
Quatre mois… J'ai beau avoir picoré ou relu d'autres pages au fil de mes propres nécessités, je suis à nouveau surpris par mon incapacité à trouver du temps pour lire, pour essayer… Reste la satisfaction, un peu pathétique, d'avoir approché ce texte dans sa langue, ce qui ne m'était plus arrivé depuis longtemps. Mais pour cela même, je me garderai bien d'en avoir une approche "littéraire", sans pouvoir réfréner un sentiment d'efficiency anglo-saxonne, entre fluidité et recherche du catchy, le tout soumis à une approche ultra-psychologique, et je doute d'y revenir.
Mais j'ai bien aimé lire un peu sur la création des Oscars et les mécanismes réels de cette institution. Surtout : le parcours de Cary Grant vers une forme d'indépendance, dans un système élaboré pour en exclure (presque) toute possibilité, m'interpelle. Aussi, son rapport "moderne" au travail du comédien tandis que l'hégémonie de la Méthode allait s'imposer me touche, singulièrement pour une de ces stars au sens aigu de l'autofiction : "I tried to be myself on screen. I learned it was the most difficult thing to do. That's exposure of one's self. The hardest thing is to be yourself in front of 30 million people. By contrast, it is much easier to hide behind a character."
Reste, et c'est aussi le jeu, l'empathie pour les scènes avec l'enfant Archibald Alec Leach et sa maman Elsie ; la curiosité envers ce qui filtre des premières années new-yorkaises du jeune anglais en quête de travail et de succès, ou envers le rapport trouble à l'argent, au business, et leurs échos dans les amitiés avec Randolph Scott et Howard Hughes.
En refermant le livre, c'est le regard d'Hitchcock sur Grant, via les quelques pages relatant ce que Sir Alfred aura accompli avec son compatriote de naissance, qui m'aura le plus réjoui en écho sur un processus de création. Enfin : ce plaisir frivole des anecdotes plus ou moins pertinentes mais portées par les images d'Ingrid Bergman, de Grace Kelly et de Sophia Loren…
Je repense à un commentaire d'Eeguab et je me dis que, sans doute, je ne lirai pas beaucoup de biographies. Mais, moindre des choses sûrement : l'envie forte de (re)voir quelques films du parcours de cet acteur.