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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 16:00


 

César doit mourir - Taviani

 

 

 

 

A part Edouard, il me semble qu'on ne prend pas assez César doit mourir pour ce qu'il est : un film de fiction. C'est peut-être la belle idée du film : faire un film de fiction avec ces hommes, faire un film de fiction avec des acteurs non professionnels n'est pas une révolution en soi, mais il demeure sans doute rare qu'on le propose à des détenus qui restent davantage approchés par des démarches avant tout documentaires. 

 

Seulement voilà : le film tente fort paresseusement de doubler la mise, son mélange des genres (qui pourrait être fructueux comme souvent aujourd'hui) tournant vite au plus stérile, tant la fiction est sur-balisée par les enjeux documentaires et le(s) message(s) que les frères Taviani entendent nous transmettre. Comment tolérer les faiblesses d'écriture censées lier la vie des prisonniers aux rôles qu'ils incarnent ? Comment accepter une scène comme celle des matons ne sifflant pas la fin de la promenade pour voir la suite de la scène ? Comment supporter la sentence finale - les médias en raffolent : "Depuis que j’ai découvert l’art, ma cellule est devenue une prison.» - telle qu'elle est tournée ? Le tour de passe-passe tient bêtement en ce qu'il y a "peut-être quelque chose de vrai là-dedans", via le dispositif initial. Mais non : tout est faux, et sonne comme tel, et je ne parle pas du jeu des comédiens mais bien de l'écriture elle-même. Tout est appuyé, démonstratif et tout sauf inspiré, dans les choix. 

 

Mais des idées possibles il y en a : le fait de commencer par le succès de la représentation, bien sûr.... Bien sûr ?... En fait, je crois que je m'en fous, que ça n'a aucune importance ce genre d'idée. Ce qui compte c'est ce qu'on en fait : que nous soyons plus fatigués des histoires qui nous auraient laissé la représentation à la fin (tant il y en a de sentimentalo-humanistes à bon compte), c'est évident, mais c'est bien tout. On doit pouvoir faire un très beau film se terminant par la représentation : tout ça n'a pas d'importance. En revanche, si on imagine simplement ce que donnerait le film des frères Taviani en supprimant l'artifice, pour le coup, qui place cette représentation en ouverture, on risque de constater crûment à quel point le film est anémique. 

 

Mais possiblement, ponctuellement, on peut s'amuser à voir ce qu'une prison peut offrir de potentiel cinégénique pour tourner du Shakespeare, ou ce qu'on veut. Beaucoup de gens aujourd'hui font du théâtre, de l'art vidéo, etc.,  dans des usines, hôpitaux, prisons, etc. ayant rendu l'âme. C'est graphique, efficace, presque imparable : les Taviani ne vont pas plus loin que ça, reposés seulement sur la charge du lieu d'autant plus forte qu'il est encore occupé. C'est peut-être bien vu par endroit, mais au strict sens d'une maîtrise de la mise en scène fière d'elle-même.

 

Fallait-il en plus que le choix se porte sur Jules César, et que les seules scènes retenues soient de l'ordre du complot, du meurtre, de la vengeance, mâtinés d'un horizon philo liberté/tyrannie ? Ç'aurait pu être une belle idée de faire un film de fiction avec ces hommes, comme ç'aurait pu être très bien de voir simplement des détenus répéter, s'emparer d'un texte, dans une démarche documentaire. Les voilà simplement privés de nous livrer leur travail (seul le résultat compte ici, partout, et alors il faudrait d'ailleurs ne le mesurer que comme tel, et non via la position paternaliste bienveillante à laquelle les réalisateurs entendent nous acculer), et tout autant d'un imaginaire un peu ample, un peu autre, un peu libre. Il ne s'agit ici que de traquer des échos tragiques facile à fantasmer sans même voir ce film bien bête et alors bien plus méchant qu'il n'aurait probablement voulu.   

 

 

 

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