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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 12:20

 

Episode précédent : La Fille de mes rêves… ou Devenir une grande personne…


 


La Mort aux trousses - Alfred Hitchcock

 

 

 

 

Le Mariage de Maria Braun sort sur les écrans, mais je suis loin de (pouvoir) le savoir. Ce sera bientôt l’année de Stalker mais j’ai une tente d’indien, un bac à sable dans le jardin - j’ignore encore la chance que c’est d’avoir un jardin -, et des voisines avec qui je m’amuse bien, et, parfois : je suis emmené au cinéma. 

 

Voir de grandes personnes, d’un autre genre, un peu foufou, qui amuse. C’est rigolo. Je ris. J’adore. Ce n’est ni dangereux, ni attirant. Je vais de C’est pas moi c’est lui en Coup du parapluie, et le nom de Valérie Mairesse s’inscrit dans ma tête, ce qui m'offrira plus tard de troublantes retrouvailles avec Le Sacrifice... Bref, c’est vraiment Pierre Richard  que j’ai préféré alors, et je crois, tout bêtement, parce que le contemporain, c’était lui. Il restait Louis de Funès, aussi, et ça sentait la fin.

 

Mais ce n’est pas ce qui m’étreint : Romy Schneider, Alain Delon, et surtout des films américains avec Cary Grant, Grace Kelly, Ava Garner ou Clark Gable ; eux, ils ne me lâchent pas, même si je ne fais parfois que les apercevoir de loin, la nuit. J’écoute parler des sorties de La Mort en direct (le titre me fascine et me terrifie à la fois) ou de La Banquière et je pense confusément que tous ces gens-là, au cinéma, sont dans des films de grandes personnes. Comme si ce que je voyais à la télé, c’était la part émergée de l’iceberg. Je rêve du jour où je verrai ces films-là. Il y a ce film aussi qui s’appelle Elephant Man et dont j’aperçois des images sans être sûr de ce que je vois …

 

Et finalement, c’est assez simple, cette première croyance d’enfant, ce tout petit renversement des mots, qui me fera marcher sur la tête longtemps : croire que les grandes personnes, ce sont des personnes GRANDES ! Alors, forcément, avoir tellement hâte de rejoindre cet endroit-là. Qui ressemble certainement à ce que j’en vois, bigger than life, je ne me doute de rien, puisque j’ai un jardin, que tout le monde autour a plutôt l’air de s’en sortir… Puisque papa et maman ressemblent tout à fait à ces gens sur l’écran… Et elle aussi… Mademoiselle… 

 

Plus tard, quand des mamans disent « mon grand », c’est émouvant, là, ce petit mensonge, alors qu’elles savent... Et seulement là. 


 

 

Le Crime était presque parfait - Alfred Hitchcock

 

 

 

 

Heureusement, avant la chute : il y a Pif et Mickey, à croire que je n’avais déjà pas peur de me contredire. Trop sans doute, puisque c’est ainsi que je perdis ma bonne vue, à lire la nuit, ne dormant pas tôt déjà, avec ma lampe de poche, comme si mon lendemain dépendait de la suite des aventures d’Hercule et de Donald. 

 

J’étais encore bien loin de la littérature. Mais j’éclatais de rire et papa et maman, ou maman et papa, débarquaient dans la chambre, s’écriant comment c’était possible que je n’ai pas encore compris que je m’arrachais les yeux.

 

Et la lampe de poche, dans le petit tiroir de la table de nuit, attendant là en cas de coupure d’électricité, disparaissait pour quelques jours.

 

Et il fallait lire à la lune…Ou fermer les yeux… Et revoir… Cary Grant, Ava Garner, Grace Kelly, Clark Gable… et… et mademoiselle… ?…

 

J’ai pas sommeil. Déjà. Pas la nuit… Je me souvenais très bien de l’annonce de la mort de la mère de mon grand-père maternel. La première fois que quelque chose comme ça était arrivé, comme c’était triste de ne plus la voir. Les grandes personnes s'en vont. Et ça a à voir avec leur secret. Après, c'était Claude François, ce type qui chantait et dansait des trucs joyeux à la télé et c’était presque plus étrange encore, ça avait quelque chose d’incroyable. Et puis là, maintenant, c'était au tour Alfred Hitchcock. Quelqu'un en noir et blanc. Je croyais qu'il était déjà parti. Il avait l'air d'avoir un secret très grand, même si je ne le trouvais ni attirant, ni fascinant. Mais des histoires qu'il racontait, et des films où il y avait son nom, si. 


 

 

La Main au collet (photoshoot) - Alfred Hitchcock

 

 

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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 17:00

Episode précédent : Eté...



Actrice - Icône 



Comment s'appelait-elle ?... Karine ? Séverine ? Christelle ?... Un prénom à la mode alors, mais je ne le savais pas encore ; le mien aussi, et je l'ignorais tout autant. Je la vois presque… ses cheveux blonds… J'étais donc tombé amoureux, sans le savoir avec un mot dessus - puis plus même un prénom -, et pour la première fois : une fille aux cheveux blonds, ce qui n'ouvrira pas un monopole mais une tendance confirmée. On n'est jamais si inédit qu'on aimerait bien l'imaginer ?

C'était peut-être la faute de Grace Kelly.

Et comme ne se sentir jamais être un enfant, surtout quand on est amoureux, que l'on sait simplement ce que l'on n'est pas : une grande personne.

J'aime bien les dessins animés, mais quand je regarde les films, surtout à la télé alors, il me semble bien que je ne regarde que ceux avec les grandes personnes. Je ne regarde pas les gosses avec Lassie, ou Rintintin, ce genre de trucs, et ça ne m'attire pas du tout les histoires "familiales" : je regarde les films avec les grandes personnes, comme entre elles. Comme : entre nous !

Sophie ?... Surtout : je n'ose pas lui parler. Ou pas trop… Peut-être pour ça que son prénom semble m'échapper, tandis que je me rappelle très bien Alexandre. Et surtout François…  Ou peut-être qu'il faut devenir une grande personne avant…



Actrice - Fantasme


MOIJE me souviens bien d'une fête d'anniversaire de François, avec du monde et plein d'activités, et tout très bien organisé. François est en quelque sorte connu dans le village, dans le bourg - on dit comme ça -, puisque ses parents sont commerçants : ils vendent des fleurs, et plutôt pour les vivants.

Il faut dire que mon anniversaire tombe déjà l'été, et vers le cœur, juste au moment où l'on ne peut pas vraiment donner de fêtes pleines de jeux et de copains de l'école ou bien… mademoiselle…  

 

Pourtant je me souviens très bien des prénoms de Magalie, comme de Grégory, ou d'Alexis… et bien sûr de Karine. Je sais qui est Karine. Donc Karine, ce n'est pas… elle… Isabelle ?...

Il y a l'institutrice que j'aime beaucoup. Puisque j'aime beaucoup les grandes personnes. Et puis, je suis dans "l'affectif". Partout, tout le temps, cela durera longtemps. Est-ce que c'est fini ? Juste comme il faut ? Je me souviens de son nom. Elle est morte, une dizaine d'années plus tard, d'un cancer... Cela m'aurait semblé inimaginable, comme pour les actrices, quand je l'écoutais, entre deux bavardages, derrière mon petit bureau : ces visages qui ne peuvent pas mourir... 

J'étais toujours surpris qu'elle se souvienne de MOIJE. Les institutrices que j'ai "connues" étaient douées pour ça, aussi : créer de la durée... De l'attachement ?... C'est quelque chose que j'ai gardé. Les deux. J'étais encore au début de me perdre dans les comptes, dans les contes ; le cinéma ne serait pas toujours innocent dans la persistance d'égarements sentimentalistes... Je regrette quand même d'avoir oublié son prénom. Mais après tout, ou dans l'attente d'un souvenir plus entier : pourquoi pas "Grace" ?... puisque c'en était une !



Grace Kelly - Actrice - Masque
 

A suivre...

 

 

 

PS : joyeux noël et heureuses fêtes de fin d'année à tous et toutes !

 

 


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1 mai 2009 5 01 /05 /mai /2009 03:16
Episode précédent : Peurs bleues...


Je repense à l'été. Celui-là où j'ai appris la longueur des jours… J'allais bientôt tomber amoureux. Un peu. A nouveau. Je ne savais pas encore que c'était à nouveau. Même si j'ai bien pleuré au déménagement. Je ne savais pas encore que ça pourrait m'arriver si souvent. Pour tout. Pour rien ? Pour l'été ! Pour la longueur des jours…


Maintenant, l'été : le moment de l'année où je peux aimer, après un film en soirée, ce vertige du jour en sortant du ciné.

Même si : je ne peux pas croire qu'il fasse nuit quand je viens de voir un film. Et tant bien même : je n'aime rien tant que voir un film la nuit. Comme en cachette, peut-être…

La nuit, c'est l'intime. Je ne dis pas tout le monde. MOIJE, c'est sûr. Alors c'est là que je vis, le plus (possible ?).

Le cinéma, ça commence comme ça, des nuits plus belles que les jours, peut-être. Pour moi. Très tôt. Très vite. Très bête.



Alain Delon
 

Je recommence.

Le cinéma, très vite, c'était, de toutes façons, quelles que soient mes croyances : la nuit ET le jour.

Fuir le jour pour la salle. Voir naître la lumière dans l'obscurité. Ne même pas la voir naître. C'est là. C'est tout. Incontestable. Plus fort que moi. J'en étais où, déjà ?

J'ai sept ans. Quand papa et maman, ou maman et papa, m'emmènent au cinéma, c'est le jour. C'est la fête. C'est quitter le jour. Ou le sacrer. Je n'ai rien contre ces jours. Et pourtant si. Je ne suis pourtant pas à plaindre. Il ne faut pas. Je ne me plains pas. Cela ne me vient même pas à l'idée. Je suis un enfant gâté. Peut-être. Aimé. A n'en pas douter. Seul. Je ne m'en rends pas encore totalement compte. Qu'est-ce que je raconte ?

Comment le cinéma a failli tuer et sauver l'enfant seul. Qui ne le sait pas. Qui rit. Qui s'entend bien avec… les autres. A en tomber amoureux, parfois. Comment ça va ?



Romy Schneider

 
Il n'y a pas si longtemps que j'identifie l'aspect totalement régressif du plaisir qu'il y a à se fondre dans le noir. Et dans les rouages de l'identification. Voire dans une forme de passivité totale. Direct. J'aime toujours ça aussi. Pas que. Il y a mieux. Je trouve…

J'ai sept ans. J'attends déjà le moment où mes parents m'emmèneront au cinéma le soir. De mystérieux films avec Romy Schneider me font envie. Ce sera dans longtemps. Sois patient. Quelque chose arrive…

Romy Schneider… La première fois que je formule : cette personne, inconnue, qui n'est pas tout à fait une personne ?, comme j'ai envie de l'aimer. Presque aussi fort que maman et papa, ou papa et maman, et peut-être même… un peu autrement… Je ne sais plus. Un amour d'enfant. Bête comme chou, aussi. Aussi salvateur que dangereux.

Ce qui arrive : le premier voyage à Paris. Voyage scolaire, on dit comme ça. Après l'été. J'y apprends une chose, je ne me souviens de rien sauf ça ; quand je reviens, je dis à mes parents : "Quand je serai grand, j'habiterai à Paris". Ce qui est drôle, rétrospectivement, c'est comme toute la famille a vite tenu cela pour vrai.

Il allait falloir attendre 12 années. Avec tous ces étés. Quand les jours semblent interminables. Où l'on attend de grandir. Cela ne viendra jamais ?… Voilà une impatience qui se paiera :-) (Puisque je ne les vois déjà guère plus passer, les étés, rien.) Attendre autant que craindre la rentrée. Les nuits sont courtes. Encore plus précieuses ?... Et douces. Quel dommage de craindre la chaleur, enfin celle-là...



Romy Schneider & Alain Delon - La Piscine


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19 novembre 2008 3 19 /11 /novembre /2008 13:10

Episode précédent : Nouvelles perspectives…



C'est l'été. Et dans mon souvenir : comme le premier été. L'âge de raison est arrivé. Il paraît…

Pour la première fois, je remarque la longueur des jours : plutôt, je vais l'apprendre.

Cela ne fait pas bien longtemps que je tiens sur mon vélo, sans ses petites roues : comme passer sa tête par-dessus la vitre ouverte en voiture, cela grise, un peu. Je suis seul et avec : les autres enfants et de plus grands, sans doute leurs cousins. La prairie défile : pas très jolie, ça lui va mieux de passer vite, ça lui va bien. Quand nous revenons, quand je reviens, il est incroyablement tard, oui, non, ce n'est pas croyable : parce qu'il fait grand jour.

Ce savon que j'aurais pu prendre…

Mais non : ce ne sont pas mes parents qui m'attendent, qui ignorent même que je suis parti faire ce tour de bicyclette. C'est quelqu'un d'autre : quelqu'un qui adore les films qui font peur au cinéma. Je l'ai échappée belle. Pas mes parents. Ils sont allés voir Shining.



toc toc ou toc toc toc



Cette fois, c'est décidé : on ne les y reprendra plus.  Ils sont tout blancs. Cela leur a fait un peu de mal, ils l'ont vécu comme ça. C'est un peu triste. Mais peut-être que je vivrais ça autrement ?


Puisqu'il y a quelqu'un dans la maison qui a, décidément, bien envie de le voir ce film… Quelqu'un qui s'est pourtant un peu inquiété à cause de moi. Qui n'en dit rien. A personne, ou je le crois. Qui sourit.

Quand je pense à ma grand-mère maternelle, je la vois d'abord en train de sourire. Et m'accompagner au cinéma. Déguster les films de trouille. C'est bien, que ce soit redevenu comme ça…


A partir de là : j'ai terriblement hâte du jour où je verrai
L'Exorciste et Shining. Il est acquis qu'ils offrent les plus grandes peurs en salles. (Bien sûr, je n'y tremblerai jamais tant que ce que j'ai pu rêver. Tout l'art de la suggestion ?)

Avec un peu de chance, dès que ce sera possible, Mamie m'y emmènera !



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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 20:00

Episode précédent : Il était une autre première fois... ou Trop tard




Cary Grant & Grace Kelly


 
Premier déménagement vécu de manière douloureuse… D'autres l'avaient précédé, mais : trop petit pour en avoir vraiment conscience ou avoir tissé des liens autre que mes parents, les familles lointaines, le cinéma.

Et le cinéma est partout : ça, je le sais. Ou : j'ai déjà commencé à le croire.  

Pour la première fois, j'habite dans une maison, en limite d'un bourg, encore à une époque, à une échelle, où j'ai appris à dire "Bonjour, monsieur" et "Bonjour, madame", à toute personne croisée dans la rue. Et puis, les voisins ont des enfants… Des enfants habitent tout près, le même âge que MOIJE, ou à peu près…. Accessibles… Je peux les retrouver facilement.

Ce qui compte : l'été approche, il y a du dehors à portée de main, et des mains avec lesquels s'attraper ou se chamailler, et tout cela est très poli. Nosferatu veille sur quelques-unes de mes nuits ; mais Belmondo et Delon semblent se relayer la garde de mon petit écran, ou alors Jean Gabin et Lino Ventura, Fernandel et Bourvil, De Funès et De Funès, et donc : tout devrait aller bien.

Mais je suis alors bien plus troublé par Ava Gardner, Clark Gable, Grace Kelly, Cary Grant…  Et ça assonne, et ça allitère drôlement, ce beau monde-là...



Ava Gardner & Clark Gable



Mes parents continuent de m'emmener au cinéma mais parfois : ils y vont seuls, ou avec des amis, le soir. Avec moi : l'après-midi. Ils ne savent pas que je flirte déjà avec les nuits blanches. Que je lis à la lampe de poche. Ne nous emballons pas, je ne lis rien d'important. Simplement : je n'ai pas sommeil. Déjà.

Quand mes parents sortent au cinéma : j'aime songer à ce que je ne vois pas encore et que je découvrirai un jour. Ils m'en parleront le lendemain. Je le leur demanderai. Une fois, ils vont jusqu'à voir un film avec Dorothée, et quelque part, quand même, c'est un comble !... Il paraît… Il paraît qu'elle est nue dans le film… Est-ce que je le crois ?...

Et puis un jour, ils vont voir quelque chose d'incroyable, qui ne leur ressemble pas du tout, un film qui a l'air très dangereux, très effrayant. Cela s'appelle L'Exorciste. Je crois que c'est avec une enfant. Et avant d'être un film, c'est STRICTEMENT INTERDIT AU MOINS DE DIX-HUIT ANS, et même - ou vivement déconseillé - aux femmes enceintes. Le truc incroyable, les gens reviennent épouvantés, et mes parents rejoignent les rangs des traumatisés.

Tiens… Parce que, papa et maman, ou maman et papa, ça ne vacille pas comme ça. Et là… Mais ils n'ont sans doute pas dit leur dernier mot. Ils vont recommencer.

Alors je vais pouvoir apprendre l'été, en compagnie des enfants, et les films les plus importants pour moi seront bien, pour la première fois, ceux que je ne verrai pas encore.



To be continued…

 

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29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 21:55
Episode précédent : Chantons sous la pluie… ou Depuis ici, tout va bien




Pas seulement ça...

 

C'est l'après-midi… En plein jour : alors je ne m'y attends pas ?… Est-ce que je regarde vraiment la télévision avec attention, à cet instant-là ?... De cela, je ne suis pas sûr, mais que c'est en plein jour, l'après-midi, sans crier gare : oui.

Quelque chose se grave tout de suite. Instantané et profond.

La Séquence du spectateur, les programmes de ce genre, j'en suis friand. Je ressens alors un vertige à voir, dans la télévision, des images qui passent au même moment, ou presque, au cinéma.

Je guette ces extraits dans toute émission accessible. Presque plus fort encore que regarder un film dans la petite boîte… Rêver de retourner dans la salle ? Ou parfois entrevoir ce que papa et maman, ou maman et papa, ne pourraient m'emmener voir…. 

Là, je ne sais plus. Est-ce que c'est vraiment ça ? Le souvenir est pris dans un effet de surprise, quelque chose de très fugitif. Comment cela a-t-il presque aussitôt cessé ? Chaîne changée ? Rompue ? Trop tard : j'ai voulu le croire…



... mais il ne faut peut-être pas tout dire...


Je recommence.

J'ai 7 ans, ou bientôt. Quelque chose est en train de se passer. La confirmation ne se fait pas attendre : je me réveille la nuit suivante en criant. En appelant maman ou papa, et papa ou maman…

Est-ce que c'est ça aussi, cette grande terreur ? Une confirmation ? De ce qui avait été pressenti dans le hall du tout premier cinéma quelques années auparavant ?

Mais j'ai déjà fait des cauchemars, évidemment. Et la mort est aussi devenue quelque chose de concret. Cette même année ? Un ou deux ans plus tôt ?... Pas seulement ça. En tout cas, c'est un visage, ce sont des griffes, très certainement une voix. Et des gestes comme tremblés.

Pendant quelques années : beaucoup de mes cauchemars récurrents se nourrissent de Klaus Kinski en Nosferatu.



… ni tout montrer…


C'est ma première peur capitale par une œuvre. Même si c'est un fragment. Même si c'est enchaîné. Même si je ne distingue pas encore les différentes formes de peurs. Plus tard, la peur in(dé)finie se retrouve avec un livre, puis une musique, mais : ça commence par une image mouvante. Est-ce que ça joue, aussi ?... Sans doute pas de manière première, mais cela concourt. Cela concourt à inscrire le cinéma dans mon intimité.

Il y aurait le malaise devant l'affiche des Yeux de Laura Mars, l'inquiétant mystère qui entoure des noms comme Audrey Rose, ce ne sont que des exemples… Tout ça n'a plus vraiment d'importance, les années quatre-vingt vont commencer, commencent, c'est déjà fini, c'est presque 2010 : j'ai peut-être encore l'air d'un jeune homme…

Je plaisante un peu. Je ne m'accroche pas, pas dans ce sens-là. Déjà dit : ne rien ensevelir trop vite - en tout cas : pas (de) moi-même. Surtout : j'essaie de déterrer, dessous, dessous, dessous mon ignorance crasse, mes relents de bêtise, mes lâchetés persistantes. D'autres auront pu le faire plus jeune, plus directement ou plus vite. Ce n'est que MOIJE : cela reste un chemin. C'est trop tard ?... Nosferatu... Seulement quand tu le crois. Trop tard seulement quand tu le crois : ça, je le vois.

Alors quoi ? J'ai sept ans, bientôt, et plus près encore trente de plus. Avoir peur au cinéma : j'aime, aussi. Aussi parce que c'est un désir profondément ambivalent. Envie de ça autant que je le redoute, par définition, jusqu'à presque le regretter, parfois, tant je tends à me désarmer. Et, peut-être, une ambivalence similaire m'attache aux mélos... Nosferatu... On n'a pas idée de se foutre dans des états pareils ! Je n'ai pas encore vu un mec qui chiale autant ET se tape des paniques comme les miennes en salle. Mais j'aime. Aussi. Ce n'est pourtant pas que ma vie me semble si paisible ou tellement joyeuse, non : comme tout le monde. 

Mais c'est un attachement singulier… J'ai bientôt sept ans… Je ne sais pas encore quand ça va se concrétiser, pour de bon, bien plus tard : ce désir d'avoir peur… Quelqu'un de cher va me prendre la main et m'y accompagner : il me faut attendre encore un peu. Seul.




... quoique ?

 
PS : je crois que je n'ai jamais pu, ensuite, regarder Klaus Kinski sans une certaine appréhension :-)

PPS : liens pour les illustrations 1, 2, 3 et 4.



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12 mars 2008 3 12 /03 /mars /2008 19:39
Episode précédent : King Kong...  et ça avait commencé ...



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Là… vraiment… Noël… je le sais : la période des fêtes de Noël, qui me semblait durer alors jusqu'à la nouvelle année. Ou la fin des vacances.

Et comme un rendez-vous : Singin' in the Rain à la télé.

Et comme un double rendez-vous, avec ma mémoire qui remonte les séquences : avoir vu ce film quelquefois avec mon grand-père maternel. J'ai l'impression que : de nombreuses fois. Ou les flash-back se mélangent.

Est-ce que dès la toute première fois j'ai vu le film avec lui ?... Pas seulement avec lui. Mais c'est lui, d'abord, qui me revient.

Comme ça revient…



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Sans doute, aussi : les jambes de Cyd Charisse m'envolent, et le sourire de Gene Kelly. Ce sourire qu'est pour moi Gene Kelly. Qui dépasse juste son trop parfait. Plus que parfait ?

Et cette femme incroyable, je n'apprendrai son nom que vingt ans plus tard : Jean Hagen. A cet âge-là, je ris contre elle, elle me fait peur : c'est la méchante !

La fraîcheur de Debbie Reynolds.

Et la vie dansée et chantée, dans une joie immense, victorieuse…

Et puis, et puis ce type hallucinant, Donald O' Connor, et cette séquence de malade : "Make them Laugh".
 



A la première minute, je vois le sourire naître sur le visage de mon grand-père, bien avant le mien : il sait… Et cela ne désamorce aucun émerveillement…

A la deuxième minute, son rire s'échauffe doucement : une marée encore sage, mais qui monte irrésistiblement…

La troisième minute, et c'est une étrange machine à remonter le temps, comme s'il perdait un an à chaque seconde, le rire ne le quitte plus, je ris aussi, mais déjà moins fort que lui…

Alors, la pression monte, le barrage cède, et la toute fin de la séquence le laisse au bord de l'étouffement... Les fous rires de mon grand-père ! Au-delà de l'écarlate. Je dois me demander si c'est ça, passer le mur du son : je n'entends même plus son rire. Il est tout entier RIRE.

Ultime tour de force de ce film qui rend muet, aussi...



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C'est comme ça que j'ai la chance de me souvenir de lui. Sinon, je le voudrais ainsi. Lui qui a eu une vie tout sauf chantée et dansée. Cela arrive.

Il faut dire que son fou rire, je l'entends encore, parfois : il s'empare aussi de maman. Pour des séquences souvent très proches, au cinéma, parfois les mêmes. Cela m'arrive aussi. En moins spectaculaire…

Quelque chose s'est transmis, à cette nuance près. Presque jusqu'à la fin de sa vie, mon grand-père aura toujours retrouvé ses fous rires, aux mêmes moments, dans un inédit sans cesse renaissant, comme les émotions se renouvellent au théâtre, ou à la centième prise. Rien à voir avec les rires de retrouvailles que l'on peut entendre sur certains films dits " cultes ", vous savez, ces rires autant forcés que spontanés, je ne dis pas tout le monde, ces rires qui ont peur, d'être seul, de vieillir, TOIQUIVOIS.

Maman peut revivre les siens, aussi, mais, il me semble, dans une progressive extinction, d'autres les remplacent.

MOIJE ne les ai qu'une fois. Pas forcément à la première vision. Mais une fois. Pas deux. Des exceptions peut-être, mais la règle c'est ça. Je le sais.



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PS : Je ne crois pas que cela ne tienne qu'à moi. L'époque, aussi. Et pourtant, sans regret : la sophistication du présent me convient (malgré ma lenteur). Tant qu'elle ne chute pas dans le cynisme. Sinon, je revois ce film qui en est un des meilleurs antidotes… Et je me souviens, aussi… Et d'autre chose qui arrivera bien plus tard…

 

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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 13:22
 
Episode précédent : Le jour où ça a recommencé… ou Tentative d'un autoportrait #2


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Je crois que c'est noël. Plusieurs fois. Ou alors : à chaque fois, cela devient Noël.

Parce que : c'est miraculeux.

Nous sommes chez un oncle, une tante, et leur fils un peu plus âgé que moi. Mon grand cousin préféré alors. L'oncle joue le magicien : il sait faire du cinéma dans une maison. Comme on sait faire du feu. Je ne sais pas encore que cette sensation disparaîtra, ni comment s'appelle cette machine, mais je reconnais un écran.

Il y a dû y avoir d'autres films.

Je ne me souviens que de King Kong.


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Quand je reviendrai, chaque fois, j'appellerai Kong. Je ne crois pas y avoir sacrifié quoi que ce soit. Au contraire. Ce plaisir des retrouvailles. Et la fin, inéluctable : alors une foi naissante, chaque fois renforcée.

Peut-être que la toute première fois, le finale m'a semblé dans l'ordre des choses et comme un apaisement : j'étais terriblement impressionné. Puis petit à petit, retrouver le film dans cette double joie : celle de revivre les plaisirs déjà connus, et surtout celle des découvertes insoupçonnées jusqu'alors.

Peut-être que la toute première fois… Mais la dernière ! Et sans savoir encore que ce serait la dernière comme ça : là, je savais. Je savais que la fin serait une catastrophe irréparable. Dès que le film commence, je sais, et je sais que cela va arriver. Et je sais que tout sera perdu.

Tout sera perdu.

Dès que mon oncle commence à faire… je sais : mais j'ai la foi… Je ne vis pas cet instant dans l'attente de la catastrophe : je vis le film dans la possibilité d'un nouveau dénouement. Je suis avec.


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Cette foi dans le cinéma, si littérale, m'est toujours précieuse à recouvrer. Carlito's Way de Brian de Palma repose, entre autre, là-dessus.

J'ai l'impression que j'étais si petit, au début. Totalement fasciné. Presque en dehors même de toute émotion ou de toute compréhension particulière. Fas-ciné. De la peur, c'est sûr, au tout début. Et les dinosaures. Cela envoûte souvent l'enfance, les dinosaures. Les monstres. La beauté. Et c'est déjà trop dire.

Ce n'est que bien après, pourtant, que je pleurerai, vraiment, en voyant ce film : quand Kong est enchaîné, quand Kong chute.

Ce n'est que bien après aussi que j'y retrouverai une belle et une bête, et même plus directement, une forte proposition sexuelle.


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Je n'ai aucune nostalgie. Sur MOIJE. Je ne vois pas, aujourd'hui, les films qui ont marqué mon enfance ou mon adolescence, avec le besoin de raviver les sensations d'alors, avec la crainte de les bafouer quand le film, décidément, ne tient pas la route. Cela arrive…

Quand je reverrai King Kong au cinéma, comme il y a quelques années, je le verrai tel que je suis aujourd'hui. Je n'ai pas besoin de lui pour me rappeler mon enfance.

Je recommence.

Mon enfance n'est pas à rappeler. Elle est là. Sa place est préservée. Je peux raconter son histoire, ses rôles, ou ses jeux, ce que tu veux. Mais son vivre, je ne l'ai pas encore enseveli. Et c'est sans doute au cinéma que je le dois : pas à ses histoires, ni à ses rôles, mais à son vivre, oui, ce que je ressens de son essence. Alors je peux être adulte, vraiment je crois, en même temps, sans crainte profonde. Je peux bien mettre tous les masques qu'il convient : je n'ai encore renoncé à rien. Mon enfance n'est pas morte. Et surtout…

Kong n'est pas mort non plus.


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PS : il y a une part de nostalgie, ailleurs, dans le fait de revoir ces films, ou d'écrire ici. Hors cinéma. Hors ce que j'y puise…Les films me rappellent les autres. Surtout les grands, quand j'étais enfant. Comme ils étaient avec l'enfant. Entre grands, ce n'est plus tout à fait pareil, il me semble. A tort ou/et à raison… J'aimerai toujours cet oncle.



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15 décembre 2007 6 15 /12 /décembre /2007 06:05
Episode précédent : Le jour où ça a commencé...


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Plus tard… La ville est plus grande, plus grande que celle où nous vivons : deuxième approche cinéma. La Carapate. Je ne sais pas encore que c'est de Gérard Oury, ni qui est Gérard Oury, d'ailleurs je ne sais rien avant, je suis seulement impatient, mais je sais, en sortant, que les messieurs s'appellent Victor Lanoux et Pierre Richard.


Quelques années comme ça, avec joie à chaque fois, de Pierre Richard en Louis de Funès, de Serrault en Blanc : quand on m'emmène au cinéma, c'est pour rire. Et puis les dessins animés, aussi. L'aventure, science fiction, ou tout comme, un peu. Total divertissement. Maman et Papa, ou papa et maman, vont au cinéma pour se divertir. Et ils m'emmènent quand c'est possible parce qu'ils savent que c'est ma joie. Ils font très attention à ce que je vois. Partout. Un peu trop ? Rien de grave. Ils sont les enfants de leur temps. Ils me transmettent un plaisir des salles de cinéma. Mais il y a quelque chose qu'ils ne connaissent pas trop. On ne leur a pas donné. Le cinématographe. Ils en ont un peu peur. Ils ne le savent peut-être pas vraiment. Ils sont intimidés, aussi. Pour eux, c'est une sortie. Pour moi, un point d'entrée. Aussi.

Mais La Carapate, je m'en souviens très bien. La deuxième fois.


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Pas l'intention de raconter par le menu tout ce que j'ai vu depuis l'âge tendre. No stress.

Mais vers cet âge-là, je retiens bien deux ou trois choses.

Il y a La Carapate, et King Kong et Chantons sous la pluie, ça doit commencer par là, aussi.

Et il y a les soirs où je parviens à me glisser hors de ma chambre en secret, ou je le crois, parce qu'il y a des invités, des grandes personnes, parfois de la famille, comme on dit, et la télévision est allumée, et comme je suis tout seul, je veux dire en secret, dans le noir, et que je regarde l'écran briller, cela ressemble un peu au cinéma… Là, j'ai pu croire qu'on pouvait vraiment regarder un film à la télé.

Evidemment, aujourd'hui, si je viens à quatre pattes dans votre salon la nuit, en cachette, pour mater la télé, ce sera nettement moins attendrissant. Je veux dire que : ce qui m'intéresse là-dedans ce n'est pas le possible voyeurisme - raccourci tentant mais vite stérile, isn't it ? -, mais le secret, l'obscurité, l'intime et une part de solitude. L'espoir de l'interdit, aussi ? Pas encore, non. Juste l'envie d'être là. Pour voir : les actrices, les acteurs, les histoires…


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Je ne sais plus quand ça a commencé King Kong et Chantons sous la pluie. La carapate, si. Puisque c'est la deuxième fois. Dans une ville plus grande et inconnue… Papa et maman ou Maman et papa s'étaient disputés, comme cela arrive parfois, et pour moi : ça s'était terminé au cinéma. Donc ça s'était bien terminé. Alors forcément, il devait y avoir aussi de la culpabilité. Rien de grave, parce que c'était la deuxième fois. Pas : la première. Et la culpabilité peut revenir parfois - puisqu'on nous en gave, et si souvent à tour de bras - mais là, je sais, dans cet espace-là, pour moi, elle n'est pas première.

Aussi ça, le cinématographe : l'innocence.

Je ne l'écris pas pour avoir l'air intelligent, parce que : je ne trouve pas ça intelligent, ni nouveau, ni ce que tu veux. Je trouve que : c'est vrai. Le cinéma avec lequel je vis : c'est vrai. L'art est innocent. Aussi, il sauvera toujours davantage que les conventions religieuses, où la culpabilité est première. Aussi, l'art est toujours en ligne de mire des damnés (du pouvoir, de la peur) parce qu'il nous sauve à chacune de ses manifestations. Aussi, les salauds et les traîtres y seront toujours accueillis à bras ouverts : rien n'est plus efficace que le ver à l'intérieur du fruit.

Après, MOIJE ne dis pas que j'ai la vérité sur qui sont les salauds et les traîtres. Mais j'affirme toujours mon point de vue, au moins pour avoir quelquefois la chance d'échanger, d'en changer, et de grandir. Je ne suis pas en train de m'énerver.

Je recommence…


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De quoi ça cause le D&D ?


De la ferveur, de l'innocence, de la liberté. Sans cesse meurtries, bafouées, mais sans cesse renaissantes. Tout acte de création est un acte de foi. En la vie - pour le reste, c'est comme tu sens, toi qui vois. Ici, je parle donc d'écran. Et tout le contraire.

Le cinéma : l'ambivalence. Puisque c'est l'écran et son contraire. Puisque le cinéma qui me fait vibrer est celui qui ne fait pas écran, précisément, ou pas seulement. Je m'écoute écrire ? OK.

J'ai besoin d'un peu de lyrisme et de ludisme. Aussi.

OK : J'atterris avant de revenir avec mon gorille et mon parapluie.


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PS : comme ça, pour info, en photo, les films que je revois en ce moment.
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6 octobre 2007 6 06 /10 /octobre /2007 23:41

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Dimanche, je crois… J'ai trois ans. Est-ce que c'est loin ?... Papa et Maman, ou Maman et Papa, m'emmènent dans un nouvel endroit : ce sera l'envers. Ils ne m'emmènent pas chez... le coiffeur. Au cinéma, pas un lieu ou une destination : un départ. Ce jour-là a changé ma vie. C'est tout.

Ils ne pouvaient pas savoir, se seraient effrayés sinon : trop petit pour qu'ils puissent vouloir m'offrir un départ... C'est arrivé. Je suis parti. Peut-être que je ne veux pas revenir. Ou pas seulement... J'étais tout petit, comme on dit, mais il y avait déjà beaucoup dans ma vie. Est-ce qu'il y avait déjà tout, comme certains disent aussi ? Au moins Maman et Papa, ou Papa et Maman, surtout. Et puis je suis parti : pas seul, en les emmenant. Depuis, j'ai continué : j'essaie d'emmener qui j'aime. D'accompagner aussi, bien sûr. Sentimental aussi, comme tout le monde. Tout, comme tout le monde.

Je recommence.


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Peut-être que je ne veux pas revenir. Pourtant, je suis déjà revenu de beaucoup, au cinéma : des premiers émerveillements, des premières illusions, comme des premiers mensonges, et des suivants suivantes suivants... J'espère pouvoir/apprendre à faire le tri, que l'émerveillement reste - celui du vivant, celui qui a la vie pour endroit -, mensonges et illusions presque tous démasqués.

Pour l'instant, je reste, là, aussi : au cinéma.

C'est parti de rien, ça n'avait l'air de rien. Ce n'est que moi. 



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Comment nous avons quitté l'appartement ? Je ne vois que le hall, ça commence là : avec les affiches. La promesse : nous allons voir Bernard et Bianca. Est-ce que je m'attends à quelque chose de précis ? Je ne crois pas. L'affiche attend, elle n'est pas seule...

Bernard et Bianca, dans le titre, ça sonne déjà comme Papa et Maman, ou Maman et Papa, ou ce que j'en imagine/sens/comprend. Presque tout ce que je prends avec moi du monde, que je pourrais dire, à cet âge-là. L'entrée en maternelle a pourtant déjà dû passer. Je m'en souviens aussi, mais pas le sujet ici. Et ce n'était pas un sujet, pour moi. A peine un lieu, une destination quotidienne : sans départ possible.

Bernard et Bianca... Et tout à côté, dans mon souvenir, et presque en même temps, cette image aussi fascinante de la gueule d'un grand monstre, quelque chose comme ça, immense qui va fendre la surface de l'eau où nage une silhouette... Je ne sais pas si j'ai eu peur. Fasciné... Etait-ce  la suggestion de la nudité de la nageuse ? La naissance de la violence ? Est-ce que je sentais que cette autre affiche, là, j'avais à peine le droit de la voir ? Ce que promettait cette affiche n'était pas pour le petit garçon...



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Donc, là, j'ai su que j'allais grandir, qu'on grandissait. Parce qu'un jour j'aurais le droit de voir ça, aussi. 

Alors, ce jour-là, j'ai dû sentir que j'allais mourir. Aussi.

Et surtout Maman et Papa, et Papa et Maman.



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Un simple dessin animé, avec deux petites souris qui luttent, une libellule épuisée, d'autres grandes mâchoires pleines de dents s'abattant sur un orgue... et, déjà rempli, je savais qu'il y aurait encore d'autres choses après, et avec des " vraies " personnes, et j'ai vu, à l'écran, quelque chose qui ressemblait à l'éternité...

Donc, c'était possible. Tout était possible.

L'envers et l'endroit.



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Le cinéma a failli me tuer.

Non. C'était moi.

 

(to be continued…)



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PS : Titre original du dessin animé ? The Rescuers... Bien sûr, je ne le sais pas depuis longtemps, et cela reste encore très private joke, pour l'instant...

PPS (ben oui !) : je ne vais sans doute pas pouvoir m'empêcher d'exposer un peu, prochainement, ce que je tente de faire avec ce blog, qui doit donner l'impression de partir - à deux à l'heure ;-) - dans tous les sens , pour l'instant… :-)

 

 

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