lors une traversée du fantasme. Aller au bout. Au bout de l’illusion pour s’en affranchir, selon le modèle Muriel (P.J. Hogan) entre autres. Le bout du fantasme : la confrontation avec la sœur de la première victime (à l’image). Il tente de la forcer à dire que le tueur s’appelle Rick, il veut remplacer sa mémoire : le dessinateur veut substituer au réel un monde qui s’accorde à ses désirs. Ça ne marche pas comme ça. On remarque simplement que c’est une femme qui résiste, encore, en face. Game over. La vérité du cinéma et l’approche cinématographique du tueur sont le plus beau moyen pour regagner la vie, et non la fin, non la vie même.

 

 


Zodiac - David Fincher

 

 

 

 

PS de rappel : de mettre un film en mots, il est joyeusement vain
                    sûr on parle de soi, quequ’ part ça fait du bien ?

 

 

PPS : belle affiche américaine, je trouve.

 

 

(Billet remis "au propre" le 5 août 2011)  llet re-publié en date d'origine et quasi à l'identique le 30 janvier 2011 (actualisation des illustrations et mise en forme).

 

 


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