***SPOILERS***
Je ne trouve pas facile de qualifier la force qui me touche dans le personnage de Frances : ni entêtement, ni détermination, ni obsession, et pas non plus figure de résistance ou de foi. Quelque chose de plus discret (peut-être avec l'écho mathématique, hors continuité - le montage en serait aussi l'expression), d'un peu plus roseau sauvage et de plus dansé, bien sûr. Persistance me semble possible. C'est ce que j'aime le plus dans le film, qu'il s'attache à ça, et qu'il aille jusqu'à l'épiphanie.
Ce qui est beau aussi dans cette persistance, cette intime conviction, c'est la nécessité d'assimiler pour de bon ce qui se propose, de ne jamais aller trop vite, d'où toujours de légers décalages (de quelques quart-d'heures pour l'idée d'aller à Paris - fausse proposition transformée en vraie, Frances est alchimiste -, de quelques semaines pour prendre le poste administratif dans la compagnie). Une forme d'intransigeance sans violence.
Dommage que les moments de "révélation" ne soient pas vraiment inspirés (peut-être les dialogues les plus faibles du scénario), mais ils resteraient joliment situés. La confession de Frances vient en réponse au repas qui la précède : c'est une urgence qui sort tout à coup à un moment où cela manque. Une urgence intuitive, ni raisonnée, ni démonstrative, simplement : quelque chose en Frances s'extrait et se sauve. Elle dit qu'elle attend le moment d'un échange de regards simplement "avec" quand elle vient de baigner dans les échange de regards strictement "contre".
Et l'avènement l'arrachera au commentaire inespéré de la chorégraphe tant respectée, et tout autant, elle s'arrache : elle s'extrait et se sauve. Le petit événement a lieu, qui voudrait qu'au coeur d'une soirée où le social s'ébroue (phénomène accentué ici par le fait que presque tous les protagonistes du film se retrouvent convoqués pour le finale), deux personnes se regardent et ce regard est un lien, un amour. C'est tout. C'était inatteignable. Et tout à coup, c'est là.
Tout à coup, c'est là. C'est une naissance. Cela donne un nom. Comme le début d'un rire, comme une exclamation.