
Dimanche dernier, au 104, la revue Vertigo a proposé une rencontre avec le réalisateur Rabah Ameur-Zaïmeche, autour de ses trois films : Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe ?, Bled Number One et Dernier Maquis.
Je ne voulais pas manquer ça - on dit comme ça. Dernier Maquis reste un des plus beaux films sortis l'an passé pour MOIJE - et pour bien du monde -, et un des plus importants.
Je n'avais pas bien compris quelle forme prendrait la rencontre, mais en entrant dans la salle, découvrant des tables en U, un vidéo projecteur et un écran, je ne doute plus que ça pourrait vraiment changer des discussions "frontales" après un film.
Pas mal de gens viennent, malgré l'après-midi doux et ensoleillé plus que tentant, et les paroles délivrées varient davantage ici qu'à d'autres modes de rencontre que je peux connaître.
Le 104 est censé tenter pas mal de choses, et Vertigo s'y attelle fort honnêtement… Le temps donnera ses réponses… Aussi je croise les doigts pour que ce soit le type de voie emprunté ce dimanche-là, avec cette rencontre prévue sur deux heures, et qui dépassera joyeusement les trois.

Je recommence.
Il est courant de dire qu'une œuvre, ou un auteur, est ou semble singulièrement proche de soi. Manière de dire… Pas précisément les goûts, les couleurs, mais : la sensibilité. Faute de mieux, on peut dire par là… Même si : de manière parfois mystérieuse... Je ne sais pas pourquoi je vibre autant avec Tarkovski ou Eastwood, pourquoi je suis si simplement immédiatement avec. Toujours ou presque. Quels que soient les degrés d'adhérence et/ou de reconnaissance éprouvés œuvre par œuvre…
Et Rabah Ameur-Zaïmeche, je ne crois pas que ce soit exactement ça, pour moi… Ou je ne le sais pas encore.
Pourtant c'est là, comme une évidence. Une autre forme d'évidence…
… Cette manière de parler, très concrète et sensible, dans une force aussi palpable que "discrète". Je ne sais pas comment dire. Une puissance qui invite, qui ouvre. Pas qui s'impose. Surtout pas qui en impose. Qui ouvre... En ayant bel et bien des choses à dire, des combats, croyances et questionnements…

Dernier maquis… J'y suis bien…
... La rare complexité de la figure du patron Mao, préservée par le jeu nuancé de Rabah Ameur-Zaïmeche et renforcée par le fait que le réalisateur interprète donc la partition… Cette manière singulière de RAZ de faire d'un obstacle et/ou d'un imprévu une providence (Mao est la "synthèse" de deux personnages antagonistes initialement prévus ; voir encore le premier plan du film)… Le travail du partage entre comédiens professionnels et ouvriers de l'entreprise où se situe le film… La force graphique et protéiforme des palettes rouges… Comme elles, la caméra reconfigure l'espace - et masque et révèle -, ou semble mûe, pourquoi pas, par un chariot élévateur (notamment les travellings verticaux)... Comme elles, elle semble travailler autant qu'elle l'est, travaillée... Epouser les mouvements du travail, d'un travail... Qu'est-ce que je raconte ?... Ces palettes qui semblent "sauver" davantage ceux (les mécanos, pour la mosquée à ciel ouvert, pour la barricade) qui n'en sont pas comme les subordonnés (les ouvriers, n'était le muezzin)... Travailler autant qu'être travaillé, et RAZ, et le spectateur... Et entendre le chef du village... "Faut pas partir. Faut pas me laisser comme ça"...
Qu'est-ce que je veux dire ?
Que samedi, demain déjà, au 104, Vertigo propose une projection* de Dernier Maquis à 17h30… MOIJE dis ça, je dis rien…
Qu'il y a de bien beaux articles, à mes yeux, sur le travail de ce réalisateur et un chouette entretien dans le dernier numéro des Spectres du cinéma…

* Ne pas oublier, tout de même, qu'il se joue toujours à Images d'ailleurs, où j'ai pu le revoir récemment… Et puis, il semblerait : Libourne, ce soir, Cherbourg et bientôt Cluny, pour ce qui est de l'hexagone…
Intermède surprise donc ; la pause ne devrait plus durer longtemps ;-)