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6 septembre 2013 5 06 /09 /septembre /2013 14:24

 

 

La Dernière fois que j'ai vu Macao - João Pedro Rodrigues

 

 

 

 

Je ne savais rien du tout du film quand je suis, tardivement  - au regard du turn-over actuel - allé le voir. Je n'avais pas plus envie que ça, personne n'avait trop l'air d'en parler vraiment, je ne sais plus comment choisir ce que je vais aller voir, etc. "Heureusement" que juillet-août m'a semblé copieusement pourri en sorties : je ne pouvais plus oublier que le précédent film de João Pedro Rodrigues c'était pas rien - même si je m'en sens un peu loin, faudrait que je le revoie -, même si La Dernière fois que j'ai vu Macao dégageait un buzz sur le mode "mineur". Ben mince : je trouve que c'est le plus beau film des premiers deux tiers de 2013 avec le Guiraudie, voire le Claire Denis. Je l'ai échappé belle.

 

Presque étonné alors par le plaisir et l'intérêt denses - malgré des moments où je décrochais, mais je crois que je rêvais sans déplaisir - éprouvés à la découverte de cette exploration ludique de Macao, j'ai revu le film : pur moment de joie. En voilà un rare acte de foi dans le cinéma, c'est carrément pas tous les jours : je souscris sans réserve, et pour ainsi dire sans effort particulier (n'était la nécessité de s'arracher au confort relatif de choses ultra-formatées squattant tellement d'écrans).

 

C'te fête ! Les détracteurs ou semi-détracteurs reprochent au film un côté trop théorique, désincarné. Voilà qui devient sans doute particulièrement subjectif car je n'ai pas éprouvé cela du tout (contrairement au Guiraudie d'ailleurs). Nous ne voyons donc pas pareil ce que recèlent les images en elles-mêmes, sans parler de leur agencement, même si l'on n'est pas ici dans une forme de contemplation (le montage est serré, le film ne cesse de (re)bondir). Il est dans un rapport très fort à l'enfance : qu'est ce qui se passe devant mes yeux ? quelle histoire j'y puise, j'en invente ? qu'est-ce que j'en fais ? Dès lors, être dans une logique d'absence, de disparition, filmer quelque chose comme l'indicible pressentiment de la mort, peut devenir assez poignant. 

 

J'ai adoré découvrir Macao dans le regard de ces deux collègues. Je n'irai certainement jamais à Macao, mais quelque chose de cette ville m'est parvenu, de ses rapports bizarres au Portugal ou à la chine de Mao. J'ai vu les gens de cette ville tout en les rêvant, pas comme si je faisais semblant de les voir ou comme si je les scrutais : comme si je les avais vus pour de bon, d'une certaine manière bien sûr, mais pour de vrai. Et mince, mais qu'est-ce qu'ils sont beaux les plans ! Qu'est-ce que j'en ai marre des films contents d'être vilains (dans leur esthétisme de pacotille ou leur stricte réaction à ça précisément). 

 

Passionnant d'apprendre ensuite quelle a été la démarche de João et de João, la prise de liberté est drôlement réjouissante et audacieuse. On imagine bien le défi devant 150 heures de rush. Je trouve très beau d'avoir su préserver le terrain de jeu dans ses possibles les plus immédiats : le dialogue direct entre ce qui est montré, ce qui ne l'est pas, ce que l'on entend et ce qui est dit. Là, j'ai découvert aussi que tout un pan du film m'échappe (cinéphile, évidemment), ce qui ne me semble pas empêcher de vivre suffisamment l'expérience par ailleurs. Possible que ce soit cet aspect qui a (contre)produit un si faible soutien global de la critique professionnelle ? C'est en tout cas celui dont elle semble parler le plus volontiers ( ou ). 

 

 

 

 

PS : le film se joue encore et pas seulement à Paris (Espace Saint-Michel). 

 

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commentaires

B
<br /> Ah oui, t'as bien fait d'insister pour celui-là. Un poil raide mais j'ai aimé le côté ludique aussi. Un peu plus et je le ratais bêtement (presse pas terrible en effet).<br />
Répondre
D
<br /> <br /> Cool ! <br /> <br /> <br /> J'ai l'impression que ça va rester une des découvertes les plus joyeuses de cette année pour moi. Y en a eu tellement peu, mais bon : c'est maintenant que plein de films sortent, on dirait. Je<br /> croise les doigts ! (Déjà pour réussir à les voir, vu les durées de vie en salle...). <br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> J'aime ton titre-référence à Hiroshima mon amour. Je n'ai par contre que parcouru ton article, étant donné que je n'ai pas (encore ?) vu le Jao Pedro Rodrigues. Mais<br /> j'ai noté au passage que tu as apprécié Les salauds, et je m'en réjouis.<br />
Répondre
D
<br /> <br /> Salut Neil ;-)<br /> <br /> <br /> Oui, je compte revoir le film de Claire Denis d'ici mercredi d'ailleurs. On aura alors l'occasion d'en reparler. Et si tu fais un tour par Macao, hé bien : bon voyage !<br /> <br /> <br /> <br />

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