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24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 01:01



 Le Val Abraham



Pause, pour trois, quatre semaines, et pour de bon, ou pour la bonne cause : les vacances, enfin.

Et j'espère ne me laisser rattraper par rien de professionnel. Déconnexion : j'ai oublié mon ordinateur portable et je fuirai les cybercafés.

Je répondrai, bien sûr, aux possibles commentaires, ici, ou auparavant, mais à mon retour.

En attendant, puisqu'il s'agit aussi pour MOIJE, de voyage dans une langue et dans les terres de films aimés, je vous laisse en belle compagnie. Pas de sous-titres, pour  inviter à goûter simplement aux rives du Douro et à ces phrasés qui m'ont conquis.

C'est extrait du splendide Val Abraham de Manoel de Oliveira…





 

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16 septembre 2008 2 16 /09 /septembre /2008 22:00

Au-delà des ***SPOILERS***…

Prologue : Cristóvão Colombo, O Enigma s'ouvre sur des lettres, d'il y a longtemps… Des mots et de l'Histoire… Le film s'inspire d'un livre, signé par Manuel Luciano da Silva et son épouse, et retrace cinquante ans d'enquête commune sur Christophe Colomb, initiée par la passion de Manuel : une recherche, leurs vies, des vies, entre Portugal et Etats-Unis.



Christophe Colomb, l'Enigme


1946, émigrer : Manuel, dix huit ans, et son frère, vont quitter le Portugal. Manoel de Oliveira nous propose une reconstitution historique en toute légèreté, alternant plongées et contre-plongées pour capter ce qui nous renvoie à l'époque. Voilà qui vous sauve un budget !... Voilà surtout ce que nous rappellent nos plus belles villes : en quoi elles deviennent autant notre présent que notre histoire. Voilà, aussi, ce qui peut faire dialoguer terre et ciel à échelle humaine… Alors, c'est déjà tant…

Un plan fixe de ciel aux nuages presque immobiles suffira à lancer un long voyage vers les Etats-Unis.

Sur le bateau, un homme parlant de sa femme et de leurs enfants : "Il faut que l'on se réunisse". Le plan suivant révèle une promiscuité avec d'autres émigrants. Il faut que l'on se réunisse. Des visages à peine sauvés de l'obscurité par une lumière faible mais chaude.

Et là, je me souviens que les personnages partagent une parole rare au cinéma, souvent rejetée, qui a à voir avec l'énonciation, voire le récitatif dans les opéras : ils racontent. Tout le monde raconte. Et se raconte. Ou raconte l'autre. Tout est histoire, récit. Comme souvent chez Oliveira, mais aussi : ne s'attache-t-il pas toujours à ce que l'on raconte (ainsi Le Jour du désespoir, Le Cinquième Empire, Un Film parlé…) voire à ce que l'on se (la ?) raconte à soi-même (Le Val Abraham, Le Couvent, La Lettre…) ?

Pas de "dialogues naturels" ici, dans leur absence trop régulière d'écoute, mais des transmissions. Ou des tentatives de transmissions. En partage. Et c'est comme une évidence que la langue portugaise s'épanouit magnifiquement, à l'oreille, dans ce registre-là.



Un film de Manoel de Oliveira


Nous voici aux Etats-Unis… Le nouveau monde… Et c'est la brume… Voilà qui vous re-sauve un budget !... Voilà surtout qui peut suffire à évoquer un doux désenchantement, sans verser dans l'amertume. Voilà qui offre une série de scènes visuellement somptueuses dont ma préférée reste sans doute : la Statue de la liberté dans le brouillard. La liberté floue…

Mais il n'est pas temps d'être triste, Manuel et son frère s'amusent à découvrir les feux rouges et verts qui règlent ici la circulation : les couleurs du drapeau du Portugal…

Et nous sommes passés de l'émigrant à l'immigré. Alors il s'agira aussi, joyeusement, et peut-être à l'échelle d'une vie, de découvrir dans la terre d'accueil les signes de sa maison intime.

1957 : aparté dans le Massachussets où Manuel, dont nous découvrons qu'il est médecin, tient une petite conférence. L'homme de science défend son autre passion : son exploration de l'Histoire. Il défend sa démarche, appuie sur sa compétence scientifique en matière de diagnostic : envers un patient, ou une archive… Cet homme est-il médecin ou chercheur ?

Il plane comme un mélange de respect et de douce incrédulité, voire d'ironie, parmi ceux que l'on imagine des membres du corps médical, en face, dans le contrechamp peut-être le plus direct et le plus frontal du film. Il sera admis que Manuel est médecin ET chercheur. Comme il sera admis qu'il va se marier ET a une maîtresse : ses recherches sur Christophe Colomb…



Porto da Sua Infância…


1960 : mariage à Porto et lune de miel studieuse… Les jeunes mariés vont traverser le sud de leur pays natal, l'Alentejo puis l'Algarve, sur les traces possibles de l'explorateur.

Dans le petit village de Cuba, nous apprendrons la disparition d'un des anges gardiens d'une des nombreuses chapelles du site : la statuette (habillée de rouge et de vert) a été volontairement brisée sur le parvis de l'église lors d'une guerre ou d'une révolution (là, c'est ma mémoire qui flanche…).

Serait-ce donc la silhouette déjà aperçue au début du film, vêtue des couleurs du drapeau du Portugal ? Cette jeune femme tranquillement espiègle, entre sabre et bottines à talons aiguilles, que nous rencontrerons de plus en plus souvent maintenant jusqu'à la fin du film ? Voilà qui serait joyeux… Cette présence muette, et pour le coup énigmatique, non dénuée d'ironie mais surtout bienveillante... Sauvée ?

Il s'agirait aussi, dans un même mouvement toujours, de sauver présent et passé, de rendre hommage, et déjà au travers de sa langue, de ses villes, de ses paysages, et bien sûr de son histoire, à la grandeur du Portugal. Et pas que…

Cette seconde grande étape du film rejoint la pointe du pays, au Cap de Sagres, jusqu'à embrasser l'horizon entre ciel et mer, où Sylvia, et Manuel en écho, envoient  des mots…



Le cap de Sagres


De l'autre côté de l'océan, 2007 nous attend : Sylvia et Manuel, à New York, observent un monument hommage à Colomb duquel se détache, aux yeux de Sylvia, un ange protecteur.

Alors, très vite, aux alentours d'Ellis Island, frémit un dialogue simple et vertigineux à la fois entre les deux amants… Parce que Sylvia, après cette longue route commune, a quelque chose à dire, à demander… Ou simplement pour échanger, encore, car elle connaît les réponses, et cette liberté des liens que l'on choisit peut-être. Et leurs sourires me bouleversent.

Sylvia, l'ange protecteur de l'explorateur Manuel ?...

Mais je redeviens sentimental, alors qu'un nouveau musée nous invite ! Enième plan épuré et magnifique : la maquette d'un navire de Vasco de Gama, sous verre (ci-dessous). Soit : le reflet de Manuel, l'arrête du cube en verre, les amants légèrement séparés par les mats en même temps qu'embrassés par la face vitrée, une autre arrête, puis le reflet de Sylvia.

Et là…


Manuel et Sylvia


Il suffira de se retourner. De recommencer. Avec la maquette de la caravelle à bord de laquelle Magellan aura fait le tour du monde. Et cette fois : le reflet de Sylvia, l'arrête du cube en verre, les amants légèrement séparés par les mats en même temps qu'ils sont embrassés par la face vitrée, une autre arrête, puis le reflet de... Sylvia et Manuel ensemble.

Alors, un plan écho des deux amants quarante-sept ans plus tôt, au cap de Sagres, affleure : Manuel et Sylvia, côte américaine, moins lumineuse, mais cela reste l'océan, le ciel, et le Portugal, alors, comme à portée de regard. Ou Colomb. Ou les explorateurs. Ou tout ce qui a goût d'infini, de par le monde…

Deniers instants du film, Porto Santo : Sylvia et Manuel entrent dans la maison de Christophe Colomb. Avec l'ange. Avec
Luis Miguel Cintra… Toujours ce plaisir des retrouvailles, après Léonor Silveira, António Reis, José Pinto, et bien d'autres, cette dimension familiale du film - Manuel et Sylvia étant interprétés pour la période contemporaine par le réalisateur et son épouse -, et alors, pour beaucoup sans doute, ce trouble, dans le dernier échange du couple :

Manoel - Nous sommes en devenir permanent.
Maria Isabel - Le devenir, c'est la nostalgie.

Un instant encore, pour chanter la saudade, pour une dernière belle échappée entre ciel et mer, et pour la saudade encore… C'est fini… Et maintenant : il faut vivre.



Manoel et Maria Isabel de Oliveira


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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 20:00

Episode précédent : Il était une autre première fois... ou Trop tard




Cary Grant & Grace Kelly


 
Premier déménagement vécu de manière douloureuse… D'autres l'avaient précédé, mais : trop petit pour en avoir vraiment conscience ou avoir tissé des liens autre que mes parents, les familles lointaines, le cinéma.

Et le cinéma est partout : ça, je le sais. Ou : j'ai déjà commencé à le croire.  

Pour la première fois, j'habite dans une maison, en limite d'un bourg, encore à une époque, à une échelle, où j'ai appris à dire "Bonjour, monsieur" et "Bonjour, madame", à toute personne croisée dans la rue. Et puis, les voisins ont des enfants… Des enfants habitent tout près, le même âge que MOIJE, ou à peu près…. Accessibles… Je peux les retrouver facilement.

Ce qui compte : l'été approche, il y a du dehors à portée de main, et des mains avec lesquels s'attraper ou se chamailler, et tout cela est très poli. Nosferatu veille sur quelques-unes de mes nuits ; mais Belmondo et Delon semblent se relayer la garde de mon petit écran, ou alors Jean Gabin et Lino Ventura, Fernandel et Bourvil, De Funès et De Funès, et donc : tout devrait aller bien.

Mais je suis alors bien plus troublé par Ava Gardner, Clark Gable, Grace Kelly, Cary Grant…  Et ça assonne, et ça allitère drôlement, ce beau monde-là...



Ava Gardner & Clark Gable



Mes parents continuent de m'emmener au cinéma mais parfois : ils y vont seuls, ou avec des amis, le soir. Avec moi : l'après-midi. Ils ne savent pas que je flirte déjà avec les nuits blanches. Que je lis à la lampe de poche. Ne nous emballons pas, je ne lis rien d'important. Simplement : je n'ai pas sommeil. Déjà.

Quand mes parents sortent au cinéma : j'aime songer à ce que je ne vois pas encore et que je découvrirai un jour. Ils m'en parleront le lendemain. Je le leur demanderai. Une fois, ils vont jusqu'à voir un film avec Dorothée, et quelque part, quand même, c'est un comble !... Il paraît… Il paraît qu'elle est nue dans le film… Est-ce que je le crois ?...

Et puis un jour, ils vont voir quelque chose d'incroyable, qui ne leur ressemble pas du tout, un film qui a l'air très dangereux, très effrayant. Cela s'appelle L'Exorciste. Je crois que c'est avec une enfant. Et avant d'être un film, c'est STRICTEMENT INTERDIT AU MOINS DE DIX-HUIT ANS, et même - ou vivement déconseillé - aux femmes enceintes. Le truc incroyable, les gens reviennent épouvantés, et mes parents rejoignent les rangs des traumatisés.

Tiens… Parce que, papa et maman, ou maman et papa, ça ne vacille pas comme ça. Et là… Mais ils n'ont sans doute pas dit leur dernier mot. Ils vont recommencer.

Alors je vais pouvoir apprendre l'été, en compagnie des enfants, et les films les plus importants pour moi seront bien, pour la première fois, ceux que je ne verrai pas encore.



To be continued…

 

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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 21:00



Le Premier venu



La première scène m'aura inquiété : crainte de la laideur possiblement persistante de l'image vidéo, d'une écriture de dialogues aux angles trop saillants, d'une direction d'acteurs qui échoue…

Là, quand je ne cède pas à la fatigue ou à la paresse, je me rappelle : il faut recommencer. Comme cinq minutes plus tôt. Juste avant que la première image n'arrive. Quand on espère avoir laissé toutes les tentations de prêt-à-penser, comme de prêt-à-ressentir, dans la rue. Quand ça va commencer… Faire à chaque fois le vœu de pouvoir être avec.

Ce qui encourage, par exemple : sentir tout de suite les prises de risque. Je trouve que : en soi, cela ne sauve pas. Mais : pas si fréquent. Surtout dans la discrétion. Et dans la confiance. Des invitations : rien qui cherche à s'imposer.

Quelquefois, il me faut recommencer plusieurs fois, pendant un film, pour ne pas seulement me heurter à ce qui - on dit comme ça - me défrise (angoisse du temps perdu vu ma raideur capillaire innée).

Mais ici : la première fois aura été la bonne.




De certains regards...



Intense sentiment que Jacques Doillon fait vœu de liberté. Dès : l'écriture. Très vite, la liberté narrative me chavire… Devenue rare, aussi. Imprévisibilité de ce que chacun deviendra dans la scène suivante. Ce qui prend de court, et ce qui en donne à voir long, ne puise pas dans de sophistes artifices, et/ou des wa-waouh twists, mais : le simple retour des possibles. Le vivant en mouvement, en oscillations fluides. Avec pour garde-fou : le dos tourné à la facilité.

Dès la première scène - pour le coup -, la jeune femme incarne cela très directement, littéralement : maintenant, on va tourner le dos, définitivement, à la facilité. On va voir ce qui est possible. On va voir ce qui EST. Possible ?... L'autre versant de cette montagne surgissant soudain : la résurrection de l'autre. L'autre, si souvent oublié : ce grand inconnu, irréductible à une fonction, une action, un genre, une intrigue, comme au(x) regard(s) porté(s) sur lui.

Liberté, donc : des prémisses de l'écriture jusqu'au bout du tournage, dans sa nature même. Je crois, aussi, qu'il est une liberté qui n'affleure que dans un au-delà de la maîtrise. Pas avant. Celle-là que Doillon attend : il multiplie les prises pour ses scènes, énormément pour notre époque rationnalisée, quand, à l'image, on croit voir naître de purs "premiers instants". Imprévisibilité, profonde donc, de ce qu'il adviendra… dans le regard suivant.

D'autres approches me sont autant voire plus chères, et celle-ci semble suivie par de moins en moins de gens maintenant, je ne sais pas, mais, à mes yeux : quel beau film !... Il y a sans doute des accrochages, des ratages, voire des complaisances, mais surtout : des moments de grâce, de belles échappées, du souffle.

Dans une palette inaccoutumée, doucement et étrangement belle - gris, bleus, verts-, le film n'en finit pas de s'ouvrir, sous son soleil d'hiver. Fort de sa distribution admirable, il déploie sereinement ses plans séquences sans tentation du tour de force : dans l'accompagnement, chaleureux et inextinguible. Aller, comme on dit, au bout de la scène. Le plus loin possible en tout cas. Dedans. Là où l'on ne s'y attend… plus. Et regagner les visages, tous les visages, par vagues, les caresser, et reprendre du champ, et de la plage, et saisir ce moment : où la lumière n'est plus seulement affaire de " photographie ", mais d'incandescence des êtres.




Nature vive…

 

Gérald Thomassin est exceptionnel : à pleurer de reconnaissance(s). 



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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 02:30

Pensant que la photo ci-dessous peut parler même sans avoir vu Bamboo Blues de Pina Bausch, j'invite à cliquer sur celle-ci vers d'autres mouvements saisis par le photographe Laurent Paillier lors de spectacles du Tanztheater Wuppertal. D'autres artistes également à découvrir, en poursuivant la promenade sur son espace chez flicker.

Dans la foulée, je recommande aussi la visite de son site. A noter qu'à moins d'être professionnel dans certains secteurs, un petit code allopass - fort peu onéreux - permet d'accéder à davantage de photos. Rassurons-nous : je n'ai pas d'intérêt dans l'affaire, je ne connais pas monsieur Paillier, mais j'aime beaucoup les photos de spectacles et elles sont rares. Mon petit billet Questions… et Impressions... m'a conduit vers son travail : avis aux amateurs, donc.




Bamboo Blues - Pina Bausch

 
Je lis Planète Xanadu depuis quelque temps déjà. Dans un billet daté du 18 août, et faisant référence à la reprise de ce blog - qu'il avait arrêté -, l'auteur revient sur des questionnements qui travaillent à un moment ou un autre (tous ?) les blogueurs, et peut-être plus encore les diaristes. Chacun verra de quels questionnements il se sent proche, ou pas du tout : ce billet et le nouveau fonctionnement du blog témoignent, avec une belle honnêteté à mes yeux, de la cohérence sans cesse à reconquérir d'une démarche personnelle et ouverte à la fois.

Petit extrait, auquel le billet n'est absolument pas réductible : "J'écris pour le lecteur inconnu, tapi dans l'ombre et couvert de silence, celui qui me comprend toujours, mon ami invisible et muet. J'écris pour celui qui me ressemble quelque part de l'autre coté de l'océan numérique, j'écris pour mon alter ego potentiel... J'écris pour rien, j'écris pour personne, je jette des bouteilles à la mer avec l'espoir absurde que quelqu'un qui me respecte la trouvera, je sais que c'est idiot mais c'est comme cela, d'autres jouent au loto."



Vollmond



Diverses raisons donc, coïncidant chronologiquement, à ce petit impromptu… La dernière résulte d'une période de relative disette cinématographique (entendre par là un enchaînement "malheureux" au hasard de mes visionnages désordonnés, et non une calomnie sur les sorties ou reprises actuelles) : ainsi ai-je pu prendre le temps de finaliser une présentation un peu plus stimulante et/ou éclairante des liens proposés dans ce blog. On peut s'y rendre par ici. Pour autant : tortue j'étais, tortue je reste… je le crains, mais ne le nie point :-)

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16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 04:11


Kôji Yakusho par Kurigami Kazumi


Toujours beaucoup de films que j'ai envie de voir… Et encore pas mal d'autres que je pars découvrir… 


Mais : attendent parfois ceux que j'oublie presque obstinément. Peut-être : une simple question de moment. Aussi : comme s'il fallait inventer un désir, afin de  commencer. Ainsi : je n'ai pas vu les films de Kiyoshi Kurosawa, et serais bien en peine de dire pourquoi…

Tout à coup, je réalise : ce metteur en scène travaille souvent avec Kôji Yakusho…

L'homme de l'Anguille et De l'eau tiède sous un pont rouge : cet acteur* qui m'avait singulièrement impressionné et attendri à la fois. Tellement hâte de revoir ces films-là…

Alors : j'ai tant envie de voir les films de Kiyoshi Kurosawa.




Retribution de Kiyoshi Kurosawa
 


* … que nombreux auront aussi pu voir dans Babel, voire Mémoires d'une Geisha… et quelques-uns dans Eureka...



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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 01:45


Aguirre, der Zorn Gottes



Plan prodigieux, dès l'ouverture, qui glisse à flanc de montagne et se laisse peu à peu approcher - gagner ?  - par une expédition insensée de conquistadores… 

Rugissements du perpétuel écoulement d'un fleuve qui se met à chuchoter, laissant jaillir le silence quand soudain la jungle se tait…

Etrange bateau rêvé à la cime d'un arbre, ou cheval lentement englouti par la jungle…

Ahurissantes séquences finales de cette agonie ad libitum, où des singes pullulent en cellules sur les déchirures d'un radeau…

Je trouve que : déjà de quoi être, oui, médusé, tant bien même ma sensibilité m'attire vers d'autres rives. Et, tant encore… Ce film d'un peu plus de trente-cinq ans, littéralement extra-ordinaire, est revenu secouer quelques écrans de France depuis le 9 juillet…



un film de Wener Herzog



Le film ne relaterait qu'une tentative de conquête espagnole au XVIème siècle : cela pourrait suffire, avec ses lots d'avidités ambitieuses, de matérialisme triomphant, de religion aveugle et obscurantiste, de barbaries vulgaires ou sophistes… Cela pourrait suffire à rappeler beaucoup.

Mais c'est l'Eldorado - itself ! - qui est ici convoité… Alors, outre les figures coutumières du "petit pouvoir deviendra grand" - et génocidé qui mal y pense -, émerge nécessairement la figure d'un Aguirre. Puisqu'à l'inaccessible, Aguirre est tenu.

La mégalomanie vénéneuse d'Aguirre transpire dès l'ouverture. Le déroulement du film n'est que le déploiement de celle-là, au fur et à mesure de la ruine collective. La déchéance et la démesure inaugurent le film et nourrissent une spirale inflationniste jusqu'à - au-delà de ? - l'enfer absolu du final : un grand rêve aryen... César ne règne que par l'espérance…  De tous ceux qui rêvent d'être César… Et les " héros " ne se distinguent peut-être des Aguirre que parce qu'ils n'ont pas - encore ? - échoué… Sommes-nous tous ego, et certains un peu plus que d'autres ?…

Mais encore : à quel moment, les possibles de la grandeur et du sublime de l'être humain, dans l'affirmation de sa liberté, dans la vitalité de son face à face conscient avec la mort, à quel moment tout cela devient-il malade et peut-il basculer dans l'horreur ?... Dans l'anéantissement… La force trouble et obsédante de ce film peut aussi se nourrir du vertige de sa réalisation même. Le chemin d'Aguirre ne saurait surprendre mais il génère d'autant plus l'effroi que la quête hors-norme de Werner Herzog lui-même nous évite les pièges de la bonne conscience à peu de frais : Herzog parti, avec sa caméra volée, sans story-board ou assimilé, confronter l'Amazone à ses désirs ; enrôlant Klaus Kinski si sciemment choisi ; s'accommodant, avec une équipe technique plus que réduite, de conditions de sécurité discutables - ou pas, TOIQUIVOIS - ; prêt à mourir plutôt que de ne pouvoir terminer son film comme le veut la légende… Herzog parti questionner le vertige… l'étreindre ?…   

Dans son combat, Werner Herzog aurait donc tenu bon la barre. Il en rapporte une œuvre duale à souhait : documentaire et onirique, misérable et somptueuse, envoûtante et répugnante, épique et dérisoire, démente et maîtrisée… Héroïque ?



avec Klaus Kinski


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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 00:00

Tout d'abord, je me permets de reposer ici la question de Claude, dans l'espoir que quelqu'un puisse lui répondre plus heureusement que moi. Mais : merci, Comprendre. Et : merci d'avance, donc.

"Connaissez-vous un film sur l'identité nationale ? Du genre d'un parcours de personnes qui recherchent dans leurs racines ce qui fait ce qu'ils sont sans pour autant nier que cela change avec le temps et que l'aujourd'hui de leur identité se révèlent par leurs racines mais aussi par le nouveau contexte dans lequel ils vivent. Un peu du genre mouton à cinq pattes mais dans le 7° art... pourquoi pas…"

Rappel : Claude n'emploie ce concept d'identité nationale que parce qu'il est de tristes circonstances.

Le film de Pedro Costa fait vivre des interrogations proches, mais pas exactement cette question-là dont j'imagine pourtant les réponses nombreuses… J'en profite ainsi pour signaler que Juventude Em Marcha est repris une fois par semaine depuis un mois maintenant. Merci, tout de même, le MK2 Beaubourg.

Depuis un mois… Et : sans transition… It's D&D, bitch... I see you… And I just wanna dance with you…



Daniel Okulitch alias Seth Brundle


Je ne sais pas vous, ou pas tous, mais perso : ça va franchement de travers, à tous les niveaux ou presque. Et : ça dure… Bien sûr : ça va passer. Ne m'en sors pas encore, mais tiens debout et tente d'opter ;-) à ma manière, déraisonnable… Je m'offre quelques respirations, financièrement insensées - alors déjà ce que je m'inflige me distrait de ce que je subis : ça me sauve, un peu. Beaucoup.

D'autant plus que - We keep on rockin' -, en trois titres : Bamboo Blues, The Fly et Purgatorio

Sans oublier que : je suis encore dans mon au revoir avec No Country for Old Men, tiens, il repasse au Max Linder, de-ci, de-là, ce serait bien, ça…

Je recommence… We keep on rockin'

"Chaque individu de Castalie, chaque Castalien devrait connaître seulement deux buts et deux idéaux : réaliser la plus grande perfection possible dans sa spécialité et lui conserver sa vie et son élasticité, conserver les siennes aussi, en gardant sans cesse présent à l'esprit ce qui lie cette discipline aux autres, et crée entre elles toutes une amitié profonde."



Bamboo Blues


Dans cette partie de carte avec l'adversité et mon pire ennemi - alias MOIJE, ben oui, comme tout le monde -, belote : quelle belle après-midi passée en compagnie de Pina Bausch et sa troupe, quel plaisir des retrouvailles… Trop longtemps que je n'avais pu voir une œuvre du Tanztheater Wuppertal.

Quelle joie aussi de pouvoir y inviter mes parents, pas venus à Paris depuis huit ans, et qu'ils puissent être heureux de découvrir ce spectacle, d'apercevoir cet art qui leur est encore plus étranger qu'à moi, et que : quelque chose passe… Feels like the crowd is sayin'

J'en avais les larmes aux yeux tant cela faisait longtemps, déjà, que je n'avais pu voir tant d'exigence, et délivrée sans ostentation, sur un plateau. Non que cela n'existait pas, sans doute, mais le hasard (des disponibilités) et la nécessité (financière) m'avaient cantonné ailleurs.

"Ce deuxième idéal, l'idée de l'unité interne de tous les efforts spirituels des hommes, l'idée de l'universalité, a trouvé son expression parfaite dans notre Jeu illustre. Il se peut qu'à certaines époques il soit nécessaire au physicien, au musicographe ou à tout autre homme de science de s'en tenir rigoureusement, ascétiquement à sa spécialité, et qu'un renoncement à l'idée de la culture universelle favorise sur le moment le tour de force particulier qu'il accomplit."

Alors je ferme les yeux, et persiste le ballet impossible et possible des hommes et des femmes. Le sourire me revient quelques instants. Oui, cette légèreté qui embrasse toute la palette du vivant, étrangère à toute désinvolture, oui, cette légèreté-là… Oui.



The Fly


Rebelote, dans les quinze jours qui suivent, avec la création mondiale de The Fly, l'opéra, au Théâtre du Châtelet. Howard Shore à la partition, David Cronenberg à la mise en scène : raisons de ma présence, et en orchestre… Aussi saurai-je bientôt si mon banquier est mélomane.

Bien trop puceau en musique contemporaine, et plus encore en Opéra, pour être simplement capable d'appréhender la totalité de la proposition, j'ai donc surtout vogué entre le sur-titrage, la mise en scène ou tout ce que mes yeux pouvaient étreindre, et l'interprétation. Le premier acte fut une jouissance presque inattendue. Au final : grand bonheur. Bet you didn't see this one comin'… 

"En tout cas, nous, Joueurs de Perles de Verre, nous ne devons jamais approuver ni pratiquer cette limitation et ce narcissisme, car notre tâche est précisément d'être les gardiens de l'idée de l'Universitas Litterarum, de son expression suprême, notre noble Jeu, et de les préserver sans cesse de cette propension des différentes disciplines à se contenter d'elles-mêmes. Mais comment pouvons-nous préserver ce qui ne souhaiterait pas l'être ? Et comment pouvons-nous obliger l'archéologue, le pédagogue, l'astronome, etc., à renoncer à se cantonner dans sa science particulière et à ouvrir sans cesse ses fenêtres sur toutes les autres disciplines ?"

Si le cœur vous en dit, séance de rattrapage le 2 août sur France Musique à 20h : mes petites oreilles pourront alors se tendre davantage vers la partition (apparemment souvent tièdement accueillie).

Particulièrement impressionné par le jeu et la présence de Daniel Okulitch. Et vive le Canada !



Purgatorio


Dix de der', dans les mêmes délais, aux abords du Purgatoire de Roméo Castellucci, dont c'est le premier spectacle que je découvre… Je ne saurais totalement dire si cela me plaît, tant cela semble à des années lumières de ma sensibilité (mais peut-être seulement en surface, ou par moments). En tout cas, je suis avec, ça, je le sens, et bien que : vraiment, dérangé, comme cela m'arrive plus que rarement.

"D'autres siècles se sont réfugiés dans l'union de l'esprit et de la religion, de la recherche et de l'ascétisme […]. Ici, c'est par la méditation, par la pratique des multiples degrés du Yoga que nous cherchons à exorciser la bête tapie en nous et le diable qui niche dans chaque science. Or, vous le savez aussi bien que moi, le Jeu des perles de verre a aussi son diable qui le hante ; ce jeu peut conduire à une virtuosité creuse, au narcissisme des vanités d'artistes, à l'arrivisme, à l'acquisition d'un pouvoir sur autrui et par là même à l'abus de ce pouvoir."

Je suis tellement heureux que ce spectacle existe.

Je suis tellement heureux que cela soit possible. Ah, you gonna have to remove me… Cause I ain't goin' nowhere… Certains s'indignent du coût de ce spectacle. Quel horizon nécessaire pourtant, à mes yeux, que l'argent puisse être perdu par nous. Œil pour œil, pour une fois. Quelque chose comme ça. Plus sérieusement : quand il sert tant d'audace. Stupéfiants comédiens. Extraordinaires de présence et d'intensité vraies. Jamais dans la démonstration ou la performance.

Bien sûr, cela demande beaucoup, cela demande sans limite : quelle réconciliation profonde quand un artiste fait confiance à ce point, et, à mes yeux, sans complaisance, à qui se tourne vers son oeuvre. Ce respect des spectateurs… Quel travail… Quelle formidable proposition…



Jeff Goldblum alias Seth Brundle


"C'est pour cela que nous avons aussi besoin d'une autre éducation que de celle de l'esprit, et que nous sommes soumis à la morale de l'Ordre, non pour échanger la vie active de notre esprit contre une existence végétative et rêveuse de notre âme, mais pour être capables au contraire des plus grands exploits intellectuels. Nous ne devons ni fuir de la vita activa dans la vita contemplativa, ni inversement, mais faire alternativement route vers l'une ou vers l'autre, être chez nous dans chacune d'elles et participer à toutes deux."… Toujours, oui, le Jeu des perles de verre, toujours à mes côtés, aussi. C'était amusant, aujourd'hui, que les quelques pages relues fassent tant écho au bon versant de la trentaine de jours passée.

Voilààààà, c'est fini… Il ne s'agissait que d'être un peu reconnaissant envers ces spectacles vivants, providentielles perfusions depuis un mois… Et bien plus que ça.

J'espère maintenant revoir le film de Cronenberg, puisque la création de l'opéra a inspiré sa reprise… Histoire de continuer à saboter la haine… Dedans et dehors…

Gimme gimme more


Et pouvoir tenir tête, hors de l'eau, gimme more, je vais rassembler mes petites forces encore, et pouvoir continuer à encaisser, gimme gimme more. Et : oui, avec Britney, aussi, je danse… et bla bla bla qui mal y pense :-)





(mon film Grindhouse préféré)



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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 01:30

Dernier retour sur No Country for Old Men, ***SPOILERS*** compris, cette fois… Impressions persistantes…



Ne pas jouer...



Cela peut-être quoi, aussi : mettre en histoire et en scène un personnage de tueur en série ?... Poser la question nue de l'empathie. De sa possibilité. Du moment où cela, peut-être, devient impossible. La figure du tueur en série interroge - en tout cas dans certaines fictions - la limite de l'universalité.

C'est quoi : croire que l'on peut - un tant soi peu, à peine peut-être, mais quelque chose - comprendre l'autre ? Un terreau commun. Au fond. Sans nier l'altérité, est-ce qu'il y a quelque chose à partir duquel je peux reconnaître ? Même si… l'horreur. Même si Hitler.

Il faut dire d'où l'on parle - une de mes croyances - pour délivrer ses propres approches. Je parle de l'endroit où des gens croient qu'il y a quelque chose de commun. Dans cet endroit où vivent les actrices et acteurs que je préfère : qui interprètent un rôle, non sous l'angle privilégié d'une autre vie à "performer", mais dans la recherche première de l'autre en eux. En quoi l'autre est eux, aussi.

On peut croire tout à fait le contraire. Comme on peut croire que la violence n'appartient qu'à d'autres, etc. … Ce n'est pas ma croyance.

Je recommence.



Where art thou ?...



L'espace du film est le déploiement d'un jeu, peut-être le plus légitime, car le plus originel, et celui qui se fonde sur une altérité radicalisée : la chasse… Ce ne sera que du temps qui lacère visages et terre, tandis que l'on tente de le tuer. Que du mouvement de survie, du jeu à tenir debout, encore. Il n'y a pas de héros. Mais : des chasseurs et/ou des proies. Voir, entendre, sentir et/ou être vu, entendu, senti. Les deux en même temps ?

Autant dire que je ne suis pas un expert de la chasse : impression formidable - erronée, vu mon ignorance ? - que la mise en scène nous plonge au cœur de : se cacher, se découvrir, traquer, être traqué, déceler les traces, en laisser… Les hommes - les vivants et les morts -, les animaux, les objets… Des histoires de surfaces, d'œil, d'oreille : des histoires de cinéma. Quelque chose comme ça. Et : qui visent le présent… à le rendre tangible.

Toutes les scènes de chasse me comblent, avec un vertige particulier pour celle qui s'inverse - scène exactement située au centre du film - entre Chigurh et Llewelyn, passant par une perte fugitive mais totale des repères : climax d'une violence souveraine, et tout à coup, vers l'abstraction, qu'est-ce qui se passe ?, d'où ça tire ?, ne plus rien (sa)voir… L'autre n'est plus résumable au pôle opposé, ne se distingue plus assez : terreur, dans la chasse...

Se rappeler comme la survie de Chigurh s'assure aussi par cette maîtrise (ou par cette essence) : ne pas laisser de traces… Do you see me…  L'homme qui tire sans balle… Rien… Ce n'était rien… Il ne s'est rien passé… Un corps est tombé… Presque tout seul.

Et chasser, aussi : évacuer, faire partir, tenter de faire disparaître. Et je peux jouer à : Llewelyn chasse l'avenir (/traque) et le passé (/évacue) ; le Shériff chasse le passé (/traque) et l'avenir (/évacue) ; Chigurh chasse doublement le présent, figure démesurée de présent pur ET son impossibilité. Du sang qui coule au sol : déjà du passé. Du présent qui voudrait durer. Alors Chigurh lève les pieds. Et cela signera une autre fin…



Un homme là et pas là…

   

Un autre jeu glace le film en contrepoint de la chasse… Pile ou face ?... Et finalement, quelqu'un qui reste en vie : c'est amusant ?... Entendre le changement radical de ton de Chigurh sur la fin de la scène à l'épicerie. Est-ce que Chigurh ne re-donne pas la vie (autant qu'il peut l'annuler avec ce jeu) ?... Call it… Ou assiste simplement à une naissance ? Est-ce qu'il attend qu'on la lui rende ? Pas : la monnaie de sa pièce. Mais : insondable beauté de l'accident de voiture.

Voilà ça y est, confirmé, redit : c'est le quart d'heure de folie de D&D.

Comme si Llewelyn, dans sa première scène, avait blessé le chien, montage… Alors que ce n'est pas lui, nous l'avons vu, de nos yeux. Mais ça va venir… La survie transmue chacun en tueur, peut-être pas en série… mais le Vietnam est tapi.

Qu'est ce que je raconte ? Le geste répété : c'est deux mains que séparent un billet. Etre à deux doigts de l'autre, mais contact direct impossible. Etre dans une transaction qui n'en finit pas de mal se passer. 

My mind wanders…



 … ou barbarie ?…



A propos d'être à l'Ouest - où, en effet, rien de nouveau, mais quel trait direct, sec et beau -, je m'étonne du mode sur lequel de nombreux spectateurs ont exprimé leur décontenancement (pour le moins) face à la fin du film. S'il y a bien quelque chose que je trouve brillant… A partir de : le dernier massacre… Et le Shérif qui arrive juste après - un tantinet trop tard -, et nous avec : ce moment où les deux sources d'identifications entretenues pour le spectateur vont se couper. Alors qu'elles se croisent pour la première fois, ces deux sources se tarissent. Llewelyn, c'est net. Le Shérif, une agonie.

Fausse piste, à mes yeux - peut-être écho réel au livre, je ne l'ai pas lu - que celle d'un parcours réactionnaire. No Country for Old Men... Le monde serait devenu si violent, tant de valeurs auraient été perdues, que ceux qui en avaient - en tout cas celles-là -, ne peuvent plus y vivre ?… Je trouve que : bien plus complexe et plus poignant que ça. Dans ce film dont l'histoire s'effeuille, en ouverture et en clôture, dans l'après d'un carnage.

Alors je continue, depuis le début…

Une parole est enregistrée, celle du Shérif en fin de parcours, et traverse tout le film : son questionnement inquiet… L'inquiétude du Shérif deviendrait la raison de son renoncement... Or, ce n'est qu'un alibi : la scène de dialogue avec le vieil Ellis qui rappelle que l'horreur, celle sur laquelle le Shérif bute, a toujours existé,.et son beau dén(o)u(e)ment sur la "vanité "…

Le parcours du Shérif a commencé sur cette prière - celle qui clôt l'extrait vidéo de mon premier article - : ne pas affronter quelque chose que je ne comprends pas… Mais la question se déplace : est-ce que je ne peux plus soutenir parce que je ne comprends pas ? Ou : est-ce que je ne comprends pas parce que je ne peux plus soutenir ? Parce que je ne peux pas reconnaître, même embryonnaire, ce possible-là, au plus profond de moi, parce que j'ai peur, et je ne peux soutenir cette peur, parce que mon père est mort, il est devenu mon enfant, personne ne pourra jamais plus me consoler, me protéger…




Trou d'air...



Cette dernière scène du film, le Shérif qui raconte son rêve, m'apparaît en échange remarquable entre ce hors champ du rêve et le regard de sa femme en face. Qui fait face. Et est avec. Pas qui est en face et fait avec !… Ne pas refaire trois pages sur la manière dont ce film décrypte la maison des hommes et comment deux femmes, presque à la place que ces histoires et ces sociétés leur assignent, incarnent malgré tout, absolument, la maturité et la résistance…

Par-dessus tout : Carla Jean… Ce qui l'emporte, je trouve, dans ce monde d'hommes, filmé comme tel : le plus beau personnage, finalement, c'est elle. Ce n'est pas aux côtés du Shérif, ni même de Llewelyn, que le film propose de nous emmener, mais : Carla Jean. Ou : c'est les deux. TOIQUIVOIS. Mais la liberté, la révolte et la pensée : elle, de son côté.

Alors : est-ce qu'il y a un endroit pour vivre, entre la chasse au mammouth et la résignation totale à l'absurde ou au principe supérieur (les deux flirtant joyeusement chez Chigurh) ?

Il n'y a que ça. Il n'y a qu'à : vivre. Etre là. Dans son propre vivant et son environnement. Et sans légitimer la force de ces femmes par leur fonction matricielle - tandis que les hommes chassent. Elles n'existent pas, ici, en tant que mères. Et c'est une bonne nouvelle. Aussi.

Même si… C'est une aube magnifique et terrible. Et, vraiment : ce pays n'est pas pour les enfants.



Une filmographie en 11 temps, et semble venir…



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6 juillet 2008 7 06 /07 /juillet /2008 21:59

D'abord, MOIJE dirais que c'est l'exception qui confirme la règle. Parce que ma règle, dans cette catégorie de billets, c'est : autre approche - et strictement cinématographique -, que les liens, des affinités électives… Mais cette catégorie-là, pour l'instant… elle n'en a qu'un de billet ! Ben oui, forcément, vu mon rythme de publication, ça ne déborde pas encore de partout. Qui m'aime bien me fera confiance : en vérité, je vous le dis, c'est l'exception. Donc : ce n'est pas rien !… De quoi ça cause dans le poste ?

Il était une fois un livre à la première personne du tellement singulier qu'il faudrait être aveugle - déni de réel, quand tu nous tiens - pour ne pas s'y reconnaître soi-même… par-ci…  par-là… partout ?... Il était une fois l'aventure d'une bloggeuse… d'un blog… des blogs… de ceux qui les lisent… les mêmes ?... Et qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir dire sur nous, cette aventure ?...

Chacun verra midi à sa porte, en tout cas Nicole Versailles vient l'ouvrir : lucide, précise, drôle et résolument… confiante.

Parce que : cela fait trois ans qu'elle fait sacrément vivre son blog, Nicole, et elle y tient. Je veux dire que : ce n'est pas parce qu'elle a perdu son anonymat, ou parce que le succès a ses pièges et ses à-côtés éreintants, ou même parce qu'elle est maintenant publiée qu'elle va cesser (de tout cela aussi, il est question). Ben non.

Le blog : elle y croit.


Depuis mars en Belgique, et juin en France...


Il est temps de préciser que ce billet n'est pas destiné à contrôler qui de mon vaaaaaste lectorat prend le soin de jeter un œil à mon éclectique - car je suis Délicieux&Diversifié, n'est-il pas ? - sélection de blogs…

Il est temps de le faire parce que quand même (mais ma légendaire mansuétude t'absout si tu ignores encore ce fait) : c'est le premier bouquin publié de COUMARINE ! Et Coumarine, cela fait près d'un an, déjà, que nous faisons heureusement connaissance - "virtuellement" s'entend -, et en tout cas, perso, je ne m'en remets pas. Coumarine, pour moi : c'est dans la catégorie "Chapeau bas".  Et tu le sais peut-être déjà.

Alors pour en savoir, beaucoup, beaucoup plus, il faut aller voir par ici - dans la rubrique "mieux vaut s'adresser à Dieu qu'à ses saints" -,et puis aussi, si tu n'as pas un bon libraire à portée de promenade, viens regarder par là, ou bien , et sûrement maintenant dans plein d'autres endroits : TOIQUIVOIS.

Comme je suis l'homme de tous les retards, j'avoue que le deuxième livre de Coumarine est déjà disponible en Belgique et qu'il s'annonce - car j'en "connais", MOIJE, des gens qui l'ont déjà lu aussi celui-là - fort différent. De même que je trouve le premier globalement fort différent des textes du blog : Petites paroles inutiles, donc. De même que les textes du blog offrent d'appréciables variations de styles, de sujets, d'approches, et j'en passe, mais jamais ne m'en lasse, et toujours je la reconnais : oui, le lecteur intelligent aura compris qu'avec Coumarine, je ne m'ennuie jamais. Le lecteur très intelligent ne le prendra pas de travers à se demander si avec lui je m'ennuie parfois : ce n'est pas késkejédi. Cette digression n'est qu'un exemple des subtilités tendance "panier de crabes" (indémodables, se portent aussi bien printemps/été que automne/hiver) que Nicole Versailles - tout le monde suit ? - épingle, sans cynisme et sans s'épargner, dans Tout d'un blog.

Mais de quoi parlais-je avant d'avoir le toupet de me couper la chique ?...  Du second livre que j'attends avec encore plus d'impatience ! Rappel aux bien mauvaises langues qui auraient la tentation de siffler ici : oui, un escargot peut être impatient. Autant dire que je crois joyeusement que cette rubrique connaîtra une nouvelle exception.



J'AI PAS (TOUT A FAIT) FINI



PS : le lecteur suprêmement intelligent et qui, dans bien des cas - je ne dis pas tous ! -, aura déjà lu Tout d'un blog avant moi, aura compris que je tentais de m'attacher ici à une forme d'humour "made in blog". Et ce même lecteur - TOI, évidemment - d'en déduire, ou de se rappeler, que le livre aborde ce sentier - cette rivière ? j'te kiffe grave, la "Petite sardine" ;-) -, aussi facétieusement que mille et un autres.

PPS : le lecteur incroyablement attentif - et que j'aide volontiers un peu, parce que je ne suis moi-même qu'attention et gentillesse - remarquera que ce billet ouvre la deuxième année de ce blog incroyable dont j'ai l'insigne honneur d'être le serviteur. "Lâchez vos comm's" ?

PPPS (pour l'occase, quand même, je vise mon record de PS) :
Lecteur de blog(s), je mets le "s" entre parenthèses car même ma modestie incomparable ne peut me faire oublier qu'ils sont légion, ceux qui ne peuvent se satisfaire que du mien : CE LIVRE EST POUR TOI.
Futur bloggeur, rien ne t'empêchera de faire les erreurs que tu dois faire - de rien, ma sagesse t'en prie -, mais comme tu ne pourras pas les faire toutes - quoique - : CE LIVRE EST POUR TOI.
Bloggeur, que tu débarques, que tu sois un ancien de chez les anciens, entre les deux, ou même ailleurs, il est toujours précieux de faire un point sur la mise, pardon, de faire une mise au point : CE LIVRE EST POUR TOI.
Blog-addict (sous quelque forme que ce soit) : ce livre devrait t'être prescrit, parles-en à ton médecin.

Ce livre est uniquement déconseillé à ceux qui ont besoin de croire dur comme fer que les formes d'expression à la première personne se résument à des actes narcissiques improductifs ignorant autrui, le monde et leur(s) père(s). Gageons qu'il n'y a pas trop de ces généreux et libres penseurs sur ces pages… Ou alors je parle vraiment chinois, et c'est sûrement un atout pour l'avenir.

PPPPS : euh... non... rien, c'est simplement parce je suis drôle.


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